Israël en guerre - Jour 570

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La police fait appel à la Garde nationale controversée pour les manifestations anti-gouvernement

Ce service d'ordre controversé mais défendu par le ministre Itamar Ben Gvir avait été initialement créé pour réprimer les émeutes dans les localités arabes et les villes mixtes

Des officiers de la Garde nationale, reconnaissables à leurs écussons aux manches de leur uniforme, portant un protestataire lors d'une manifestation contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et appelant à la fin de la guerre à Gaza, le 19 mars 2025. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)
Des officiers de la Garde nationale, reconnaissables à leurs écussons aux manches de leur uniforme, portant un protestataire lors d'une manifestation contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et appelant à la fin de la guerre à Gaza, le 19 mars 2025. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Alors que les manifestations contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son gouvernement se sont intensifiées ces derniers jours, la police a commencé à déployer des agents d’une nouvelle force de police, la Garde nationale. Cette dernière a été accusée d’avoir eu recours à un usage excessif de la force dans ses opérations de répression des mouvements de protestation.

Des membres de cet escadron, fruit d’une idée controversée qui avait émané du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ont été filmés ces derniers jours en train de frapper, de donner des coups de pied et de jeter des manifestants à terre lors de manifestations à Jérusalem et à Tel Aviv.

Dimanche, alors que des centaines de manifestants protestaient contre le vote de défiance du cabinet à l’encontre de la procureure générale Gali Baharav-Miara devant la résidence privée de Netanyahu à Jérusalem, une dizaine d’officiers de la Garde nationale se sont frayés un chemin jusqu’au premier rang des manifestants pour monter des barricades de contrôle de la foule, aux côtés des policiers qui se trouvaient déjà sur place.

Des affrontements ont éclaté peu après, les forces de sécurité arrêtant trois manifestants, selon la police. Sur place, des policiers ont été vus en train de pousser violemment des manifestants sur l’asphalte.

La création d’une force de défense civile, officiellement destinée à protéger le pays contre les menaces internes, était depuis longtemps l’une des principales revendications de Ben Gvir. Ce dernier a repris ses fonctions mercredi, après avoir quitté le gouvernement en janvier pour protester contre les modalités de l’accord de cessez-le-feu à Gaza.

C’est sous le gouvernement de l’ancien Premier ministre Naftali Bennett que l’idée d’une garde nationale avait émergé pour la première fois, en réaction à la mauvaise gestion par la police des émeutes inter-communautaires qui avaient éclaté dans les villes mixtes au mois de mai 2021, lors d’un précédent conflit avec Gaza.

Les écussons distinctifs de la Garde nationale, subordonnée à la police des frontières israélienne, lors d’une manifestation anti-gouvernement, à Jérusalem, le 23 mars 2025. (Crédit : Charlie Summers/Times of Israel)

Le recours aux agents de la police des frontières qui avaient été dépêchés pour réprimer les violences qui avaient éclaté entre les résidents juifs et arabes avaient mis ces derniers à rude épreuve – ce qui avait conduit à demander le renforcement de leurs effectifs par une force auxiliaire. Mais les projets naissants du gouvernement étaient restés lettre morte avec la chute de la coalition Bennett-Lapid en 2022.

Devenu ministre de la Sécurité nationale à la fin de la même année, Ben Gvir avait commencé à plaider en faveur de la formation d’une Garde nationale avec une exigence supplémentaire : celle que cette force soit placée sous son autorité directe. Contrairement aux plans de Ben Gvir, la Garde nationale aura finalement été intégrée à la gendarmerie de la police des frontières.

Les membres de cette Garde s’habillent comme des agents réguliers de la police des frontières et ils ne se distinguent que par des écussons, sur chaque bras, qui portent le nom et l’insigne de la force, respectivement.

L’accord de coalition que le parti Otzma Yehudit de Ben Gvir avait signé avec le Likud à la suite des élections législatives de 2022 avait révélé que le ministre d’extrême-droite avait cherché à subordonner directement la Garde à son propre bureau.

Cependant, sa proposition avait été critiquée par l’ancien chef de la police, Yaakov Shabtaï, qui avait déclaré que l’accord envisagé aurait « un coût très élevé, au point de nuire à la sécurité personnelle des citoyens ».

Avant son renvoi, l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant s’était également prononcé contre cette idée dans une lettre adressée à Ben Gvir, le mettant en garde contre le fait « qu’il n’y a pas de place en Israël pour les milices privées ».

L’initiative de Ben Gvir a été finalement officialisée au mois de janvier, lors d’une cérémonie d’inauguration qui a été organisée à l’Académie nationale de police de Beit Shemesh. Ben Gvir a placé la force sous le commandement du général de division Nahshon Nagler, ancien chef du district du Néguev au sein de la police israélienne.

S’exprimant lors de l’événement, le chef de la police israélienne, Danny Levy, a défini les objectifs de la Garde en disant qu’elle aurait la charge « de gérer les émeutes et de lutter contre la criminalité, en mettant l’accent sur la communauté arabe ».

De gauche à droite : le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, le chef de la police israélienne Danny Levy et le nouveau chef de la Garde nationale Nahshon Nagler lors de l’inauguration de la Garde nationale à l’Académie nationale de police de Beit Shemesh, le 15 janvier 2025. (Crédit : Capture d’écran/Ynet)

Ben Gvir a également pris la parole lors de l’événement, saluant la création de la Garde nationale : « La réalisation de ma vision personnelle, » a-t-il précisé. Il a ajouté que cette force « mènerait des opérations dans le Néguev et en Galilée, dans les villes mixtes et dans tous les endroits où il y a un problème de gouvernance ».

Cependant, il semble désormais que cette force joue un rôle plus actif dans la répression des manifestations anti-gouvernement – avec parallèlement une nette augmentation des violences policières contre les protestataires, ces derniers jours.

« Il y a cinq jours, après plusieurs semaines de calme relatif, une vague inquiétante de violences policières graves et effrénées a éclaté », a écrit dimanche le groupe de veille sur les violences policières Alimut Israel dans un message qui a été publié sur le réseau social X.

« Des informations sur les incidents récents continuent d’affluer, parfois avec plusieurs jours de retard, à mesure que ceux qui les documentent parviennent à se remettre du traumatisme et à partager ce qui s’est passé. »

Ben Gvir s’est souvent plaint que la police n’avait pas été suffisamment sévère envers les manifestants anti-gouvernement, qu’il qualifie « d’anarchistes », et il a, par le passé apporté son soutien à des policiers qui faisaient l’objet de poursuites pénales pour avoir blessé des manifestants.

En août 2024, le ministre avait promu l’officier de police Meïr Suissa à un grade supérieur, alors qu’il faisait l’objet d’une enquête pour avoir ordonné le lancement de grenades incapacitantes sur des manifestants un an auparavant, faisant deux blessés qui avaient dû être hospitalisés.

Des officiers de la Garde nationale ont été filmés ces derniers jours en train de frapper et de donner des coups de pied à des manifestants assis au sol, contrairement à la conduite habituelle de la police qui consiste à les soulever et à les éloigner.

Lors de la dispersion particulièrement brutale d’une manifestation des opposants à la guerre, mardi soir, à Jérusalem, un officier de la Garde nationale a été vu en train de retrousser sa manche alors qu’il s’approchait d’une femme à genoux qui semblait essayer d’aider une autre protestataire, l’attrapant finalement par les épaules et la jetant à terre. Elle a atterri sur le dos.

Les manifestants ne sont pas allés jusqu’à bloquer les routes cette nuit-là, préférant s’asseoir sur la rue piétonne Ben Yehuda sans perturber la circulation. Cependant, la manifestation a dégénéré de manière violente.

Michal Deutsch, une militante anti-gouvernement de premier plan, a déclaré dans les colonnes du quotidien Haaretz qu’un policier lui avait donné un coup de pied, lui cassant le bras, alors qu’elle essayait de l’empêcher de frapper un autre manifestant.

Une autre militante a déclaré au Times of Israel qu’elle et d’autres manifestants avaient rassemblé quelque 80 vidéos documentant les violences policières commises au cours de cette seule nuit.

S’adressant à Haaretz, la police israélienne a déclaré que « toutes les unités dans toutes les régions du pays sont en opération pour maintenir l’ordre public et la sécurité des citoyens », ajoutant que le chef de la police « peut activer la Garde nationale, tout comme les autres unités de police, en fonction des exigences opérationnelles ».

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