Après des années passées à scruter la Knesset, Tomer Avital se lance en politique
Le journaliste à la tête de l'organisation Shakuf abandonne sa carte de presse pour se présenter sur la liste du parti travailliste, en vue des primaires du parti, le 9 août
Le journaliste et militant pour une bonne gouvernance, Tomer Avital, prend des risques en abandonnant sa carte de presse pour se lancer dans l’arène politique et briguer une place sur la liste du Parti travailliste en vue des prochaines élections à la Knesset.
Avital, cofondateur de l’organisation de surveillance Shakuf (« Transparent » en hébreu) dit espérer poursuivre son travail pour la transparence publique depuis les bancs de la Knesset.
Les promesses de campagne d’Avital sont très diverses, allant de l’obligation pour les membres de la commission économique et financière de révéler leurs actifs à l’installation de caméras dans son futur bureau à la Knesset pour faire la lumière sur les réunions avec les lobbyistes.
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« Les mauvaises décisions se prennent généralement dans l’obscurité », déclare-t-il dans une interview accordée mardi au Times of Israel. « Les citoyens n’en savent rien. »
Après avoir réélu à leur tête Merav Michaeli le mois dernier, les membres du parti travailliste voteront pour le reste de la liste le 9 août, en vue des élections générales israéliennes du 1er novembre. Avital, candidat pour la première fois, espère décrocher l’une des 10 premières places.
Avital est connu comme journaliste d’investigation au sein de Shakuf et pour certains des principaux médias israéliens, et pour avoir participé à l’émission de téléréalité israélienne, « Mariés au premier regard ». Mais il a rencontré celle qui est devenue son épouse, Tamar, sur Tinder.
Avital dit retenir de ses 13 années passées dans les couloirs de la Knesset que la polarisation politique en Israël est en partie le fruit d’une théâtralisation de la vie parlementaire. L’un de ses objectifs est de couper court à l’idée d’une animosité politique constante.
« La coopération est considérable mais elle a tendance à être cachée parce que les partis souhaitent renforcer leur propre socle électoral. Mais je sais que dans chaque parti, il y a des députés qui coopèrent avec les députés de l’autre bord, mais ils craignent que ça les desserve sur le plan électoral », explique-t-il.
« Et c’est fou parce que cela se répercute sur la société : la haine se propage parce que nous pensons qu’ils ne s’entendent pas, et qu’ils nous représentent au final », ajoute Avital, précisant que cela contribue à la polarisation de la société.
En plus d’être un lieu pour établir des relations transversales, la Knesset est une arène dans laquelle l’expérience compte. Les députés de longue date ont acquis des connaissances institutionnelles approfondies et sont naturellement plus efficaces, à l’aise dans un environnement pourtant compliqué.
Avital déclare qu’après des années passées à étudier la procédure parlementaire et observer les processus législatifs, il a des idées claires sur « ce que sont les mauvaises décisions et comment faire pour y remédier ».
Il dit également vouloir utiliser certains outils pour garantir plus de transparence.
« Chaque député a des pouvoirs propres. Et les citoyens n’en savent rien. Ils jugent les députés en fonction de ce qu’ils crient ou quand ils les voient à la télévision ou sur Facebook. Mais ces pouvoirs sont incroyables. Ils peuvent faire venir des ministres en assemblée plénière, pour répondre à une question précise. Ils peuvent même assurer une supervision particulièrement efficace du gouvernement », explique-t-il.
Nombre de députés ou aspirants députés rêvent de postes ministériels séduisants ou de postes prestigieux au sein des comités. Avital vise, lui, un poste moins glamour peut-être, mais ô combien puissant : président de la commission de la Chambre de la Knesset.
La commission de la Chambre s’occupe de la procédure interne de la Knesset, capable d’accélérer ou freiner le processus législatif, et même de prendre des décisions pour accélérer le fonctionnement interne de la Knesset.
La perspective de tels pouvoirs suscite des convoitises car, même s’ils ont une forte composante procédurale, ils sont fondamentaux et peuvent avoir des conséquences législatives et politiques considérables. La commission de la Chambre a récemment fait la une des journaux lorsque sa présidente, la députée Yamina Nir Orbach, a utilisé ses pouvoirs pour ralentir le processus de dissolution du parlement, en juin, afin d’obtenir des compromis politiques.
L’entrée en politique d’Avital est un pari professionnel. Il dit lui-même que s’il échoue, il ne reviendra pas au journalisme politique en raison du conflit d’intérêts, et peut-être même pas à Shakuf.
Le moins que l’on puisse dire est que les places sont chères en politique : plusieurs députés travaillistes sont en compétition pour un petit nombre de places. Dirigée par la ministre des Transports Michaeli, la liste du parti travailliste reflète son engagement en faveur de l’égalité des sexes, les places impaires allant aux femmes et les paires aux hommes.
Avec un total estimé à 5 à 6 sièges pour les prochaines élections, Avital est en lice pour l’une des deux places masculines, trois au maximum.
Des sources proches du parti travailliste disent s’attendre à ce que les députés actuels Gilad Kariv et Ram Shefa prennent respectivement les deuxième et quatrième places. Pour les trois places restantes dans le top 10, le ministre de la Sécurité intérieure Omer Barlev, le ministre des Affaires de la diaspora Nachman Shai et l’ex-candidate travailliste Yaya Fink – fondatrice de l’initiative d’intérêt public Lobby 99 – sont également considérés comme candidats.
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