Le fils d’un président syrien dit pouvoir aider à trouver les restes d’Eli Cohen
Khalid al-Hafidh, qui vit en Nouvelle-Zélande, a déclaré aux médias locaux que le Mossad avait sollicité son aide mais s'est retiré après qu'il a demandé un million de dollars
Le fils d’un ancien dirigeant syrien, au pouvoir lors de l’exécution de l’espion israélien Eli Cohen, a déclaré qu’il pensait pouvoir aider Israël à découvrir la cachette de la dépouille de Cohen, en échange d’une importante somme d’argent, selon l’émission néo-zélandaise Newshub.
Khalid al-Hafidh, fils de l’ancien président syrien Amin al-Hafiz, s’est installé en Nouvelle-Zélande en tant que réfugié et vit actuellement à Auckland, selon le reportage.
Il a confié à Newshub dimanche que l’agence d’espionnage israélienne du Mossad lui avait fait part de son intérêt au sujet d’informations sur la localisation des restes du corps de Cohen.
Hafidh a ajouté qu’il y a deux ans, les services secrets néo-zélandais (NZSIS) avaient tenté de négocier un accord au nom du Mossad, dans les termes duquel Hafidh disait tout ce qu’il savait et tentait d’obtenir des informations auprès d’amis de son père, en échange d’un million de dollars.
« Je suis le fils de la seule personne sur la planète qui sait où sont enterrés ses restes », a déclaré Hafidh. « Ils voulaient mon aide. »
Cohen, qui a espionné en Syrie pour le compte d’Israël dans les années 60, a communiqué d’importants renseignements qui ont grandement aidé l’armée israélienne durant la guerre des Six Jours, en 1967. Cohen a été attrapé et exécuté par les autorités syriennes en 1965. Israël tente depuis de rapatrier sa dépouille.
Hafidh a déclaré à Newshub que lorsque le NZSIS l’a contacté, ils ont précisé agir au nom d’une autre agence.
« Je coopérais avec les services secrets néo-zélandais dans une mission avec Israël pour aider à trouver – à tenter de trouver – les restes de l’espion israélien Eli Cohen », a-t-il dit.
Il aurait été contacté par SMS et aurait échangé avec un agent appelé « Carl ».
Dans certains messages montrés à Newshub, Carl écrit : « j’ai transmis votre réponse à notre partenaire et j’attends une réponse ».
Dans un autre message, l’agent a écrit : « assurez-vous de votre sécurité pour l’avenir ».
Hafidh a déclaré qu’il avait demandé un million de dollars pour ses services, prenant en compte les dangers que représente une visite dans un pays ravagé par la guerre et la possibilité que sa collaboration avec le Mossad ne soit découverte.
Dans un message adressé à Carl, il a écrit : « Un million minimum pour le lancement. Merci », et a communiqué ses coordonnées bancaires.
Mais le Mossad aurait abandonné le projet et n’a jamais répondu.
« Je leur rappelle que c’est eux qui sont venus vers nous et la gêne qu’il vous ont occasionnée », a écrit Carl à Hafidh.
« Nous leur avons dit que ce silence radio est inacceptable. nous leur avons dit que si nous n’avons pas de nouvelles d’ici la fin de la semaine, nous ne participerons plus. »
Il n’y a plus eu aucun contact après cela.
Admettant qu’il avait des dettes, Hafidh a expliqué : « je ne voulais pas faire ça pour l’argent. Je ne voulais pas le faire pour le Mossad. Je voulais le faire pour la femme et les enfants d’Eli Cohen. Mes intentions étaient bonnes », a dit Hafidh. « Ça a mal, très mal tourné. »
Il s’est toutefois dit toujours disposé à aider.
Ayant le sentiment d’avoir été traité injustement, Hafidh a porté plainte auprès de l’Inspecteur général du renseignement et de la sécurité, qui lui a répondu que sa « plainte était fondée ».
L’inspecteur a indiqué que le NZSIS est « dans l’obligation de faire attention à ne pas blesser ses sources humaines », a rapporté Newshub.
« Votre plainte soulève la question de savoir si le NZSIS a pris des mesures raisonnables dans ses actions envers vous », a écrit l’inspecteur.
Le NZSIS a déclaré dans un communiqué qu’il « travaille avec une variété d’agence de renseignement à l’international » et que cette « coopération contribue de manière significative à la sécurité intérieure de la Nouvelle Zélande ».
Le terme « partenaire » est fréquemment employé lorsqu’il est question d’autres agences et « ne signifie pas qu’il y a une relation spéciale ni une approbation », ont indiqué les services de sécurité.
La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern et l’ambassadeur israélien n’ont pas réagi au reportage de Newshub.
Amin al-Hafiz était président syrien en 1964 et 1965, jusqu’à ce qu’il soit écarté du pouvoir. Après des années d’exil en Irak, Hafiz est retourné en Syrie où il est décédé en 2009. Il était un ami personnel de Cohen, qu’il croyait Syrien.
Hafidh a déclaré à Newshub qu’en dépit des circonstances entourant la mort de Cohen, son père se serait assuré qu’il soit convenablement enterré.
Il y a eu un regain d’intérêt pour Eli Cohen suite à la sortie cette année sur Netflix de « The Spy« , qui raconte son histoire. Il est incarné par Sacha Baron Cohen.
La dépouille de Cohen n’a pas encore été rendue, malgré les demandes de sa famille. L’année dernière, Israël a pu récupérer la montre-bracelet de Cohen en Syrie et la rendre à sa famille.
JTA a contribué à cet article.