Lapid remercie les dirigeants de la JFNA pour leur rejet de la refonte judiciaire
Le chef de l'opposition a dit soutenir les appels à la négociation du président Herzog, et a insisté sur l'arrêt des avancées législatives
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a répondu à une lettre ouverte que les Fédérations juives d’Amérique du Nord (JFNA) lui ont envoyée, ainsi qu’au Premier ministre Benjamin Netanyahu, mardi, en acceptant en principe les appels au compromis des organisations sur la réforme du système judiciaire proposée par le gouvernement.
Dans leur lettre très inhabituelle, les Fédérations juives ont exprimé leurs graves préoccupations concernant les propositions actuelles du gouvernement, en particulier son projet de permettre à la Knesset d’annuler les décisions de la Cour suprême avec une majorité simple de 61 sièges, et ont appelé Netanyahu, Lapid et le reste des politiciens du pays à trouver un consensus sur les réformes judiciaires sous les auspices du président Isaac Herzog.
« Je soutiens vos deux points », a écrit Lapid dans une lettre adressée à la JFNA en réponse, qui a été obtenue en exclusivité par le Times of Israel.
« Comme vous le savez, j’ai proposé une commission et je soutiens le dialogue basé sur le cadre des efforts du président Herzog », a-t-il ajouté, faisant référence à un plan en cinq points présenté par le président.
Toutefois, Lapid a déclaré qu’il n’entamerait de telles négociations que si la coalition mettait un terme à sa poussée législative actuelle – une demande également formulée par Herzog – ce que Netanyahu a jusqu’à présent refusé de faire.
« Nous devons arrêter la législation et entamer des négociations à la résidence présidentielle, comme l’a expliqué le président et tous ceux qui craignent l’éclatement de la démocratie israélienne. Le gouvernement doit immédiatement arrêter ses efforts législatifs afin que nous puissions tenir des pourparlers et atteindre un consensus national », a écrit Lapid.
Dans une vidéo publique, Netanyahu a déclaré qu’il était ouvert aux pourparlers, mais sans conditions préalables, ce qui signifie que sa coalition n’arrêterait pas ses efforts législatifs, ce que l’opposition a comparé à des négociations avec un « pistolet sur la tempe ».
En réponse à la lettre de Lapid et à la vidéo de Netanyahu, la présidente de la JFNA, Julie Platt, a déclaré qu’elle appréciait que les deux dirigeants se disent ouverts aux discussions et qu’elle espérait qu’ils pourraient concilier leurs différences.

« Nous sommes conscients qu’il y a encore un écart entre les deux réponses, le Premier ministre appelant à des négociations sans condition préalable et le chef de l’opposition demandant d’abord un gel de l’activité législative. Cette différence peut certainement être surmontée dans l’intérêt de l’unité essentielle du peuple juif », a déclaré Platt.
« Nous exhortons les deux leaders à le faire de toute urgence afin que les négociations puissent commencer le plus rapidement possible. Nous remercions à nouveau le président Herzog pour son rôle important et courageux dans ce débat », a-t-elle ajouté.
La lettre publique de la JFNA représente une rupture majeure par rapport à la pratique de longue date de la JFNA et d’autres organisations juives traditionnelles qui s’abstiennent de s’exprimer sur les questions internes à Israël, s’en remettant au peuple et au gouvernement israéliens sur ces questions.
Un porte-parole de la JFNA a cependant nié que cela représentait un changement de politique, car elle a par le passé publié des déclarations et des lettres ouvertes sur les décisions gouvernementales relatives au mur Occidental et au pluralisme religieux en Israël. « Les Fédérations juives ont toujours défendu les intérêts de la communauté juive d’Amérique du Nord, c’est pourquoi nous sommes actifs sur des questions telles que l’accord [sur le mur Occidental], le pluralisme religieux et une société civile inclusive en Israël depuis des dizaines d’années », a déclaré le porte-parole.
Toutefois, ces exemples portaient directement sur des questions relatives à la communauté juive internationale, tandis que la lettre envoyée mardi se concentrait sur une question plus clairement interne à Israël.
Dans la missive, la JFNA a mis en garde contre un « changement radical » du système d’équilibre des pouvoirs et s’est dit profondément préoccupée par le « débat de plus en plus acrimonieux » qui a lieu sur les plans du gouvernement.

« L’essence de la démocratie est à la fois la règle de la majorité et la protection des droits des minorités », a écrit le groupe dans sa lettre ouverte.
« Nous reconnaissons que tout système de freins et de contrepoids sera différent de celui de nos propres pays, mais un changement aussi radical du système de gouvernance israélien aura des conséquences de grande portée en Amérique du Nord, tant au sein de la communauté juive que dans la société en général », a-t-il ajouté.
Avec sa lettre, la JFNA a rejoint une liste croissante de groupes juifs internationaux qui ont appelé à un compromis entre le gouvernement et l’opposition sur le projet de réforme judiciaire, dont les opposants préviennent qu’il sapera la démocratie et effacera l’indépendance du système judiciaire, donnant un contrôle total à la coalition au pouvoir.