Le fondateur israélien de Telegrass échappe à la police en Ukraine
Sur le point d'être extradé vers Israël sur ordre de la Cour suprême ukrainienne, Amos Dov Silver a pris la fuite
Amos Dov Silver, fondateur du réseau de vente de cannabis Telegrass, a fui la police ukrainienne dans la nuit de jeudi à vendredi, avant son extradition vers Israël, a indiqué la police israélienne vendredi matin.
Silver a pris la fuite quelques heures après que la Cour suprême ukrainienne a approuvé la demande d’extradition afin qu’il soit poursuivi pour entreprise criminelle.
Selon les médias, Silver a échappé aux policiers ukrainiens quelques instants avant d’embarquer à bord d’un vol pour Tel Aviv. La Douzième chaîne a indiqué que Silver s’était rué dehors dès que les policiers ont retiré son bracelet électronique, afin qu’il puisse passer par le détecteur de métaux.
Il a été vu pour la dernière fois traversant le Duty Free de l’aéroport de Kiev.
Les forces de sécurité ukrainiennes ont passé l’aéroport au peigne fin, munis d’une photo de Silver prise quelques minutes avant qu’il ne s’évapore. La police locale a fait savoir qu’elle pensait l’arrêter rapidement.
Le quotidien Haaretz a indiqué qu’Israël avait l’intention d’envoyer un responsable pour accompagner Silver en Israël, mais personne n’est arrivé à temps pour son vol de vendredi matin.
La police israélienne a affirmé être en contact avec ses homologues ukrainiens et qu’elle suivait des près les efforts mis en œuvre pour l’interpeller.
En avril, les procureurs ont inculpé 27 personnes soupçonnées d’être impliquées dans le projet Telegrass.
En mars, la police avait mis un terme aux activités de ce marché en ligne de marijuana, qui utilisait l’application de messagerie Telegram. Quarante-deux de ses membres présumés avaient ainsi été arrêtés en Israël, aux Etats-Unis, en Ukraine et en Allemagne, dont son fondateur Amos Dov Silver.
Les suspects devront répondre de chefs d’accusation variés, notamment de trafic de drogue, d’encouragement de la délinquance de mineurs, de possession de stupéfiants pour une autre raison que la consommation personnelle, d’obstruction à la justice, de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale.
Selon les actes d’inculpation, les responsables du réseau avaient fait en sorte de dissimuler leurs revenus en utilisant des crypto-devises telles que le Bitcoin.
Selon le bureau du procureur de l’Etat, des centaines de millions de shekels auraient circulé sur le réseau au cours des deux dernières années, les suspects assurant la liaison entre plus de 3 000 vendeurs et quelque 200 000 consommateurs. Les accusés auraient empoché une somme s’élevant à approximativement 30 millions de shekels grâce à ces transactions.
Si la marijuana reste la drogue la plus vendue sur Telegrass, les procureurs ont noté que d’autres stupéfiants tels que le LSD ou l’ecstasy étaient également commercialisés.
La police a interrogé 90 individus au cours de cette enquête qui aura duré une année, dont 50 en tant que suspects. Elle a reçu l’aide des forces de l’ordre aux Etats-Unis, en Allemagne, en Ukraine, en Roumanie, en France et aux Pays-Bas.
Au mois de février 2018, la liste complète des quelque 3 500 vendeurs de Telegrass avait été publiée en ligne, incluant leurs noms, leurs données personnelles et des vidéos accablantes.
Durant les années qui ont précédé son arrestation, Silver, le fondateur de Telegrass, était un militant pour la légalisation du cannabis, notamment en organisant la manifestation la plus audacieuse pour la légalisation du cannabis de l’histoire d’Israël : la nuit du Big Bong.
En mars, Silver avait écrit une lettre à la police israélienne depuis sa prison ukrainienne : « Vous pouvez briser mon esprit, et même détruire mon esprit, mais vous commettez une grave erreur. L’image déformée et étrange que vous cherchez à dépeindre, tout en violant et piétinant mes droits fondamentaux afin de me faire condamner pour un crime que je n’ai pas commis, [est vouée à l’échec] ».
Ces dernières années, Israël a pris des mesures autorisant l’usage de cannabis médical. Le pays est sur le point d’en devenir un grand exportateur mondial. L’utilisation de cette substance à des fins récréatives reste illégale, bien que les responsables politiques, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, aient récemment annoncé qu’ils envisageaient d’assouplir la loi.