Cela faisait longtemps que le Hamas comme Israël ne s’étaient pas tous deux félicités de l’issue des manifestations/émeutes en cours le long de la frontière avec Gaza. Les deux parties se sont vantées des « progrès » réalisés vendredi, lors des rassemblements le long de la frontière, devant leurs populations respectives.
En Israël, les responsables de la sécurité ont souligné que la participation au mouvement de protestation avait été relativement faible et que les manifestations avaient été les moins violentes de ces derniers mois.
Des responsables ont dit aux médias israéliens que pour prévenir la violence, le Hamas avait pris des mesures pour dissuader les manifestants, et que des gardes avaient été déployés pour l’occasion le long de la frontière, arrêtant les émeutiers désireux d’ouvrir des brèches dans la frontière.
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Bien sûr, ont-ils ajouté, la dissuasion n’a pas fonctionné partout. Les responsables ont toutefois noté que ce mouvement de protestation avait été le plus calme depuis le lancement de la « marche du retour », au mois de mars.
Ce message avait apparemment deux objectifs : Le premier, calmer les esprits dans l’opinion publique israélienne, où il y a eu des appels croissants en faveur d’une riposte militaire plus dure aux violences à Gaza après le lancement de deux roquettes depuis la bande vers le centre d’Israël et à Beer Sheva, dans la semaine. Et le deuxième, plus important peut-être, était de calmer l’agressivité des ministres du cabinet, dirigés par le ministre de la Défense Avigdor Liberman — qui s’est assuré que la presse avait bien entendu qu’il avait lui-même recommandé une campagne militaire d’ampleur à Gaza – ainsi que par le ministre de l’Education Naftali Bennett, dont le parti HaBayit HaYehudi a fait de l’armée israélienne son « punching-ball » dans sa route vers les prochaines élections.
Du côté palestinien, pendant ce temps, le Hamas et les autres factions ont salué les participants aux manifestations, les remerciant de continuer le combat pour que cesse le blocus israélien et égyptien du territoire.
Les soldats prennent position durant des affrontements avec les manifestants palestiniens de l’autre côté de la frontière de Gaza, le 19 octobre 2018 à Nahal Oz (Crédit : Jack Guez/AFP)
Contrairement aux informations israéliennes, les médias de Gaza ont fait état d’une participation relativement élevée vendredi, mais le Hamas a néanmoins admis qu’il avait émis des instructions visant à réduire les frictions avec l’armée israélienne à proximité de la clôture de sécurité – conformément aux accords trouvés avec les médiateurs égyptiens qui oeuvrent à négocier un accord de paix à long terme avec Israël. (Ces derniers mois, le chef des renseignements égyptiens, Abbas Kamel, et l’envoyé pour la paix au Moyen-Orient de l’ONU, Nickolay Mladenov, sont devenues des personnalités déterminantes, travaillant à empêcher une autre guerre).
En résumé, les deux parties semblent, pourrait-on dire, relativement satisfaites. Et au Moyen-Orient, où il est difficile de trouver des ennemis plus amers que ne le sont Israël et le Hamas, cela tient du miracle en soi.
Mais le problème est que ce qu’il s’est passé vendredi est encore loin de marquer la fin de ce combat.
Samedi matin, de jeunes Palestiniens tentaient encore d’ouvrir des brèches dans la frontière, dans le centre de Gaza. Le mouvement de protestation « non-violent » de vendredi a manqué de peu de se transformer en un autre incident drainant des pertes majeures du côté palestinien – avec toutes les conséquences qui auraient pu suivre.
Et si les deux roquettes envoyées vers Beer Sheva et vers le centre d’Israël dans la nuit de mercredi – la première d’entre elles a détruit une maison – avaient entraîné des victimes, nous nous trouverions, bien entendu, dans une situation totalement différente aujourd’hui.
Les questions essentielles demeurent. Aucune des problématiques qui a mené le Hamas, ce groupe islamiste qui veut détruire Israël, à lancer le mouvement de protestation – le blocus, les sanctions de l’Autorité palestinienne, la rage contre l’Etat juif – n’a disparu.
En premier lieu, au niveau tactique et dans l’immédiat, Israël reprendra-t-il le transfert à Gaza du carburant acheté par le Qatar dès dimanche dernier, ce qui permettrait de doubler l’approvisionnement en électricité dans la bande, en passant de quatre à huit heures par jour ? Et l’Etat juif a-t-il l’intention de prendre davantage d’initiatives pour apaiser la crise humanitaire en cours dans l’enclave, conformément au plan de l’ONU ? Les Gazaouis ont compris, après s’être entretenus avec les médiateurs égyptiens, que de telles mesures seraient prises suite au calme relatif de vendredi.
Les dégâts faits dans une maison touchée par un missile lancé depuis la bande de Gaza à Beer Sheva, dans le sud d’Israël, le mercredi 17 octobre 2018 (Crédit : AP/Tsafrir Abayov)
Et cette semaine, c’est un plus important obstacle encore qui va émerger : Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas doit convoquer le Comité central de l’OLP pour prendre une série de décisions majeures, et notamment, peut-être, la cessation complète de tous les financements de l’AP versés à la bande de Gaza. Une telle initiative aurait non seulement des répercussions significatives sur l’économie de la bande mais sur la situation sécuritaire israélienne également.
Mais, dans le même esprit d’optimisme prudent qui a prévalu depuis 24 heures, peut-être que les pressions égyptiennes réussiront là aussi, et qu’Abbas abandonnera l’idée d’une action aussi brutale.
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