Israël craint que l’Iran ne s’en prenne à des Israéliens à l’étranger
Une fuite a attribué à Israël le meurtre du colonel Khodaï ; des avertissements officiels contre les voyages aux Émirats arabes unis, au Bahreïn et en Azerbaïdjan sont attendus

Israël craint que l’Iran ne cherche à attaquer des Israéliens à l’étranger pour venger un commandant militaire iranien de haut rang qui a été assassiné à Téhéran, et s’apprête à émettre des recommandations concernant des voyages vers certaines destinations qui bordent la République islamique, a rapporté jeudi la Douzième chaîne.
Ces préoccupations font suite à des fuites liant Israël à l’assassinat du colonel Sayyad Khodaï du Corps des gardiens de la révolution islamique, tué dimanche par deux motards qui ont ouvert le feu sur lui dans l’est de la capitale iranienne alors qu’il rentrait chez lui. Le New York Times a cité des sources indiquant qu’Israël avait informé les États-Unis qu’il avait procédé à cet attentat.
Israël craint que ces événements ne motivent davantage l’Iran à frapper des Israéliens à l’étranger.
De hauts responsables du gouvernement et de l’establishment de la défense ont tenu une série de réunions de consultation ces derniers jours sur la question et il semble qu’ils prendront bientôt la décision de réitérer les conseils aux voyageurs de ne pas se rendre dans les pays voisins de l’Iran, notamment les Émirats arabes unis, Bahreïn, l’Azerbaïdjan et peut-être même la Turquie.
Le gouvernement n’a pas l’intention d’émettre des avertissements aux voyageurs, mais plutôt de souligner les consignes de prudence existantes, a-t-il été indiqué.
Un responsable israélien a déclaré à la chaîne qu’il n’y avait actuellement aucun avertissement spécifique des services de renseignement concernant des attaques. Toutefois, la source a indiqué qu’il serait conseillé aux Israéliens d’être particulièrement prudents lorsqu’ils se rendent en Azerbaïdjan et d’éviter de se rendre aux Émirats arabes unis ou à Bahreïn, sauf si cela est indispensable en raison de la présence de groupes terroristes dans ces pays.

Selon les informations, Israël a été surpris par la fuite, qui proviendrait d’une source américaine.
Il y a eu « beaucoup d’appels téléphoniques » aujourd’hui entre Israël et les États-Unis au sujet de la fuite, indiquent les informations, notant que les deux parties avaient maintenant « mis l’incident derrière eux ».
Toutefois, le directeur général du ministère israélien des Affaires Etrangères a déclaré que les États-Unis devaient fournir des réponses concernant l’article du New York Times.
« Je garde les explications pour nos discussions avec les Américains », a déclaré Alon Ushpiz à Kan.
Ram Ben Barak, député de Yesh Atid qui dirige la commission des Affaires étrangères et de la Défense, a déclaré lors d’une interview jeudi matin sur la station de radio 103FM que l’incident « nuisait principalement à la confiance ».
« Nous avons de très nombreuses relations et une étroite coopération, le tout fondé sur la confiance, et lorsqu’elle est rompue, cela nuit à notre future coopération », a-t-il ajouté. « J’espère que les Américains enquêteront sur cette fuite et qu’ils découvriront d’où elle vient et pourquoi cela s’est produit. »
Les Gardiens de la révolution ont dénoncé l’assassinat de Khodaï comme un « acte terroriste », l’imputant aux « éléments de l’arrogance mondiale » – en référence aux États-Unis et à leurs alliés, dont Israël.

Le porte-parole des chefs d’état-major conjoints des forces armées iraniennes, le général Abolfazl Shekarchi, a déclaré lundi qu’une enquête avait été ouverte sur les circonstances du meurtre de Khodaï.
Un responsable des services de renseignement, qui s’est confié mercredi au journal américain sous couvert de l’anonymat, a déclaré aux États-Unis que cette opération était destinée à exiger la fin des agissements d’un groupe opérant au sein de la force al-Qods.
L’article n’a pas précisé qui est à la source du renseignement, mais selon Ynet, les services de sécurité israéliens pensent que la source était américaine et sont furieux de cette fuite. Des responsables israéliens ont déclaré au site d’information israélien qu’ils exigeaient des réponses de leurs homologues américains, car l’article du New York Times attribue la responsabilité de l’assassinat uniquement à Israël et exonère les États-Unis de tout rôle.
Selon l’article du Times, les responsables israéliens affirment que Khodaï était le chef adjoint de l’unité 840, une division secrète de la force expéditionnaire al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique, chargée d’enlever et d’assassiner des personnalités en dehors de l’Iran, dont des Israéliens. Khodaï était spécifiquement chargé des opérations de l’Unité 840 au Moyen-Orient, mais il a été impliqué dans des tentatives d’attentats terroristes contre des Israéliens, des Européens, des civils américains et des responsables gouvernementaux en Colombie, au Kenya, en Éthiopie, aux Émirats arabes unis et à Chypre, rien qu’au cours des deux dernières années.
Parallèlement, le Wall Street Journal a rapporté que, parmi les cibles que Khodaï prévoyait de tuer, figurait le philosophe juif français Bernard-Henri Levy.

Son assassinat visait à avertir l’Iran que le groupe devait cesser ses activités, a déclaré le responsable du renseignement cité par le Times.
Israël n’a fait aucun commentaire officiel sur l’incident et aurait relevé le niveau d’alerte de sécurité dans ses ambassades et consulats à travers le monde, craignant une attaque iranienne en représailles.
Le colonel Khodaï est la figure la plus importante dont le meurtre sur le sol iranien a été annoncé par Téhéran depuis celui du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, tué en novembre 2020 près de la capitale dans une attaque contre son convoi.