Ce qu’a dit Macron aux côtés de Rivlin à Jérusalem
Le président français a affirmé en compagnie de son homologue israélien que "l'’antisionisme, lorsqu’il est la négation de l’existence d’Israël comme Etat, est un antisémitisme"
Journaliste
Au premier jour de sa visite en Israël et dans les Territoires palestiniens ce mercredi à l’occasion du 5e Forum sur la Shoah, le président français Emmanuel Macron rencontre plusieurs dirigeants israéliens et palestiniens et fera une visite de la Vieille ville de Jérusalem.
Il a ainsi rencontré ce matin le Premier ministre Benjamin Netanyahu, puis son homologue israélien Reuven Rivlin à sa résidence officielle, à Jérusalem.
Lors de leur conférence de presse commune qui a suivi leurs échanges – auxquels a participé le chef d’état-major de l’armée israélienne Aviv Kochavi, présent afin de discuter des sujets militaires régionaux –, le président Reuven Rivlin a salué le combat de son homologue français contre l’antisémitisme sous toutes ses expressions et a déploré les actes antisémites en France et à travers le monde.
« Il faut faire entendre une voix haute et claire pour condamner tous ces cas. Il faut agir sans concession pour s’assurer que cela ne se reproduise pas », a déclaré le président israélien, qui a remercié la France pour avoir adopté la définition non contraignante de l’antisémitisme de l’IHRA, qui inclut l’anti-sionisme (qui a suscité de profonds désaccords en France).
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Reuven Rivlin a également condamné la procédure entamée par les Palestiniens contre Israël à la Cour pénale internationale. « Le conflit israélo-palestinien, qui est si complexe, si sensible, exige la construction d’une confiance mutuelle et c’est vers cela que nous devons aspirer, et c’est pour cela que vous pouvez être extrêmement utile », a-t-il expliqué à M. Macron, avant de mettre en garde contre l’implantation militaire de l’Iran au Liban et contre les « forces qui œuvrent pour déstabiliser tout le Proche-Orient ».
Emmanuel Macron a pris la parole en se disant « heureux » de se retrouver à Jérusalem pour la première fois en tant que président afin de participer aux commémorations de la Shoah. Il a également eu une « pensée émue et amicale » pour l’épouse de Reuven Rivlin, Nachama, décédée l’an dernier.
« Je suis venu pour Israël aussi, pour ce que représente dans votre pays la mémoire de la Shoah, venu avec vous porter l’appel de Yad Vashem, un appel universel plus important que jamais », a-t-il ajouté, revenant ensuite sur « l’ombre noir » de l’antisémitisme qui se répand dans le monde, et notamment en France.
« Cet antisémitisme revient à chaque fois que les démocraties sont malades, que les crises sont là, et ne concernent pas simplement les Juifs, mais notre destin commun, et pour ce qui de la France toute la République », a expliqué le président français, qui affirme que la France est prête à lutter avec « détermination et force » contre l’antisémitisme, dans l’espace « public comme virtuel ».
« Nous avons aussi décidé de discuter et de poser très franchement la question de l’antisionisme, aujourd’hui profondément lié à la question de l’antisémitisme. […] L’antisionsime, lorsqu’il est la négation de l’existence d’Israël comme Etat est un antisémitisme », a affirmé le président.
« Ce qui ne veut pas dire qu’il deviendrait impossible d’avoir des désaccords, de critiquer telle ou telle action du gouvernement d’Israël mais la négation de son existence relève bien aujourd’hui d’une forme contemporaine d’antisémitisme », a souligné M. Macron.
Le président a indiqué de nouvelles lois permettant « de lutter encore plus efficacement contre les discours de haine, et entres autres l’antisémitisme sur Internet » seraient votées, en référence à la proposition de loi de la députée LREM Laetitia Avia.
« Mais au-delà, c’est bien une forme de résistance qu’il nous faut opposer à cette dissolution des consciences à laquelle nous assistons trop souvent, et les lois ne suffisent pas pour changer l’âme des hommes. Il faut pour cela se souvenir, rappeler à chacun ce à quoi a conduit l’antisémitisme en Europe, l’Holocauste. Et il faut, au-delà de se souvenir, continuer d’éduquer et de former », a-t-il conclu son propos à ce sujet.
M. Macron a ensuite rebondi sur les liens entre la France et Israël dans de nombreux domaines et sur le processus de paix israélo-palestinien, expliquant qu’il ne « s’agit pas pour la France aujourd’hui d’arriver avec une proposition sur la table » et que « d’autres en avaient, parfois attendues depuis longtemps [en référence au plan de paix de l’administration Trump] ». « Quelque processus de paix que ce soit n’est possible que si les parties en présence veulent bâtir la paix. Alors la France aidera, dans le rôle qui doit être le sien, et qui sera le sien. »
Emmanuel Macron a indiqué ensuite que la France se montrerait « intraitable » en matière de nucléaire en Iran. « Depuis 2017, je souhaite que nous élargissions le cadre international qui a été porté sur les activités nucléaires de l’Iran pour que leurs activités balistiques et les déstabilisations régionales fassent aussi l’objet d’un accord. Dans le contexte actuel, la France restera attachée à ce que l’Iran n’acquière jamais l’arme nucléaire, mais à ce que nous évitions aussi dans la région toute escalade militaire quelle qu’elle soit. »
Le président français a enfin apporté son soutien au Liban dans la « crise profonde » que le pays traverse, et dit être vigilant face à toute « activité terroriste qui pourrait être conduite depuis le Liban et menacerait la sécurité d’Israël, autant d’ailleurs qu’elle menace la sécurité et le bien-vivre ensemble des Libanaises et des Libanais », sans souligner spécifiquement le rôle du Hezbollah, comme l’avait fait son homologue israélien.
Il a conclu son discours en réaffirmant l’amitié de la France et son « amitié personnelle » à l’égard du président israélien.
Emmanuel Macron doit rencontrer plus tard ce mercredi le chef de l’opposition, Benny Gantz, puis le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Invité par Israël, avec une quarantaine de dirigeants mondiaux, pour commémorer jeudi le 75e anniversaire de la libération du camp nazi d’Auschwitz, M. Macron est arrivé un jour plus tôt pour ces rencontres diplomatiques.