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Le goodie en hébreu associé à Kamala Harris ? Une virgule et une syllabe

A la fois jeu de mots visuel et guide pour prononcer correctement le nom de la candidate, ce produit dérivé illustre le regain d'enthousiasme des Juifs pour le ticket démocrate

Populaire jeu de mots visuel en hébreu avec le nom de Kamala Harris, un des nouveaux goodies très en vogue chez les Démocrates juifs. (Design par Jackie Hajdenberg/ JTA)
Populaire jeu de mots visuel en hébreu avec le nom de Kamala Harris, un des nouveaux goodies très en vogue chez les Démocrates juifs. (Design par Jackie Hajdenberg/ JTA)

JTA – Jusqu’à il y a peu, les affaires n’étaient pas excellentes pour Michael Zorek, acteur retraité qui vendait des pin’s politiques humoristiques chaque dimanche aux clients du marché installé devant le Musée américain d’histoire naturelle de New York.

Il n’était pas rare, pour lui, de ne vendre que cinq pin’s à l’effigie de Joe Biden. Mais depuis le mois dernier, date à laquelle Kamala Harris est devenue candidate des démocrates à la présidence, ses ventes ont grimpé en flèche. Désormais, dit-il, il vend jusqu’à 150 pins Harris en une seule journée.

Cette hausse des ventes est le reflet de l’enthousiasme suscité par la campagne de Harris, et elle concerne également l’une des spécialités de Zorek : ses pins Harris en hébreu, surtout celui composé d’une virgule [NDLT : « Comma » en anglais] et des lettres de l’alphabet hébreu « lamed » et « hé », qui forment le son « la , et expliquent donc visuellement comment prononcer le prénom de Harris ». [NDLT : Le prénom Kamala se prononce, en anglais « Comma-la »]

A ce jour, Zorek, qui reverse 25 % de ses recettes à un collectif d’organisations progressistes, pense avoir vendu trente à quarante pin’s avec ce design. Il confie que son rabbin lui en a demandé un, comme ses voisins et jusqu’à des amis installés à l’étranger.

« Les gens m’envoyaient des images en me disant : « Je crois que cela ferait un super pin’s. » Parmi eux, cette virgule, explique-t-il. « Il se vend très bien dans notre quartier de l’Upper West Side. »

Zorek n’est pas le seul et unique fournisseur de pin’s politiques juif à avoir constaté une forte augmentation de ses ventes depuis le début de la campagne de Harris.

Selon le Conseil démocratique juif d’Amérique, soutien officiel du parti, les ventes de sa boutique ont augmenté de 2 700 % depuis que Biden s’est retiré de la course. L’organisation fait la promotion de ses pin’s, t-shirts et tote bags frappés de slogans en hébreu comme « Momala présidente » ou « Kamala 2024 ». Un autre slogan, concernant le mari juif de Harris, Doug Emhoff, dit : « Doug, Premier Mensch ».

« C’est la preuve du fort enthousiasme que soulève cette candidature en ce moment, en particulier au sein de la communauté juive », analyse Jacob Spiegel, directeur adjoint de la communication de la JDCA.

Le visuel « comma-la » de Zorek est un peu partout sur les sites et réseaux sociaus juifs, depuis quelques semaines, semblable à un autre dessin très répandu en anglais. Inspiré de l’explication donnée par Harris en 2019, dans son livre, de son prénom, tiré du sanskrit, reflet de ses racines sud-asiatiques, le design joue sur la façon de prononcer « Kamala », les militants conservateurs – Coalition juive républicaine en tête – ayant manifestement toutes les peines du monde à le prononcer.

On retrouve désormais ce concept sur des sites Internet de vente de t-shirts et la JTA a recueilli le témoignage d’artisans fabriquant des pin’s chez eux pour leurs amis. D’autres se contentent de relayer l’image sur les réseaux sociaux ou en font leur photo de profil.

La vice-présidente Kamala Harris et le second gentilhomme Douglas Emhoff s’embrassant lors d’un événement d’allumage de la ménorah de Hanoukka, dans la salle Est de la Maison Blanche, à Washington, le 1er décembre 2021. (Crédit : Susan Walsh/AP)

Personne ne semble savoir d’où vient ce phénomène. Katherine Falk, rédactrice de contenus Internet et créatrice de bijoux découpés au laser, se rappelle avoir vu pour la première fois cette image dans le groupe Facebook Jewish Women for Kamala Harris, et avoir pensé que le design ferait de très belles boucles d’oreilles.

« Ils parlaient de ce gars, à New York, qui vendait des pin’s avec ce design », explique Falk. « Je l’ai contacté pour lui demander : « Est-ce que c’est OK pour vous ? Voulez-vous que l’on s’associe ? Ce à quoi il m’a répondu : ‘Eh bien, ce n’est pas moi non plus qui suis à l’origine de ce design ! Je ne sais pas qui l’a fait ! Prenons-le comme un cadeau pour le moment.’ »

Le designer en question est bien évidemment Zorek. Il a expliqué à la JTA avoir reçu des idées de design par e-mail, SMS et messages Facebook Messenger de la part d’amis, dont la fameuse version en hébreu du design « comma-la ».

Falk a vendu quatre paires de boucles d’oreilles « comma-la » depuis qu’elle a commencé la fabrication, il y a de cela deux semaines, et elle reverse une partie de ses recettes à la campagne Harris-Walz. Elle a également fabriqué des boucles d’oreilles sur lesquelles on peut lire « vote » et « dayenu », ce qui signifie « assez », pour parler de la fin des années Trump.

« Je suis résolument à gauche sur le plan politique, mais j’aime aussi faire des choses qui plaisent », confie Falk. « Et j’aime vraiment l’idée de le dire avec des boucles d’oreilles. Je n’ai jamais vraiment aimé porter des T-shirts à slogan. J’aime le côté subversif du petit message sur le lobe de l’oreille. Et j’aime jouer avec les formes des lettres. »

L’histoire des produits dérivés dans les campagnes électorales soutenues par les Juifs américains est fort ancienne. Le tout premier pin’s présidentiel américain destiné à l’électorat juif est apparu lors de la campagne de William Jennings Bryan, en 1900, au moment-même où se produisait une importante vague d’immigration juive en provenance d’Europe de l’Est. Sur ce pin’s, on pouvait lire dans un yiddish germanisé et mal orthographié : « Je vote pour Bryan et Stevenson ». (Bryan perdra contre William McKinley.)

Un échantillon des pin’s et magnets à la gloire de Kamala Harris que Michael Zorek vend dans l’Upper West Side. (Avec l’aimable autorisation de Michael Zorek via la JTA)

Depuis plus d’un siècle, les goodies de campagne destinés à l’électorat juif se sont multipliés, des pin’s au nom des candidats en yiddish ou en hébreu aux kippot et T-shirts avec des jeux de mots, des insultes en yiddish ou des slogans amusants. Le phénomène a culminé en 2000 lorsque les démocrates ont présenté Joe Lieberman, un juif pratiquant, comme candidat à la vice-présidence. Et lors de la Convention nationale démocrate de 2016, Bill Clinton a été vu portant un pin’s sur lequel on pouvait lire « Hillary » en hébreu.

Les vendeurs pro-Trump vendent eux aussi chapeaux, t-shirts, pin’s et autocollants au nom de leur candidat, en hébreu, parfois assorti de l’année selon le calendrier juif.

Il se vend par ailleurs des articles plus spécifiquement juifs, comme ces toupies MAGA dont les faces sont revêtues des quatre lettres de l’acronyme de « Make America Great Again ». (La Coalition juive républicaine n’a actuellement qu’un seul article disponible dans sa boutique en ligne, un autocollant en vinyle sur lequel on peut lire « Républicain juif et fier de l’être ».)

De l’avis de certaines personnes, les goodies en hébreu associés à Harris tombent à plat.

Consultante en art et historienne au Canada, Pamela Gordon, qui a elle aussi repéré l’image de cette virgule surmontée de lettres de l’alphabet hébreu dans le groupe Facebook Jewish Women for Kamala, estime que le visuel n’est pas bon, ne serait-ce que parce que les deux lettres de l’alphabet hébreu peuvent facilement être mal interprétées.

« La première fois, je n’ai pas pris la virgule pour ce qu’elle est. J’ai juste vu ‘la’ en hébreu, que j’ai lu comme ‘lo’ », explique Gordon à la JTA. « Je me suis dit que ça voulait dire « Non ». Et comme le groupe Facebook parlait de Kamala, je me suis dit : « Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Non à Kamala ? » Pour moi, cela n’a aucun sens. »

Gordon, qui n’est pas citoyenne américaine, a fait campagne pour Hillary Clinton en Pennsylvanie en 2016 et est retournée vivre au Canada lorsque Donald Trump a remporté les élections cette année-là.

Sa préférence va à des symboles plus clairs.

« Là, il y a effectivement de l’hébreu, mais c’est de l’hébreu qui peut aisément se lire comme quelque chose de négatif. Je pense donc que ça la dessert au final », conclut-elle.

« C’est un si beau nom. Il serait très beau, épelé en hébreu ou en yiddish, avec les voyelles. »

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