Netanyahu : L’Iran « abasourdi » par nos raids et voit ses proxys « couler »
Dans une interview accordée au WSJ, le Premier ministre salue l'opération au Liban, dit avoir rejeté les appels à frapper le Hezbollah après l'assaut du Hamas et rejette toute trêve permanente à Gaza
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dans une interview publiée vendredi par le Wall Street Journal que l’Iran a été « abasourdi » par l’importante attaque de représailles d’Israël contre la République islamique en octobre et souhaite actuellement éviter tout conflit avec l’État juif,
Les Iraniens « ont été abasourdis lorsque nous avons détruit leurs défenses aériennes essentielles », a déclaré Netanyahu au Wall Street Journal. « Cela signifie qu’ils doivent maintenant calculer la quantité de munitions dont ils disposent, car il leur faudra plusieurs années pour ressusciter [leur effort de production de missiles balistiques] – en supposant que nous ne les frappions pas à nouveau. »
La vague de frappes aériennes israéliennes du 26 octobre a visé les défenses aériennes iraniennes ainsi que le programme de missiles balistiques, des usines, des sites de stockage, des lanceurs et des installations de recherche, et une installation dont on pense qu’elle est utilisée par le régime pour se doter d’une arme nucléaire.
Cette attaque a été menée quelques semaines après que l’Iran a tiré quelque 200 missiles balistiques directement sur Israël le 1er octobre, en représailles, selon lui, à l’assassinat ciblé par Israël du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et à la mort du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, survenue à Téhéran quelques mois plus tôt. (Cette élimination a été largement attribuée à Israël, qui ne l’a toutefois pas revendiquée.)
Les défenses aériennes israéliennes ont intercepté la grande majorité des missiles de cette attaque. Certains ont causé des dégâts limités à des bases aériennes, mais l’armée israélienne a assuré que ses opérations n’étaient pas compromises.
La contre-attaque israélienne n’a pas comporté de frappes majeures sur les installations nucléaires du pays, à l’exception d’un centre de recherche.
Interrogé sur l’objectif présumé de l’Iran de se doter de la bombe nucléaire – le pays a intensifié son enrichissement en uranium – et sur une éventuelle frappe israélienne, Netanyahu est resté sur la réserve.
« Je ne vais pas parler de cela », a déclaré le Premier ministre, ajoutant : « J’ai toujours dit que la question reste ouverte, pour nous tous [sur la question du nucléaire iranien], et cela s’applique également à moi. »
Les fonds de l’Iran « en perdition »
Par ailleurs, Netanyahu a déclaré que dans le cadre de ses combats contre les groupes terroristes palestinien du Hamas à Gaza et chiite libanais du Hezbollah au Liban, Israël avait également fortement endommagé les opérations de l’Iran relatives à Israël.
« Nous avons terrassé le Hezbollah, qui était censé protéger l’Iran. Et l’Iran n’a pas non plus protégé le Hezbollah. Ni l’un ni l’autre n’ont protégé [le Syrien Bashar el-] Assad. »
« Nous avons donc scindé tout cet axe en deux », a-t-il déclaré.
« L’Iran a probablement dépensé 30 milliards de dollars en Syrie, 20 milliards de dollars au Liban et Dieu sait combien pour le Hamas. Et tout cela s’est effondré. »
Les Iraniens n’ont désormais « plus de ligne d’approvisionnement », a poursuivi Netanyahu, ajoutant que « nous avions prévenu Assad de ne pas laisser l’Iran approvisionner le Hezbollah en armes via la Syrie. Il a fait la sourde oreille. »
Le dictateur syrien a été renversé par une offensive fulgurante des rebelles islamistes au début du mois, une tournure des événements en partie attribuée à la faiblesse de son allié, le Hezbollah, à la suite de la guerre qu’il a menée contre Israël.
Abordant la décision d’éliminer Nasrallah lors d’une frappe aérienne de grande envergure en septembre dans la banlieue sud de Beyrouth, Netanyahu a déclaré qu’il s’était aperçu à ce moment-là que le chef de longue date du Hezbollah « était l’axe de l’axe », expliquant que « ce n’est pas seulement l’Iran qui se servait de lui. Il se servait de l’Iran ».
Le Hezbollah a commencé à attaquer Israël l’année dernière, au lendemain du pogrom perpétré son allié le Hamas, groupe terroriste au pouvoir dans la bande de Gaza, qui a tué plus de 1 200 personnes et pris 251 otages, pour la plupart des civils, le 7 octobre 2023.
Le Premier ministre a déclaré qu’à la suite de l’assaut du Hamas, le ministre de la Défense de l’époque, Yoav Gallant, et certains chefs militaires avaient tenté de l’encourager à s’attaquer au Hezbollah avant le Hamas, arguant que le groupe terroriste massivement armé au Liban représentait un danger bien plus grand pour Israël. Netanyahu a expliqué qu’il avait refusé, estimant que les auteurs de ce pogrom « ne pouvaient pas être laissés sur le feu » et qu’Israël ne pouvait pas mener une guerre sur deux fronts.
L’opération des bipeurs a été « historique »
Le Premier ministre est revenu sur l’opération des bipeurs de septembre qui a précipité son offensive majeure contre le groupe terroriste basé au Liban. Des milliers de bipeurs détenus par des opérateurs du Hezbollah ont explosé simultanément à travers le Liban, mettant hors d’état de nuire un grand nombre de terroristes de premier plan.
Israël a reconnu sa responsabilité dans cette action le mois dernier. Il avait jusqu’alors refusé de la commenter.
« Certains avaient des doutes sur l’opportunité d’y recourir », a déclaré Netanyahu.
« Mais comme il s’agissait d’une question de temps, je l’ai approuvée. »
Il a qualifié le résultat de « choc et d’effroi de proportions historiques » et de « plus grand ciblage chirurgical de l’Histoire ».
À la suite de cette opération, Israël a lancé une offensive aérienne contre les sites de commandement et d’armement du Hezbollah, paralysant ainsi le groupe terroriste chiite libanais.
Netanyahu s’est félicité du « plan amélioré, qui était en réalité brillant, car entre autres choses, [Israël] a pris le contrôle de la télévision libanaise » pour avertir les civils d’évacuer leurs maisons.
« En l’espace de six heures, nous avons éliminé la plupart des stocks de missiles balistiques que le Hezbollah avait accumulés. »
Cette opération qui s’est étalée sur près de deux mois, qui comprenait une incursion terrestre limitée, a pris fin le mois dernier à la suite de la conclusion d’un accord de cessez-le-feu. En effet, le Hezbollah a perdu la quasi-totalité de ses dirigeants et s’est retrouvé avec des capacités considérablement réduites.
En ce qui concerne les objectifs de l’opération au Liban, Netanyahu a expliqué qu’elle visait également le réseau souterrain du Hezbollah dans le sud du Liban, qui était similaire aux tunnels utilisés par le Hamas pour son pogrom du 7 octobre 2023 et tout au long de la guerre qui s’en est suivie contre Israël.
Le réseau de tunnels du groupe terroriste « devait servir d’axe principal au Hezbollah pour envahir la Galilée. Le réseau souterrain s’est avéré bien plus grand que prévu », a-t-il déclaré. (L’armée israélienne affirme que le vaste réseau de tunnels devait être utilisé dans le cadre d’une invasion planifiée, bien qu’un seul tunnel ait réellement franchi la frontière, de quelques mètres seulement).
Netanyahu a indiqué qu’il était passé outre l’opposition interne à une campagne contre le Hezbollah de la part de certains Israéliens qui estimaient que « nous aurons de toute façon un cessez-le-feu… alors, pourquoi ne pas éviter les combats ? ».
« Il y a une grande différence entre conclure un cessez-le-feu après avoir réduit à néant le Hezbollah ou après l’avoir laissé indemne », a répondu le Premier ministre.
« Il n’est pas facile d’être président »
Netanyahu s’est également trouvé en désaccord avec les États-Unis au cours de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, Washington critiquant souvent Jérusalem au sujet des morts civiles et de la situation humanitaire difficile à Gaza. Le Premier ministre a toutefois reconnu le soutien global des États-Unis et a félicité le président américain Joe Biden pour sa visite de solidarité dès le début de la guerre, qui a fait de lui le premier chef d’État américain à se rendre en Israël en temps de guerre.
Netanyahu a déclaré qu’il comprenait la pression que Biden avait parfois subie pour adopter une ligne dure à l’égard d’Israël. « Les États-Unis ont bloqué des armes essentielles », a déclaré Netanyahu, citant des retards dans les livraisons de bombes lourdes.
« Il n’est pas facile d’être président, reconnaissons-le, avec des franges si radicales au sein de son parti. Il n’a pas été facile de faire ce que Biden a fait » pour soutenir Israël, a-t-il ajouté, notamment durant la contre-attaque israélienne contre l’Iran en octobre.
Netanyahu a également déclaré au Wall Street Journal qu’il espérait que le soutien des États-Unis resterait fort pendant le second mandat du président-élu Donald Trump à la Maison Blanche. Le Premier ministre a exprimé son optimisme quant au fait que le nouveau président contribuerait à la conclusion d’un nouvel accord pour les otages à Gaza, ainsi que d’un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.
« Ce serait la suite logique des Accords d’Abraham que nous avons forgés sous la direction du président Trump », a-t-il déclaré, faisant référence à une série d’accords de normalisation avec les États arabes qui avaient été négociés sous la première administration de Trump.
Pas de trêve définitive à Gaza
Netanyahu a également réitéré sa position contre un cessez-le-feu permanent à Gaza, affirmant qu’il n’accepterait une pause temporaire que dans le cadre d’un accord de libération d’otages, et réitérant son projet de démantèlement complet du groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Je n’accepterai pas de mettre fin à la guerre avant d’avoir éliminé le Hamas », a-t-il affirmé.
« Nous n’allons pas les laisser au pouvoir à Gaza, à 48 km de Tel Aviv, ce n’est pas possible. Cela n’arrivera pas. »
Ses détracteurs ont mis en garde contre le risque de voir la majorité des otages restants languir à Gaza pour une durée indéterminée.
On estime que 96 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.
Le Hamas a longtemps affirmé qu’il n’accepterait pas un cessez-le-feu sans un engagement israélien à mettre fin à la guerre. Cependant, de récentes informations indiquent qu’il pourrait avoir assoupli sa position en autorisant une libération limitée de cas dits « humanitaires » sans un tel engagement, bien qu’il conserverait probablement la majorité des otages jusqu’à la phase finale d’un accord, lorsqu’une cessation permanente des hostilités sera convenue.
Netanyahu a également refusé jusqu’à présent que l’Autorité palestinienne (AP) joue un rôle dans la gestion de la bande de Gaza après la guerre.
Les agences de sécurité israéliennes ont prévenu que cela privait Jérusalem d’une alternative viable au pouvoir du Hamas et que cela garantissait que Tsahal continuerait à combattre le groupe terroriste dans un avenir prévisible, puisque les vides temporairement créés par les opérations militaires sont très rapidement comblés par le Hamas.
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