Washington et les Palestiniens condamnent un appel à une annexion de la Cisjordanie
Interrogé à propos des plans d'Uri Ariel pour la zone C, le porte-parole du département d'Etat demande que soit évitée une "rhétorique inflammatoire"
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Des responsables officiels américains et palestiniens ont dénoncé mercredi des commentaires faits par le le ministre de l’Agriculture Uri Ariel, qui a plus tôt cette semaine demandé à Israël d’annexer la zone C de la Cisjordanie et dont des citations incorrectes ont été rapportées, disant qu’il appelait à une éviction de milliers de Palestiniens habitant la zone.
Un porte-parole d’Uriel a depuis clarifié qu’alors que le ministre du parti HaBayit HaYehudi avait en effet appelé à l’annexion de la zone C – qui couvre environ 60 % de la Cisjordanie – il n’avait aucunement appelé à l’éviction des Palestiniens de cette région, et que ce propos avait été mal traduit (le Times of Israel a corrigé son article original afin de refléter cela).
Mercredi, durant la réunion quotidienne d’informations pour la presse, le porte-parole du département d’Etat, Mark Toner, a été interrogé au sujet des remarques d’Ariel, faites lors d’une interview avec le Times of Israel durant sa visite de cette semaine à Moscou.
« Je vais résister à la tentation de répondre à chaque commentaire fait par des responsables officiels israéliens. Mais qu’un membre du cabinet israélien comme Uri Ariel affirme cela est source d’inquiétude », a affirmé Toner.
« Nous continuons à étudier des étapes, une rhétorique, des commentaires, des actions dont nous pensons qu’ils permettront des conditions favorables à l’existence d’un processus de paix et éviteront une rhétorique inflammatoire et provocante ».
Le ministère des Affaires étrangères palestinien a publié une déclaration (en arabe) demandant au Conseil de sécurité des Nations unies de s’occuper sérieusement de l’appel à annexer la zone C, appel dont il dit qu’il fragilise les chances d’une solution à deux Etats et qu’il gâche les efforts internationaux faits pour raviver un processus de paix sérieux et porteur de sens.
La déclaration du ministère des Affaires étrangères a également dénoncé le gouvernement israélien « extrémiste » pour ses plans présumés d’agrandissement des implantations israéliennes et pour ses appels accrus à une annexion du territoire de la Cisjordanie.
Jeudi, un porte-parole d’Ariel a clarifié que le ministre a été incorrectement cité concernant la question des Palestiniens de la zone C : plutôt que de dire qu’il voulait évincer quelques milliers d’Arabes de la zone C, il aurait dit que seuls quelques milliers d’Arabes vivaient là-bas, et que leur nombre n’était pas assez élevé pour empêcher une annexion israélienne de la zone.
« Nous devons aspirer à une annexion de la zone C. Ce sont des régions où il n’y a aucun Arabe, à part quelques milliers qui ne constituent pas un facteur numérique substantiel », a affirmé Ariel.
Ariel a également dit que la droite israélienne ne se sentait pas concernée par les récentes ouvertures vers la paix du Premier ministre Benjamin Netanyahu, car au final elles ne donneront rien. Toutefois, Ariel, qui s’oppose à un Etat palestinien, a expliqué qu’en invoquant un désir pour une solution à deux Etats, Netanyahu encourageait la notion chère à beaucoup d’Israéliens que la création d’un Etat palestinien était inévitable.
Ariel a en outre ajouté qu’il n’avait pas discuté du processus de paix ou de sujets afférents durant les pourparlers récents qu’il a eus avec Netanyahu. Il a voyagé avec le Premier ministre vers Moscou cette semaine – voyage au cours duquel il a signé un mémorandum d’accord concernant la coopération dans le domaine de l’agriculture, l’industrie laitière et la technologie laitière sophistiquée avec son homologue russe, Alexander Tkachev.
Ariel est le chef de file de la faction d’extrême droite Tekuma au sein du parti HaBayit HaYehudi. Il dit être en accord avec le dirigeant du parti Naftali Bennett, lequel a menacé de torpiller la coalition si le gouvernement faisait des concessions territoriales.
Stuart Weiner and Dov Lieber ont contribué à cet article.