Les hostilités avec Gaza, un rappel qu’Israël ne peut se laisser ni distraire ni diviser
La cohésion interne d'Israël n'est ni un luxe ni un idéal, mais un élément central de notre capacité à résister à nos ennemis, à survivre et à prospérer
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Depuis le début de la journée de mercredi, les tirs de roquettes de Gaza sur le sud d’Israël ont cessé et un fébrile cessez-le-feu est entré en vigueur. Ce cessez-le-feu intervient après une journée de conflit transfrontalier mardi, au cours de laquelle plus de 100 projectiles ont été tirés sur Israël, déclenchée par la mort de Khader Adnan – un membre du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien qui devait être poursuivi pour activités terroristes – dans une prison israélienne, après 86 jours de grève de la faim.
Moins d’un mois s’est écoulé depuis la dernière attaque à la roquette en provenance de la bande de Gaza dirigée par le groupe terroriste palestinien du Hamas, qui a été suivie de violents affrontements sur le mont du Temple, avec notamment l’entrée des forces de sécurité israéliennes dans la mosquée Al-Aqsa pour affronter ce que la police a décrit comme des « agitateurs » qui s’étaient barricadés à l’intérieur à l’aide de pétards, de gourdins et de pierres.
Et même si ce dernier fragile cessez-le-feu tient, il ne fait guère de doute que le prochain cycle de conflit entre Israël et les groupes terroristes de Gaza soutenus par l’Iran, qui cherchent ouvertement à faire disparaître notre pays, ne saurait tarder – et cela ne devrait pas prendre très longtemps d’ailleurs.
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Alors que certains membres de la coalition prônent avec grandiloquence des réponses « écrasantes » aux attaques à la roquette, et que certains membres de l’extrême-droite, y compris des ministres, veulent envoyer Tsahal reconquérir Gaza 18 ans après le « Désengagement » d’Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a montré aucune intention de reprendre le contrôle des 2 millions de Palestiniens de la bande de Gaza et a cherché, au contraire, à éviter l’escalade dans la mesure du possible.
Avant d’être incarcéré, Adnan vivait dans la région de Jénine, et les services de sécurité étaient bien conscients que la violence déclenchée par sa mort risquait de s’étendre au-delà de Gaza et en Cisjordanie.

De manière plus générale, Israël est parfaitement conscient des efforts déployés par l’Iran pour renforcer sa capacité à nuire à l’État juif sur plusieurs fronts à la fois, en renforçant son soutien aux groupes terroristes à Gaza, au Sud-Liban et ailleurs. Les affrontements à Al-Aqsa du mois dernier ont donné lieu non seulement à des tirs de roquettes en provenance de Gaza, mais aussi à la plus importante salve de roquettes en provenance du Liban depuis 2006, à une attaque de roquettes en provenance de Syrie, à un lancement de drone présumé iranien depuis la Syrie, et à des attaques terroristes meurtrières en Israël et en Cisjordanie.
Il y a deux semaines, lors d’une conférence de presse, le ministre de la Défense Yoav Gallant a prévenu que l’ère des « conflits isolés » touchait à sa fin et qu’Israël était « confronté à une nouvelle ère faite de menaces simultanées sur plusieurs front ».
« Pendant des années, nous avons pensé que les conflits isolés pouvaient être gérés, mais ce phénomène tend à disparaître », avait déclaré Gallant.
Il a désigné l’Iran comme la principale « force motrice » de cette menace multi-frontale, précisant qu’à mesure que le régime se rapproche « plus que jamais » d’une capacité d’armement nucléaire, il transfère « des ressources, une idéologie, des connaissances et une formation » à ses mandataires anti-Israël, notamment en finançant le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah à hauteur de 700 millions de dollars par an, le Hamas à Gaza avec quelque 100 millions de dollars, et des dizaines de millions de dollars supplémentaires au groupe terroriste du Jihad islamique palestinien.
Ce défi majeur nécessite, à son tour, une concentration accrue sur l’optimisation des capacités offensives et défensives d’Israël, et la recherche d’une action au moment, à l’endroit et à l’échelle de notre choix, plutôt que de répondre aux provocations de nos ennemis.
Israël ne peut jamais se permettre de se lancer dans un conflit sans avoir les objectifs stratégiques les plus clairs possibles, surtout dans le climat actuel, face à un Iran enhardi.
Manifestement, il ne peut pas non plus se laisser distraire ou affaiblir de l’intérieur, comme cela a été le cas au cours des quatre derniers mois, depuis que la coalition a concentré toute son attention, au détriment de presque tous les autres aspects de la gouvernance, sur ses efforts visant à radicalement remanier le système judiciaire. (La mort d’un prisonnier de sécurité en grève de la faim n’est pas un événement courant. Le ministre de la Sécurité nationale a-t-il, ne serait-ce que prêté attention à la mort imminente d’Adnan, et le cabinet de sécurité s’est-il préparé à gérer les conséquences de son ostensible martyr ?)
L’obsession de la coalition à affaiblir radicalement les freins et contrepoids de la démocratie israélienne a suscité des dissensions internes sans précédent, avec des conséquences si préjudiciables à nos besoins en matière de sécurité qu’elles ont entraîné un avertissement public de Gallant et un arrêt temporaire, à contrecœur, du processus législatif de la réforme judiciaire par Netanyahu.
Les ennemis d’Israël, et plus particulièrement l’Iran, sont constamment à la recherche de failles dans leur tentative incessante d’affaiblir et in fine de détruire le pays. La flambée de mardi n’est qu’un rappel de plus du voisinage toxique dans lequel nous vivons, et de l’immédiateté constante des dangers.

Contre toute attente, Israël ne s’est pas contenté de tenir ses ennemis à distance pendant trois quarts de siècle, il a construit une nation dynamique, avancée et étonnamment résiliente. Cette résilience est cruciale pour notre existence même. D’où l’impératif de maintenir un large consensus sur les principes et valeurs fondamentaux de notre pays.
Dans cette région dangereuse, la cohésion interne d’Israël n’est ni un luxe ni un idéal. C’est un élément central de notre capacité à résister à nos ennemis, à survivre et à prospérer.
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