COVID: Zion Medical réclame des essais cliniques de son médicament contre le VIH
La firme, critiquée au mois de mai pour avoir dit que son médicament contre le SIDA fonctionnait contre le coronavirus, dit que ses recherches ont soutenu ses assertions
Une firme pharmaceutique israélienne, qui avait fait des déclarations douteuses sur un potentiel médicament traitant le VIH et qui, selon elle, pouvait aussi être administré aux personnes atteintes par le coronavirus, prévoit de demander l’autorisation de mener des essais cliniques en Israël et ailleurs, après avoir affirmé que la molécule s’était, semble-t-il, montrée capable d’empêcher le virus d’infecter des cellules en laboratoire.
Le Codivir de Zion Medical, un traitement basé sur un peptide, pourrait stopper le virus une fois la personne infectée et empêcher « l’orage cytokinique » susceptible d’entraîner le décès rapide de personnes qui n’étaient jusqu’alors que modérément touchées.
Ce médicament est une version rebaptisée du Gamorra, un médicament donné pour lutter contre le VIH. La firme avait précédemment affirmé qu’elle s’était montrée efficace contre le coronavirus lors d’un essai humain réalisé en république du Congo, le seul endroit où le médicament a été approuvé à l’usage. Certains s’étaient toutefois émus de savoir si des données étaient venues appuyer cette assertion.
Aujourd’hui, la firme a fait appel au docteur Shlomo L. Maayan, qui dirige la division des maladies infectieuses au centre médical Barzilai d’Ashkelon, en tant que consultant. Ce dernier a d’abord admis que les déclarations antérieures avaient été exagérées.
Il a ajouté que le médicament, sous son nouveau nom, avait été testé pendant une insertion in-vitro du SARS-CoV-2 dans des cellules de singe, dans une structure d’évaluation indépendante de Londres et qu’il avait montré des signes prometteurs.
« Le virus n’a pas pénétré les cellules », a-t-il expliqué au Times of Israel. « Cela a été établi en faisant une comparaison avec le groupe de contrôle, où aucun peptide n’avait été ajouté et où le virus est entré dans la cellule et où il s’est multiplié rapidement ».
La docteure Einat Finkelshtain, scientifique en chef de la firme, a indiqué que les derniers tests étaient venus soutenir son « hypothèse biologique » selon laquelle le médicament pouvait aider à combattre le coronavirus.
Son équipe vient tout juste de demander au ministère israélien de la Santé l’autorisation de mener des essais cliniques dans les hôpitaux Barzilai et Hadassah de Jérusalem. S’ils sont approuvés, les essais seront réalisés sur des malades du coronavirus présentant des symptômes légers ou modérés.
« Si ça fonctionne sur des patients qui présentent des symptômes moyens ou modérés, cela pourrait empêcher la détérioration vers une forme grave de la maladie et donc prévenir l’orage cytokinique », a noté Maayan, se référant à la surréaction immunitaire qui pourrait entraîner les effets les plus sévères et les plus meurtriers du coronavirus.
La firme a annoncé qu’elle voulait aussi lancer des essais cliniques en urgence du Codivir dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis, dans le mois à venir.
Les conclusions n’ont pas encore été peer-reviewed et des experts indépendants se sont refusés à commenter les résultats communiqués par la firme.
Gamorra/Codivir avait été conçu pour soigner le VIH et il est produit depuis deux ans. Il n’a jamais reçu d’approbation en-dehors de la république du Congo, où le médicament a eu le feu vert, au printemps, pour soigner le SIDA et les cancers.
Au début de la pandémie, Zion Medical avait commencé à s’intéresser à son utilisation possible contre le coronavirus.
La compagnie avait été très critiquée par certains médecins au mois de mai, lorsqu’elle avait salué l’efficacité du médicament après l’avoir administré à 15 patients atteints par la COVID-19 en république du Congo. La firme avait déclaré, entre autres, qu’elle avait réalisé des essais cliniques alors que ce n’était pas le cas.
En 2018, elle avait dit que Gamorra « a le potentiel de soigner les malades infectés par le VIH en détruisant toutes les cellules transportant le génome du VIH », une affirmation qui avait été largement critiquée par les groupes de lutte contre le SIDA qui avaient déclaré qu’elle était tout simplement mensongère.
Maayan a reconnu que les déclarations faites au mois de mai avaient été exagérées mais que, depuis, les choses avaient changé. « Cette fois-ci, une évaluation sérieuse a été faite, avec des études in-vitro dans un laboratoire réputé de Londres où l’activité du peptide contre le coronavirus a été contrôlée », a-t-il dit.
« Et il a montré une activité très bonne, suffisante pour justifier un effet clinique, et il a également montré que le niveau de toxicité cellulaire était très bas », a-t-il ajouté.
Lors d’une expérimentation, le peptide a été ajouté au liquide juste avant l’ajout des cellules du coronavirus et dans une autre, les cellules et le virus ont été ajoutés au même moment. Maayan a expliqué que dans les deux cas, le virus n’était pas parvenu à entrer dans les cellules et que dans la version de contrôle des deux expériences – menée sans le peptide – le virus avait pénétré les cellules et il s’était répliqué.
La compagnie, basée à Rehovot et enregistrée en Hollande, avait été établie en 2014 par Zyon Ayni, homme d’affaires israélo-néerlandais jusqu’alors investi dans le secteur de l’immobilier. La firme consacre essentiellement ses travaux au développement de médicaments pour traiter le VIH/SIDA et les cancers.