Hausse des prix chez Osem : l’indignation et les appels au boycott se multiplient
Le géant alimentaire annonce une hausse des prix de 3 à 7 % à partir de février ; les produits laitiers à prix contrôlés devraient également augmenter

L’indignation et les appels au boycott se sont multipliés mercredi, un jour après que le géant israélien de l’agroalimentaire Osem a annoncé qu’il allait augmenter les prix de ses produits.
Dans plusieurs supermarchés, des militants ont été vus en train de placer des autocollants sur les produits Osem appelant les consommateurs à boycotter la marque. Au moins deux législateurs ont également appelé à un embargo sur les produits Osem.
« Nous devons prendre des mesures beaucoup plus drastiques pour empêcher la hausse des prix, seul la population peut le faire », a déclaré Alona Amram, l’une des militants, à la Treizième chaîne.
Osem a annoncé mardi qu’à partir de février, il augmentera les prix de ses produits de 3 à 7 %, en raison d’une hausse des prix des ingrédients de base.

Osem est l’un des plus grands producteurs de produits en Israël, et vend des produits de base pour le garde-manger, notamment des pâtes, du ketchup, des céréales, des crackers et le (très) populaire snack aux cacahuètes Bamba.
En tant que telle, la hausse des prix a un impact majeur sur les produits de base de la plupart des garde-manger israéliens et ajoute considérablement aux difficultés des Israéliens déjà confrontés à un coût de la vie très élevé.
Et les analystes ont déclaré qu’il y avait une crainte que de nombreux autres producteurs suivent l’exemple d’Osem, entraînant des hausses de prix dans toute l’économie. Ils ont également noté que les taxes communales, les prix du gaz et de l’électricité devaient également augmenter dans les prochaines semaines.
Le député du parti Kakhol lavan, Michael Biton a déclaré que les consommateurs ne devraient pas acheter de produits Osem.

« Les Israéliens ne sont pas obligés d’acheter des produits Osem ce mois-ci », a déclaré Biton, le président de la commission des Affaires économiques de la Knesset, déplorant l’énorme part de marché de l’entreprise, et appelant l’Autorité israélienne de la concurrence à enquêter.
Le député travailliste Ram Shefa, qui avait mené une manifestation similaire contre une hausse prévue des prix d’Osem en 2018 alors qu’il était leader étudiant, a appelé au boycott, affirmant que le public devait être « suffisamment courageux et fort pour acheter d’autres produits. »
« Alors Osem aura un vrai problème », a-t-il déclaré à la Treizième chaîne.
Dans une interview accordée à la chaîne, le ministre des Finances Avigdor Liberman a semblé donner son approbation tacite à une telle démarche en déclarant qu’en fin de compte « la population établira les prix », bien qu’il ait précisé qu’il ne « soutient pas les appels au boycott de qui que ce soit. »

M. Liberman a fait remarquer qu’Osem était une entreprise privée et qu’elle était liée aux marchés internationaux. Elle est détenue par la société suisse Nestlé.
Liberman a déclaré qu’il ne pouvait pas être un policier, mais a promis que le gouvernement continuerait ses efforts pour augmenter la concurrence sur les marchés.
M. Liberman a également abordé la demande des fabricants de produits laitiers d’augmenter les prix des produits qui sont soumis à un contrôle des prix par le gouvernement, comme le lait et les fromages à pâte molle, en disant que le gouvernement examinerait cette demande.
Il a rappelé qu’il avait approuvé l’importation de fromages à pâte dure de l’étranger, brisant ainsi un monopole local.

Au début du mois, M. Liberman a déclaré que la réduction du coût de la vie était le principal défi que devait relever le gouvernement, qui s’efforce également de réduire la spirale des prix de l’immobilier.
« Il y aura une bataille – qui ne sera pas facile – sur la question du coût de la vie », a déclaré le ministre des Finances, en donnant l’exemple du prix des produits laitiers.
« Avec les produits laitiers, nous avons atteint une situation absurde : ici, en Israël, ils sont 79 % plus chers qu’en Europe. Un kilo de yaourt coûte 17 shekels en Israël et 8,50 shekels en Europe », a-t-il déclaré.
Le gouvernement prévoit d’importantes réformes pour le secteur agricole afin de permettre l’importation de produits, y compris les œufs et les produits laitiers de l’étranger. Cette mesure vise à accroître la compétitivité et à mettre une gamme plus large de produits à la disposition des consommateurs israéliens.

Signe des difficultés rencontrées par Israël, Tel Aviv a été classée ville la plus chère du monde dans une étude récente de The Economist Intelligence Unit, la division de recherche et d’analyse du vénérable périodique The Economist.
Tel Aviv a grimpé dans le classement en partie grâce à la force du shekel par rapport au dollar, ainsi qu’à l’augmentation des prix des transports et des produits d’épicerie.
Paris et Singapour arrivent en deuxième position, suivies de Zurich et Hong Kong. New York est en sixième position, et Genève en septième.
Cela fait dix ans qu’Israël n’a pas connu de mouvement social à cause des prix.

Une hausse du prix du fromage blanc, un aliment de base en Israël, avait été la première étincelle qui a conduit à la « révolution des tentes » de 2011, qui a vu de jeunes Israéliens furieux des fortes hausses des loyers et du coût de la vie ériger des tentes sur le boulevard Rothschild, un quartier chic situé au cœur de Tel Aviv.
Des milliers de manifestants étaient rapidement descendus dans les rues d’Israël, scandant des slogans réclamant la justice sociale.