La Jordanie refuse – catégoriquement – que des chefs du Hamas s’installent au royaume
Suite aux propos d’Abu Marzouk sur ses bonnes bonnes relations avec Amman, un diplomate jordanien répond que le pays "a clos le chapitre des cellules palestiniennes"
La Jordanie a rapidement dissipé toute idée, ce mardi, que des dirigeants du groupe terroriste palestinien du Hamas seraient les bienvenus pour installer leurs bureaux sur son territoire. De récents propos d’un haut responsable du Hamas suggéraient que le bureau politique du groupe terroriste pourrait s’installer dans le royaume hachémite s’il était contraint de quitter le Qatar, où il est actuellement basé.
Au début du mois, il a été rapporté que la direction politique du Hamas envisageait de transférer son siège hors du Qatar, l’État du Golfe étant soumis à une pression croissante en raison de l’influence qu’il exerce sur le groupe terroriste dans le cadre des négociations indirectes avec Israël portant sur un échange d’otages contre une trêve dans les combats.
Cherchant à dissiper ces rumeurs, Mousa Abu Marzouk a déclaré lundi à la chaîne de télévision iranienne al-Alam que les dirigeants du groupe terroriste ne déménageraient pas en Irak, en Syrie ou en Turquie, ajoutant que « tout déménagement potentiel, non prévu à l’heure actuelle, se ferait en Jordanie ».
« La Jordanie est un pays qui soutient la résistance palestinienne et le Hamas entretient des relations harmonieuses avec le gouvernement jordanien », avait-il assuré.
En 1999, la direction du Hamas a été expulsée de Jordanie et ses bureaux fermés par le roi Abdallah II. Le roi nouvellement nommé accusait le groupe terroriste d’interférer dans les relations délicates de la Jordanie avec son importante population palestinienne.
Doha accueille les dirigeants du politburo du Hamas, dont Ismail Haniyeh, depuis 2012, et est devenu un médiateur clé dans la guerre entre le groupe terroriste et Israël, en particulier dans les efforts visant à obtenir la libération des otages et un accord de trêve.
Le pays est aussi l’un des principaux bailleurs de fonds du Hamas, transférant chaque année des centaines de millions de dollars au groupe terroriste.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, Majed al-Ansari, a déclaré la semaine dernière que tant que se poursuivraient ses efforts de médiation dans la guerre entre Israël et le Hamas, il n’était pas prévu de fermer le bureau du bureau politique du Hamas.
Selon le site d’information Ynet, les propos d’Abu Marzouk auraient suscité la colère du gouvernement jordanien. Citant les services de renseignement jordaniens, le reportage indique que le royaume pense que l’idée a été lancée par l’Iran après la participation de l’armée jordanienne à une coalition dirigée par les États-Unis qui a intercepté l’attaque de missiles et de drones contre Israël les 13 et 14 avril.
Le reportage indique que le gouvernement jordanien a dépêché un diplomate de longue date, Ziad Majali, pour réfuter sans tarder cette idée.
« Le Hamas se comporte comme s’il n’y avait pas d’État ou d’autorité en Jordanie qui déciderait et déterminerait comment agir et comment se comporter », aurait déclaré Ziad Majali. « La Jordanie a clos le chapitre des cellules palestiniennes et nous n’avons pas l’intention de le rouvrir. »
Alors que des manifestations anti-Israël ont régulièrement lieu en Jordanie, une source sécuritaire de haut rang dans le pays a déclaré à Ynet que de nombreuses personnes détenues lors de ces manifestations « ont été démasquées comme agissant au nom des chefs du Hamas ou ayant reçu de l’argent pour participer à des manifestations », et sont maintenues en prison.
« Nous les maintenons en détention parce que l’époque où les organisations palestiniennes faisaient ce qu’elles voulaient en Jordanie est révolue. Nous sommes un royaume organisé avec des priorités politiques et nous ne permettons à personne d’interférer dans nos affaires », a déclaré la source.
Des dizaines d’années avant son conflit avec le Hamas, la Jordanie est entrée en conflit ouvert avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dirigée par Yasser Arafat en 1970, au cours d’une période connue sous le nom de « Septembre noir », durant laquelle des milliers de Palestiniens ont été tués.
A l’issue de ce violent conflit, l’OLP a été chassée des grandes villes jordaniennes et le roi de l’époque, Hussein, a consolidé son pouvoir. Arafat, qui cherchait à renverser la monarchie jordanienne, avait trouvé refuge au Liban.
L’organisation terroriste qui a pris ensuite le nom de Septembre noir a assassiné le Premier ministre jordanien Wasfi Tall en 1971 et mené la prise d’otages des athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972, dont onze d’entre eux ont été assassinés.