99 % des armes importées en Israël viennent d’Allemagne et des États-Unis
Selon un institut suédois, 69 % des importations proviennent des États-Unis, 30 % d'Allemagne ; tous les avions sont américains, hormis un hélicoptère de fabrication française
Alors que les critiques d’Israël à travers le monde multiplient leurs appels à limiter les ventes d’armes à l’État juif en raison de la guerre en cours contre les terroristes palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza, des données publiées ces derniers jours montrent que la quasi-totalité des importations d’armes d’Israël proviennent d’entreprises basées aux États-Unis et en Allemagne.
Selon un rapport de 2023 de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), qui étudie les conflits et les armes, 69 % des armes achetées par Israël proviennent d’entreprises américaines, 30 % d’Allemagne et 0,9 % d’Italie.
« Fin 2023, les États-Unis ont fourni en peu de temps des milliers de bombes guidées et de missiles à Israël, mais le volume total des importations d’armes par Israël en provenance des États-Unis en 2023 était presque le même qu’en 2022. À la fin de 2023, les livraisons prévues d’armes lourdes à Israël comprenaient 61 avions de chasse des États-Unis et 4 sous-marins de l’Allemagne », indique le rapport du SIPRI. Les bombes guidées semblent faire référence aux kits qui transforment de simples bombes en armes de précision, par le biais de systèmes tels que le JDAM (Joint Direct Attack Munition), fabriqué par des entreprises américaines. Israël ne fabrique pas lui-même de tels systèmes.
Le rapport du SIPRI indique que les ventes américaines d’avions de chasse à Israël au cours des dernières décennies ont joué « un rôle significatif dans les actions militaires d’Israël contre le Hamas et le Hezbollah. »
Tous les appareils pilotés actuels de l’armée de l’air israélienne sont de fabrication américaine, à l’exception d’un hélicoptère construit par la société française Airbus Helicopters.
Israël dépend fortement d’autres pays pour de nombreux composants de ses avions de guerre, hélicoptères, navires de guerre et sous-marins, les fabricants étrangers ne permettant généralement pas de séparer le produit de base des systèmes installés, à l’exception des ajustements locaux pour les logiciels de navigation et d’adaptation.
Bien qu’ils représentent une part beaucoup plus faible des importations totales, d’autres pays, tels que le Royaume-Uni, le Canada et les Pays-Bas, fournissent également à Israël des composants aéronautiques essentiels. Israël importe aussi d’autres matériaux utilisés à des fins militaires en provenance d’un nombre de pays différents.
La semaine dernière, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a annoncé qu’Ottawa avait suspendu ses exportations d’armes vers Israël en raison de l’offensive militaire menée dans la bande de Gaza en vue d’éliminer le Hamas, à la suite du massacre perpétré par le groupe terroriste le 7 octobre. La guerre a déclenché une grave crise humanitaire à Gaza, les organisations humanitaires mettant en garde contre une famine imminente dans la bande de Gaza en l’absence de flux continu d’aide.
Des responsables américains ont déclaré à Politico au début du mois que le président Joe Biden envisagerait de poser des conditions à l’octroi d’une future aide militaire à Israël si ce dernier décidait d’aller de l’avant avec son offensive prévue à Rafah, la ville la plus au sud de la bande de Gaza, où plus d’un million de Palestiniens se sont réfugiés. Dans une interview accordée dimanche, la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, n’a pas écarté la possibilité de conséquences pour Israël s’il décidait de lancer cette offensive.
Israël a déclaré qu’il ne pouvait pas remporter la victoire dans la guerre sans s’attaquer aux quatre bataillons du Hamas encore présents à Rafah, mais la communauté internationale est extrêmement préoccupée par les dommages considérables qui pourraient être causés aux civils réfugiés dans la ville. Jérusalem a affirmé avoir préparé un plan pour leur évacuation.
Des progressistes à Washington, dont le sénateur américain Bernie Sanders, ont demandé la suspension des exportations d’armes vers Israël, et le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a également appelé les pays à cesser d’envoyer des armes.
L’Italie a annoncé en janvier qu’elle avait interrompu ses exportations au début de la guerre, et un tribunal néerlandais a statué le mois dernier que les Pays-Bas devaient cesser de livrer à Israël des pièces d’avions de chasse F-35 appartenant aux États-Unis.
Le SIPRI classe Israël au 15e rang des importateurs d’armes dans le monde, représentant 2,1 % de toutes les importations, selon les données mondiales disponibles pour 2019-2023. Il indique également qu’Israël est le 9e plus grand exportateur d’armes au monde, à l’origine de 2,4 % des exportations.
L’institut a noté que toutes les informations sur le commerce des armes ne sont pas transparentes, en particulier du côté israélien, de sorte que certaines informations sur les achats et les ventes peuvent ne pas être incluses dans le rapport.
L’étude a révélé que la dépendance entre Israël et l’Allemagne est réciproque, Berlin important 16 % de ses armes de l’État juif, son deuxième plus grand fournisseur. Le SIPRI a souligné que l’achat par l’Allemagne du système de défense aérienne à longue portée Arrow 3 l’année dernière était révélateur de cette relation. Israël est la troisième destination des exportations militaires de l’Allemagne, avec 12 % des exportations, derrière l’Ukraine (12 %) et l’Égypte (20 %).
Israël n’est la destination que de 3,6 % des exportations américaines, derrière le Koweït (4,5 %), le Qatar (8,2 %), le Japon (9,5 %) et l’Arabie saoudite (15 %), selon le SIPRI.
Le premier client d’Israël pour les fournitures militaires est l’Inde, qui absorbe 37 % des exportations israéliennes, suivie par les Philippines (12 %) et les États-Unis (8,7 %), selon l’étude.
Le SIPRI, fondé en 1966, est un institut de recherche indépendant dont l’objectif principal est de collecter et d’analyser des données sur les dépenses militaires, le commerce des armes et les conflits armés. Il fournit également des recommandations sur les questions de sécurité internationale.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.