Partenariat sur une plateforme de paiements MNBC entre Israël, la Norvège et la Suède
La Banque d'Israël partage les résultats d'un projet de recherche conjoint des banques centrales sur la monnaie numérique transfrontalière, ouvrant la voie au shekel numérique
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

La Banque d’Israël a achevé un projet de plateforme transfrontalière de paiement en devises avec d’autres banques centrales, tout en évaluant la possibilité d’émettre un shekel numérique.
Dans le cadre du projet baptisé Icebreaker, la Banque d’Israël, en collaboration avec les banques centrales de Norvège et de Suède et le Centre d’innovation de la Banque des règlements internationaux (BRI), a étudié les avantages et les défis potentiels liés à l’utilisation de ce que l’on appelle les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) dans les paiements internationaux, afin de créer une plate-forme permettant de relier les systèmes nationaux par-delà les frontières.
Alors que la numérisation du système financier mondial évolue rapidement, la Banque d’Israël a entamé, ces dernières années, des préparatifs en vue de l’éventuel lancement d’une monnaie numérique, afin d’avoir un plan à disposition le jour où les conditions nécessaires seront réunies à la banque centrale pour que les avantages d’une telle monnaie l’emportent sur les coûts et les risques potentiels.
Le chef de projet MNBC de la Banque d’Israël, Yoav Soffer, a fait remarquer : ‘Au début de notre travail sur le shekel numérique, nous avons écrit : « Dans le cadre de la feuille de route du G20 pour l’amélioration des paiements transfrontaliers… la capacité des MNBC à rationaliser et à réduire les coûts de ces paiements sera examinée…’. Si une telle infrastructure mondiale devait réellement voir le jour, une monnaie numérique de la Banque d’Israël améliorerait les paiements transfrontaliers pour les Israéliens.' »
« Eh bien, aujourd’hui, nous avons fait un pas de plus vers cet objectif », a écrit Soffer, dans une publication sur LinkedIn.
Les banques centrales du monde entier réfléchissent à la question de savoir si, dans un avenir proche ou lointain, elles ne devront pas proposer à la population une autre forme de monnaie – la monnaie numérique – car les paiements transfrontaliers sont encore confrontés à de nombreux défis tels que des coûts élevés, une certaine lenteur, un accès limité et une transparence insuffisante.

La monnaie numérique existe déjà, d’une certaine manière : il s’agit de l’argent que la population dépose dans les banques et qu’elle utilise par le biais de virements bancaires, de cartes de paiement et d’applications de paiement. La MNBC de détail, telle qu’elle est envisagée actuellement, permettrait aux ménages et aux entreprises d’utiliser la monnaie numérique de la Banque d’Israël en plus de l’argent physique. Ce qui impliquerait une responsabilité de la banque centrale envers le détenteur de la monnaie, par opposition à une responsabilité d’une banque commerciale envers l’utilisateur de la monnaie, comme c’est le cas pour les paiements aujourd’hui.
« Si Israël devait émettre un shekel numérique, il serait très important que nous le fassions conformément aux normes mondiales en constante évolution, afin que les Israéliens puissent également l’utiliser pour des paiements transfrontaliers efficaces et accessibles », a déclaré Andrew Abir, gouverneur adjoint de la Banque d’Israël. « S’il nous reste encore beaucoup à faire pour que le modèle Icebreaker devienne une norme mondiale, les enseignements tirés de ce projet réussi ont été très importants pour nous et pour la communauté des banques centrales. »
Le projet Icebreaker a testé la « faisabilité technique de la réalisation de transactions transfrontalières et interdevises entre différents systèmes MNBC de détail expérimentaux », ont annoncé les banques centrales participantes dans un communiqué commun. Le modèle fournit un marché pour les paiements transfrontaliers en interconnectant des systèmes MNBC, facilités par un fournisseur de services de change actif dans les deux systèmes nationaux.
Par exemple, si Alice en Suède veut payer Bob en Israël, le fournisseur de services de change achèterait des couronnes suédoises et vendrait des shekels israéliens, selon l’un des exemples cités dans le projet de recherche. En pratique, ils achèteraient une devise dans un système MNBC de détail, et paieraient avec l’autre devise dans le second système.
« Dans la plupart des systèmes de paiement transfrontaliers existants, le payeur n’a aucun choix en ce qui concerne le taux de change, car il n’a aucun contrôle sur le fournisseur de la conversion des devises », selon les conclusions du projet de recherche. « Dans le modèle développé par le projet Icebreaker, de nombreux fournisseurs de change peuvent soumettre des devis au hub du système, qui sélectionne automatiquement celui qui est le moins cher pour l’utilisateur final. »
Alors que les crypto-monnaies n’appartiennent à aucun pays spécifique et que certaines n’ont pas d’autorité centrale pour les gérer, une MNBC sera émise par la banque centrale du pays, et c’est la banque centrale qui en déterminerait la quantité, le mode d’utilisation et les réglementations qui lui seront applicables.

En ce qui concerne le shekel numérique, la Banque d’Israël envisage une approche à deux niveaux dans laquelle un partenariat serait mis en place pour la création de la MNBC entre la banque centrale et le secteur privé (banques, sociétés de cartes de crédit et sociétés technologiques et/ou financières israéliennes et étrangères). Grâce à ce partenariat, la banque centrale fournira sa monnaie numérique non pas directement à la population, mais plutôt par l’intermédiaire d’institutions dans le secteur privé.
« L’une des leçons principales à retenir est que le fait de combiner la nature sans risque des MNBC avec les technologies avancées qui les construiront pourrait avoir un potentiel infini pour améliorer les mécanismes de paiement que nous connaissons tous, ainsi que pour créer un univers de nouvelles transactions qui soutiendraient de nouvelles activités économiques », a fait remarquer Soffer. » Avec Icebreaker, nous avions jeté les bases en simulant des transactions manuelles et relativement simples, mais le modèle que nous avons créé prépare le terrain pour des micropaiements transfrontaliers et des paiements conditionnels très avancés, entre des utilisateurs finaux situés dans différentes parties du globe. »
« Beaucoup de travail est encore nécessaire pour concrétiser tout cela, et [il y a] de nombreux aspects qui n’ont pas encore été abordés », a-t-il noté.