Après un an de guerre, comment franchir le cap et arriver au « jour d’après » ?
Les composantes nationales et internationales essentielles à toute approche stratégique
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
À l’approche de l’anniversaire, dans le calendrier hébraïque, du pogrom perpétré le jour de la fête de Simhat Torah par le groupe terroriste palestinien du Hamas, et alors que de nombreux Israéliens décorent leurs souccot avec des photos des otages que nous n’avons pas encore été capables de ramener chez eux, il convient de corriger le cliché selon lequel il est facile de commencer une guerre, mais difficile d’y mettre fin, comme suit : il a été infiniment trop facile pour Sinwar de commencer cette guerre et il est excessivement difficile pour Israël d’y mettre un terme.
La guerre, déclenchée par le Hamas, qui a conduit à l’invasion de Gaza, s’est étendue, comme Sinwar l’espérait, à sept fronts militaires au total : Gaza, Liban, Syrie, Irak, Yémen, Cisjordanie et Iran. Et aucun de ces fronts n’est en vue.
L’armée israélienne est en train de finalement affronter, les armées terroristes qu’elle a observées pendant des années s’établir à ses frontières, parfois avec des succès remarquables. Pourtant, cette armée redoutable subit d’énormes pressions. En réalité, tout le pays est sous tension constante : physique, psychologique et financière. Les réservistes sont au front, les civils esquivent roquettes et missiles, l’économie décline et les alliances internationales se fragilisent.
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Tout au long d’une année de guerre qui a commencé par une catastrophe sans précédent, le peuple d’Israël a fait preuve d’une résilience étonnante. Ce qui lui fait défaut, c’est une stratégie de leadership qui permettrait de voir, dès l’année prochaine, à la même période, une atténuation des tensions et une stabilisation des fronts, ainsi qu’un ordre du jour clair pour ceux qui persistent.
À Gaza, Tsahal a tenu sa promesse de démanteler les 24 bataillons de l’armée organisée du Hamas qu’elle affrontait depuis le 7 octobre 2023. Cependant, 97 otages, vivants et morts, kidnappés le même jour, sont encore aux mains de Sinwar qui espère que la pression internationale pour un cessez-le-feu permettra à son organisation barbare de revenir au pouvoir. Une pression qui semble avoir atteint de nouveaux sommets avec l’ultimatum posé par les États-Unis à Israël concernant l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Loin de chercher à élaborer un plan de gestion alternatif pour la bande de Gaza, la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas encore arrêté ses objectifs pour l’après-guerre. Certains souhaitent la réinstallation d’implantations juives et une gestion israélienne à long terme de la bande de Gaza, tandis que Netanyahu reste indécis quant aux mécanismes de distribution de l’aide qui permettraient d’éviter qu’elle ne tombe entre les mains du Hamas.
Au Liban, la campagne lancée le mois dernier pour affaiblir le Hezbollah a connu un succès initial spectaculaire. Des milliers de bipeurs détenus par des membres du Hezbollah ont explosé, suivis de la destruction d’une grande partie de son arsenal et de l’élimination de la quasi-totalité de ses dirigeants, dont plusieurs commandants de la force Radwan, qui préparaient de longue date une invasion de la Galilée. Malgré cela, le Hezbollah continue de tirer quotidiennement des centaines de roquettes sur Israël, et la puissance de ses capacités en matière de drones ont été démontrées par l’impact mortel d’un seul drone qui a échappé aux systèmes de détection, atteignant une base d’entraînement de Tsahal à Binyamina dimanche dernier.
Certains analystes estiment que les premières semaines de la bataille contre le Hezbollah ont évité un scénario catastrophe, à savoir un déluge de milliers de roquettes et missiles sur Israël. L’optimisme est plus grand qu’il ne l’a été depuis un an quant au retour des dizaines de milliers de déplacés du nord d’Israël dans leurs foyers. Toutefois, les garanties de sécurité nécessaires n’ont pas encore été concrétisées. Le Hezbollah n’est ni neutralisé ni dissuadé.
Et alors que Tsahal élargit progressivement ce que le gouvernement a déclaré à plusieurs reprises comme étant une opération terrestre limitée, près de la frontière, la tentation est grande de capturer une colline, un tunnel ou un site de lancement de missiles de plus. Mais cette tentation doit être mise en balance avec le risque d’une dérive de la mission, sachant que l’hiver approchant, les manœuvres dans la boue libanaise seront bien différentes.
La nouvelle réalité dans laquelle vivent les Israéliens requiert évidemment d’accepter que tout le pays est désormais une cible potentielle d’attaques de missiles et de drones, depuis la Syrie, l’Irak, le Yémen, ainsi que de reconnaître que l’Iran et le Hamas cherchent à intensifier les actes de terrorisme en Cisjordanie. Tsahal reste en alerte maximale pour Souccot, face aux nombreuses alertes terroristes signalées.
Tout cela ne fait que renforcer la nécessité d’une approche stratégique à cette guerre sur plusieurs fronts.
Sur le plan intérieur, cette approche nécessite des actions concrètes de la part des dirigeants, et pas seulement des paroles, pour garantir la solidarité de tous les Israéliens face à cette bataille existentielle.
Cela implique une législation garantissant une répartition plus équitable des droits et des responsabilités, notamment en rendant le service militaire ou civil obligatoire pour tous, y compris pour la communauté ultra-orthodoxe. Le financement de la guerre doit également être réparti de manière équitable, au lieu d’imposer des charges insoutenables à ceux qui sont les moins capables de les supporter.
Il faut également mettre de côté certaines politiques qui sèment la discorde, telles que celles qui tentent de museler le système judiciaire ou de tolérer l’extrémisme des colons contre les Palestiniens civils, et sauver d’urgence les forces de police du contrôle de leur ministre insensible.
Ces questions ne sont pas mineures ; elles sont au cœur de la cohésion nationale en période de crise.
Sur le plan international, une stratégie efficace nécessite la création d’un véritable organe de diplomatie publique chargé de fournir des informations sur les efforts globaux déployés par Israël pour affronter des ennemis qui se sont ouvertement engagés à le détruire. Cet organe fonctionnerait 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 afin de fournir des informations immédiates sur les aspects de la guerre. Actuellement, un tel mécanisme n’existe pas.
La situation est si préoccupante qu’Israël se trouve dans l’incapacité de comprendre pleinement ce à quoi il est confronté. De nombreux documents invérifiables continuent d’émerger depuis Gaza, sous contrôle du Hamas, et depuis le Liban, dominé par le Hezbollah, créant une version partielle et biaisée des événements, largement diffusée via les médias traditionnels et les réseaux sociaux, sans réponse adéquate.
Enfin, Israël doit se concentrer stratégiquement sur l’Iran et renforcer ses alliances internationales indispensables pour accélérer l’effondrement du régime des Ayatollahs. Tandis que Téhéran prend conscience qu’Israël n’est plus dissuadé par le Hezbollah, les Ayatollahs, qui se préparent à la riposte israélienne à leur attaque de missiles balistiques du 1er octobre, sont confrontés à un choix difficile : doivent-ils, à leur tour, intensifier leur guerre directe avec Israël ? Ils doivent également faire face à une décision délicate : accélérer leur programme nucléaire ou continuer leur progression patiente mais implacable vers la bombe.
Les dirigeants israéliens et les responsables de la sécurité, anciens et actuels, sont convaincus qu’Israël dispose de moyens efficaces pour contrer le régime iranien et ses atouts, mais leur utilisation nécessite une coordination étroite avec les alliés régionaux et internationaux, en particulier les États-Unis.
Israël s’est montré extrêmement reconnaissant d’avoir une coalition à ses côtés pour se défendre contre les deux attaques directes de l’Iran à ce jour, et a bénéficié de la présence dissuasive de l’important déploiement militaire américain dans la région au cours de l’année écoulée. S’attaquer à l’Iran en l’absence d’une coopération et d’une coordination encore plus approfondies serait à la fois imprudent et inutile.
À l’approche de l’anniversaire hébraïque du pogrom de Simhat Torah commis par le Hamas, il est clair que les deux candidats à l’élection présidentielle américaine souhaiteraient que la guerre multi-fronts qui en a découlé soit terminée avant l’investiture du prochain président en janvier.
Mais cela ne va pas se produire. Il y a peu de chances que le soutien de Kamala Harris à Israël soit plus ferme que celui de Joe Biden, Trump, quant à lui, exhorte Israël depuis des mois à en finir rapidement. Il est donc impératif de mettre en place et d’appliquer bien avant cette date une stratégie coordonnée pour s’attaquer à l’Iran et restaurer ainsi la sécurité et la stabilité d’Israël et de la région.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel