Une organisation étudiante d’Oxford décrète qu’Israël est un État « d’apartheid » auteur de « génocide »
Oxford Union a voté cette motion par 278 voix pour et 59 contre ; Yoseph Haddad, activiste et orateur arabo-israélien, a été expulsé avoir qualifié le public de « partisans du terrorisme »
Le débat ô combien polémique organisé par l’Oxford Union sur la question de savoir si Israël est un « État d’apartheid coupable de génocide » a donné lieu à des invectives entre orateurs et participants jeudi.
L’événement s’est déroulé sous haute sécurité et des manifestants s’étaient massés devant le bâtiment.
À l’issue du débat, l’organisation étudiante a adopté la motion « Cette Chambre estime qu’Israël est un État d’apartheid coupable de génocide », par 278 voix pour et 59 contre.
L’Oxford Union est une organisation étudiante située à Oxford, en Angleterre, presque intégralement composée d’étudiants de la prestigieuse université, considérée comme l’une des meilleures dans le monde.
Le débat qui s’est tenu jeudi a réuni plusieurs intervenants de tout premier plan de toutes sensibilités, à commencer par les pro-Israël Natasha Hausdorff, avocate britannique, Jonathan Sacerdoti, journaliste britannique chargé de couvrir le Royaume-Uni et l’Europe pour i24 News, ainsi que l’activiste arabe israélien Yoseph Haddad et l’ex-membre du Hamas devenu espion pour Israël, Mosab Hassan Yousef.
Le politologue américain et militant anti-Israël, Norman Finkelstein, l’activiste et auteur israélo-américain Miko Peled, l’auteure américano-palestinienne Susan Abulhawa et Mohammed El-Kurd, un écrivain et poète palestinien, ont plaidé contre Israël.
Selon le journal étudiant de l’université d’Oxford, Cherwell, le débat a donné lieu à d’intenses chahuts et confrontations : dans le public, quelqu’un a traité Sacerdoti d’« enfoiré et de dingue » et de « maniaque génocidaire » lorsque le journaliste a pris la parole.
Absolutely packed tonight at the Oxford Union Society debate and hundreds outside. pic.twitter.com/aVQv239oq4
— James J. Marlow (@James_J_Marlow) November 28, 2024
Selon Cherwell, toujours, Peled aurait dit lors du débat : « Ce qui s’est passé le 7 octobre n’est pas du terrorisme – ce sont les actes héroïques d’un peuple opprimé » et demandé la création d’un État palestinien « du fleuve jusqu’à la mer ».
La guerre à Gaza a été déclenchée par le massacre commis par le Hamas, le 7 octobre 2023, au cours duquel 3 000 terroristes se sont introduits en territoire israélien en passant par la terre, l’air ou la mer, pour tuer 1 200 personnes et faire 251 otages – pour l’essentiel des civils – dans un climat d’extrême brutalité émaillé de multiples agressions sexuelles.
Pour sa part, Abulhawa a dit « être venue parler directement aux sionistes : nous vous avons laissé venir chez nous lorsque les pays qui étaient les vôtres vous ont chassés. Vous avez tué, volé, brûlé et pillé nos vies, vous nous avez planté un couteau dans le cœur. »
Le poète palestinien El-Kurd a pour sa part affirmé que le sionisme était « irrécupérable et indéfendable » et que si l’organisation étudiante votait pour qualifier Israël d’État d’apartheid auteur de génocide, « cela serait le signe qu’elle se met au diapason de la majorité qui, à travers le monde, fait preuve de clarté morale. Il était temps, 70 ans plus tard. »
Opposé à cette motion, Haddad a été expulsé de la chambre pour manquement à l’étiquette pour après avoir traité le public de « partisans du terrorisme », lorsque sa plaidoirie a été interrompue par des huées. Alors qu’on l’escortait vers la sortie, l’activiste arabo-israélien a mis un t-shirt revêtu d’une photo du chef du Hezbollah assassiné, Hassan Nasrallah, assortie de la légende : « Votre terroriste est mort ».
Arab-Israeli activist Yoseph Haddad was kicked out of an Oxford Union debate on Thursday as speakers debated a motion titled, “This House Believes Israel Is an Apartheid State Responsible for Genocide.” pic.twitter.com/XnO5bJCW6I
— Middle East Eye (@MiddleEastEye) November 29, 2024
L’intervenante pro-Israël Hausdorff a qualifié ce débat de « moment sombre de l’histoire de l’Oxford Union » et affirmé que l’accusation de génocide portée contre Israël était une « insulte contre les vraies victimes de génocide ».
Yousef, le fils aîné renégat du cofondateur du Hamas, devenu militant pro-Israël, aurait pour sa part déclaré :que « les Palestiniens sont le peuple le plus pathétique de toute la planète Terre » et ajouté que les Palestiniens sont « une fausse identité »
À l’issue du débat, l’organisation étudiante a voté en faveur de la motion par 278 voix contre 59 pour qualifier officiellement Israël de régime d’apartheid génocidaire.
Ce n’est pas la première fois que cette organisation étudiante débattait de façon houleuse à propos d’Israël. En 1962, déjà, elle avait débattu pour savoir si « la création de l’État d’Israël était l’une des erreurs majeures de ce siècle ». Des dizaines d’années plus tard, les étudiants se demandaient encore si, comme l’unique une motion de 2008, « cette maison croit que l’État d’Israël a le droit d’exister ».
Au fil des ans, les membres de cette organisation ont massivement soutenu des motions accusant les partisans d’Israël « d’étouffer le débat occidental ».
Pour autant, les militants anti-Israël n’ont pas systématiquement eu gain de cause. En 2015, par exemple, l’avocat américain Alan Dershowitz a remporté un débat sur la question de savoir si le mouvement BDS contre Israël était une erreur.
Deux ans avant cela, l’organisation étudiante avait écarté une motion affirmant qu’Israël était « un atout pour le Moyen-Orient » : les étudiants pro-Israël s’étaient, à l’époque, réjouis de cette défaite d’une courte tête, estimant que le fait d’« obtenir près de 40 % de soutien pour Israël dans une université britannique, à notre époque, est un triomphe ».