Musée biblique de Jérusalem : Des images historiques et des lettres magiques émerveillent
Le musée des Terres bibliques élargit son champ d'action avec deux nouvelles expositions, l'une liée au 7 octobre 2023 et l'autre à l'alphabet hébraïque

L’hiver dernier, alors que les Israéliens tentaient encore de se remettre du traumatisme du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023 et de la guerre qui s’en est suivie à Gaza, la directrice du Musée biblique de Jérusalem, Risa Levitt, était tombée par hasard sur l’œuvre d’Eitan Rosenzweig, un soldat tué le 22 novembre de la même année au cours des combats au sein de l’enclave.
Elle avait été frappée par le rouleau illustré complexe que Rosenzweig avait réalisé dans le cadre de son projet final, en Terminale, alors qu’il participait à un programme artistique dans la yeshiva où il étudiait.
Long de trois mètres, ce rouleau dévoile un vaste réseau de symboles, de citations et d’images enluminées et entrelacées, tirés de la Bible et du Talmud, ainsi que de la littérature kabbalistique, de la poésie et de découvertes archéologiques.
« C’est comme un animé de la Torah, en gros », observe Levitt, en référence aux animations réalisées à la main et générées par ordinateur, originaires du Japon.
« C’est son interprétation de l’Histoire juive sur un rouleau de Torah. »
Levitt a transformé les œuvres de Rosenzweig en « Kuma », une exposition solo de ses images, une élégie à la mémoire du jeune artiste dont la vie a été tragiquement écourtée.

« Kuma » est l’abréviation de « Kuma, Mei-Afatzim Vekankantum », le nom donné par Rosenzweig au parchemin, en référence aux ingrédients utilisés pour créer l’encre des textes sacrés juifs.
Rosenzweig avait travaillé sur ce parchemin de la Torah pendant les quatre mois de la pandémie de COVID-19, avant d’être appelé sous les drapeaux. Il avait achevé son service obligatoire juste avant l’assaut du Hamas, le 7 octobre 2023. Il avait cependant été mobilisé pour servir en tant que réserviste.
En y regardant de plus près, les visiteurs peuvent voir que le rouleau est vaguement divisé en trois sections – depuis les premiers temps de l’Histoire juive, mettant en scène des personnages bibliques familiers tels que Titus, Job et l’Ecclésiaste, jusqu’à la Shoah, l’État d’Israël et les symboles de la vie israélienne contemporaine.
Les parents et la grand-mère de Rosenzweig sont des guides réguliers de l’exposition, et cela a été incroyablement thérapeutique pour eux, explique Levitt, qui a prolongé l’exposition tout au long de l’été, compte tenu du flux constant de visiteurs.

« Kuma » est l’une des deux expositions actuelles du Musée biblique de Jérusalem qui ne se réfère pas spécifiquement à l’archéologie, mais plutôt à l’étude de l’histoire ancienne avec une compréhension moderne – ce qui est l’un des objectifs de l’institution culturelle.
« Des lettres qui flottent dans les airs »
L’autre nouvelle exposition du musée, « Letters Soaring in the Air », a ouvert au mois de février et elle est consacrée aux vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque dans la tradition mystique juive, considérées comme les éléments constitutifs de la création.
Les œuvres présentées dans « Letters Soaring in the Air » sont le fruit d’une collaboration de six ans entre les artistes russo-israéliens Sergey Bunkov et Tenno Pent Sooster, une coopération à laquelle s’est également associé l’artiste en arts numériques Maxim Bunkov, étudiant à l’Académie Bezalel et fils de Sergey Bunkov.

Les œuvres mystiques et fantastiques en noir et blanc de Bunkov et Sooster retracent l’évolution de l’ancienne écriture cananéenne jusqu’à ses riches interprétations dans le mysticisme juif, où chaque lettre a des significations qui vont bien au-delà de son rôle dans le langage écrit, comme le montrent les images incluses dans chaque portrait.
« C’est intéressant pour nous parce que nous avons une galerie à l’étage qui parle de l’évolution de l’alphabet, du pictogramme à la première forme d’hébreu, en passant par l’hébreu moderne », a expliqué Levitt. « Nous exposons des objets qui illustrent les premières formes de l’hébreu. »
Maxim Bunkov a utilisé la réalité augmentée pour donner vie aux gravures en deux dimensions.
Chaque œuvre d’art peut être animée par les visiteurs à l’aide de l’application Artivive, qui leur permet de voir les lettres hébraïques se déplacer dans l’espace numérique, ce qui est particulièrement attrayant pour les plus jeunes.

Il existe également un lien avec « Kuma », l’œuvre d’art de Rosenzweig située à l’étage. Alors que Rosenzweig avait pris la Torah et qu’il l’avait remplie d’images, Bunkov et Sooster se sont penchés sur les lettres de l’alphabet et ils ont enrichi leur signification.
« Les lettres hébraïques, l’alphabet hébraïque, ne sont pas seulement un instrument d’écriture, même si nous les considérons comme quelque chose que l’on lit ou que l’on signe », déclare Levitt. « Mais même à l’époque rabbinique, l’alphabet a toujours été plus que cela. Il y a cette notion selon laquelle le monde a été créé à partir de ces lettres, que chaque lettre a une multitude de significations, toute la notion de guematria [une pratique mystique juive qui attribue des valeurs numériques aux mots] ou de numérologie, il y a la composante mystique. »
En plus de ces thèmes, les artistes ont également ajouté à leurs œuvres des références à leur propre histoire, de leur enfance en Union soviétique et de leur arrivée en Israël.

Levitt, professeure spécialisée en Bible hébraïque et étudiante en archéologie ancienne qui a dirigé le programme d’études juives à l’Université d’État de San Diego avant de s’installer en Israël en 2023 pour occuper le poste de directrice du musée, voit dans ces deux expositions une interconnexion entre l’Histoire, la culture, la théologie, la religion et l’Israël antique, ainsi que leur capacité à stimuler l’imagination des spectateurs.
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