La Jordanie rappelle son envoyé en Israël pour protester contre la guerre à Gaza
Amman accuse l'Etat hébreu de "tuer des innocents" et de causer une "catastrophe humanitaire" à Gaza ; les pays d'Amérique du Sud ont également rappelé leurs émissaires
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
La Jordanie a rappelé mercredi son ambassadeur en Israël pour protester contre la « catastrophe humanitaire » dans la bande de Gaza et le nombre croissant de civils tués dans la guerre menée par Israël contre le Hamas.
Le ministre des Affaires étrangères, Ayman Al-Safadi, a demandé à l’envoyé Rasan al-Majali de revenir à Amman « pour signifier la position de la Jordanie, qui rejette et condamne la guerre menée par Israël qui fait rage à Gaza, tuant des innocents et provoquant une catastrophe humanitaire sans précédent », selon un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères de la Jordanie.
La Jordanie a également demandé au ministère des Affaires étrangères d’Israël de signaler à l’ambassadeur Rogel Rachman, qui a été temporairement rappelé en Israël en raison de menaces à sa sécurité en Jordanie, de ne pas revenir à Amman.
Selon le communiqué, « le retour des ambassadeurs sera lié à la fin des attaques israéliennes sur Gaza et de la catastrophe humanitaire qu’elles provoquent, ainsi que toutes les mesures qui privent les Palestiniens de leur droit à la nourriture, à l’eau et aux médicaments, de même que de leur droit à vivre dans la sécurité et la stabilité sur leur sol national ».
Le ministère des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire.
La Jordanie fait suite à la Colombie et au Chili, qui ont également rappelé leurs émissaires pour consultation la veille. La Bolivie a suspendu toutes ses relations diplomatiques avec Israël, lesquelles étaient par ailleurs pratiquement inexistantes, dans la nuit de mardi à mercredi.
Israël a rappelé ses diplomates de Turquie le week-end passé afin de « réévaluer les relations » entre les pays, pendant que le président Recep Tayyip Erdogan continuait à critiquer l’État juif.
La Jordanie a été le deuxième État arabe à faire la paix avec Israël en 1994, après l’Égypte en 1979. Des milliers de manifestants ont demandé à Amman d’annuler son traité de paix avec Israël à cause de la guerre contre le Hamas.
La Jordanie, qui compterait au moins 50 % de Palestiniens dans sa population, s’est montrée très inquiète de la guerre à Gaza.
« Toute la région est sur le point de tomber dans l’abîme », a déclaré le roi Abdallah II de Jordanie après avoir rencontré le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin pendant la deuxième semaine du conflit. « Il nous faut déployer tous nos efforts pour nous assurer que nous n’en arriverons pas là. »
Mardi, le président américain Joe Biden s’est entretenu par téléphone avec Abdallah. Selon la Maison Blanche, les deux dirigeants ont discuté de l’aide humanitaire à Gaza et de la nécessité d’éviter que le conflit ne s’étende.
Deux semaines après le début de la guerre, Israël a déconseillé aux voyageurs de se rendre en Jordanie et dans d’autres pays arabes.
Au début du mois, la Jordanie a demandé aux États-Unis de déployer son système de défense antimissile Patriot afin de renforcer les défenses frontalières du royaume, alors que la guerre suscite des inquiétudes dans toute la région.
La reine Rania de Jordanie a affirmé dans une interview qu’il n’y avait aucune preuve vérifiable que les terroristes du Hamas aient décapité des enfants lors du massacre du 7 octobre dans le sud d’Israël, en dépit des divers documents disponibles attestant de ces atrocités.
Elle a également accusé les dirigeants occidentaux de faire « deux poids, deux mesures » en ne condamnant pas les meurtres de civils palestiniens perpétrés par Israël lors des bombardements de la bande de Gaza.
La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque les terroristes du Hamas ont franchi la frontière avec Gaza et se sont déchaînés dans les communautés du sud, massacrant plus de 1 400 personnes, pour la plupart des civils, et enlevant plus de 240 autres, sous le couvert d’un barage de roquettes tirées sur les villes israéliennes.
La grande majorité des personnes tuées lors de l’assaut terroriste contre les communautés frontalières étaient des civils, notamment des bébés, des enfants et des personnes âgées. Des familles entières ont été exécutées dans leurs maisons et plus de 260 personnes ont été massacrées lors d’une rave en plein air, souvent à la suite d’actes effroyables de brutalité, de torture et de violence sexuelle perpétrés par les terroristes.
Israël a réagi en lançant une grande offensive dans l’enclave côtière dans le but déclaré de détruire l’infrastructure du Hamas. Il a également promis d’éliminer l’ensemble du groupe terroriste qui dirige la bande de Gaza. Israël affirme viser toutes les zones où le Hamas opère, tout en s’efforçant de minimiser les pertes civiles.
Le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré que les frappes israéliennes avaient tué plus de 8 700 personnes. Toutefois, ces chiffres ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et incluraient à la fois des civils et des terroristes du Hamas tués dans la bande de Gaza, ainsi que ceux qui sont morts à la suite des attaques à la roquette mal tirées du groupe terroriste.