US: Adoption d’une résolution républicaine pro-Israël pour réprimander les Démocrates
Neuf députés ont voté contre le projet de loi en réponse aux critiques de Pramila Jayapal, alors que d'autres Démocrates dénoncent la politisation de la question
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

WASHINGTON – La Chambre des Représentants des États-Unis a adopté mardi à une écrasante majorité une résolution symbolique réaffirmant son soutien à Israël. Cette résolution avait été présentée par des parlementaires républicains et constituait une réprimande implicite à l’égard d’une Démocrate de premier plan qui avait qualifié le pays « d’État raciste » avant de présenter ses excuses.
« L’État d’Israël n’est pas un État raciste ou d’apartheid. Le Congrès rejette toutes les formes d’antisémitisme et de xénophobie, et les États-Unis seront toujours un partenaire et un soutien indéfectible d’Israël », peut-on lire dans la résolution qui a été adoptée à l’unanimité, par 412 voix « pour », 9 « contre » et une abstention.
Le vote a eu lieu alors que le président israélien Isaac Herzog se trouvait à Washington pour rencontrer le président Joe Biden et d’autres représentants de l’administration, et qu’une poignée de Démocrates progressistes prévoyaient de boycotter le discours qu’il doit prononcer mercredi devant les deux chambres du Congrès.
La résolution ne mentionne pas nommément la représentante de Washington, Pramila Jayapal, mais elle a été avancée quelques jours seulement après qu’elle eut critiqué Israël et son traitement des Palestiniens lors d’une conférence tenue samedi.
Jayapal, présidente du Congressional Progressive Caucus, qui compte 100 membres, est revenue sur ses propos le lendemain, insistant sur le fait qu’ils visaient le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et non l’État juif en tant qu’entité.
Mais le représentant républicain August Pfluger a fait avancer la résolution avec le soutien du président de la Chambre des Représentants, Kevin McCarthy, qui cherchait ostensiblement une occasion de diviser les Démocrates sur cette question.

Les Démocrates Jamaal Bowman, Cori Bush, Andre Carson, Summer Lee, Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar, Ayanna Pressley, Delia Ramirez et Rashida Tlaib ont sans surprise voté « contre », tandis que leur collègue progressiste Betty McCollum a émis la seule abstention.
Parmi ceux qui ont voté « pour », on trouve Jayapal elle-même, ainsi que plusieurs Démocrates progressistes habituellement très critiques à l’égard d’Israël, tels que Raul Grijalva et Chuy Garcia.
Presque tous les « contre » étaient des membres du groupe progressiste, dont cinq ont également annoncé leur intention de ne pas assister au discours de Herzog lors d’une session conjointe du Congrès mercredi.

Parmi ces cinq personnes se trouvait Tlaib, qui s’est opposée à la résolution avant le vote.
« Israël est un État d’apartheid », a déclaré Tlaib, citant plusieurs groupes de défense des droits, y compris israéliens, qui sont parvenus à cette même conclusion. « Le gouvernement est profondément problématique dans la façon dont il procède dans la structure de l’oppression. »
Une grande partie du discours de Tlaib a été émaillée de citations mal attribuées et de demi-vérités, ainsi que d’une affirmation manifestement fausse selon laquelle Herzog s’oppose aux « mariages inter-raciaux », sur la base d’une déclaration qu’il avait faite dans laquelle il avait déploré que des Juifs se marient en dehors de la foi.
Endless love and solidarity to @RashidaTlaib who time and time and time again has to rise on the House floor to defend the basic humanity of her own people and family.
Brought to tears seeing her bravery. We stand with you, Rashida. pic.twitter.com/rTJKApHVfU
— beth miller (@bethavemiller) July 18, 2023
Le leader démocrate Hakeem Jeffries a évité de faire référence aux votes « contre », déclarant dans un communiqué que « le vote décisif des Démocrates de la Chambre en faveur de la résolution sur Israël démontre une fois de plus notre engagement ferme envers l’État d’Israël et son droit d’exister en tant que patrie pour le peuple juif ».
« Les Démocrates de la Chambre des Représentants resteront fermement attachés à la sécurité d’Israël et à une solution solide fondée sur la coexistence de deux États, où les Israéliens et les Palestiniens pourront vivre côte à côte dans la paix et la prospérité. »
« Je me réjouis d’accueillir le président Isaac Herzog au Congrès pour le discours », a-t-il ajouté.

D’autres membres du parti ont rapidement critiqué les Républicains de la Chambre pour avoir fait d’Israël un enjeu politique.
« Kevin McCarthy et les Républicains de la Chambre ont précipité cette résolution à la Chambre dans le but le plus cynique et le plus répugnant qui soit : utiliser l’antisémitisme et les relations entre les États-Unis et Israël pour marquer des points [politiques] », a déclaré le représentant progressiste juif Jerold Nadler, qui a voté en faveur de la résolution.
Il a accusé le parti de se contenter de belles paroles à l’égard des besoins réels d’Israël, notant le refus de McCarthy d’annuler le témoignage du candidat présidentiel marginal Robert Kennedy Jr. devant une sous-commission contrôlée par les Républicains, après que Kennedy eut suggéré que le COVID-19 aurait pu être « ethniquement préparé » pour épargner les Juifs ashkénazes et les Chinois.
« Kevin McCarthy s’est empressé de soumettre cette résolution au vote, alors que son parti invite un adepte antisémite des théories du complot à témoigner devant une sous-commission de la Chambre des Représentants cette semaine », a-t-il déclaré.
« Le Parti républicain s’efforce de saper le soutien bipartisan historique des États-Unis à Israël, tout en soutenant des efforts qui attisent les tensions dans le conflit israélo-palestinien. »