Pour les familles d’otages, seul un accord permettrait de libérer leurs proches
Suite à l'opération audacieuse de sauvetage de quatre otages, les proches de ceux qui sont encore détenus à Gaza ont exprimé leur joie, tout en réaffirmant la nécessité d'un accord
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Après le sauvetage par l’armée israélienne, le week-end dernier, de quatre otages – Noa Argamani, Almog Meïr Jan, Shlomi Ziv et Andrey Kozlov – les familles de ceux qui sont encore détenus à Gaza ont exprimé leur joie devant le succès de cette opération audacieuse, tout en réaffirmant la nécessité d’un accord diplomatique pour sauver ceux qui sont encore en captivité.
« Je suis très heureuse pour les familles qui ont retrouvé leurs proches », a déclaré Sharone Lifschitz, dont le père, Oded Lifshitz, 84 ans, est retenu en otage depuis le 7 octobre, dans un communiqué publié par le Forum des familles des otages et disparus. « Nous espérons qu’un accord permettra de ramener en vie les 116 autres otages. Le sauvetage des otages montre que c’est possible, mais rare et dangereux. »
Les autorités israéliennes ont confirmé la mort de 41 des 116 otages qui ont été enlevés par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre et qui seraient toujours retenus en captivité à Gaza.
Les deux parents de Sharone, Oded et Yocheved Lifshitz, aujourd’hui âgés de 84 et 85 ans, ont été pris en otage dans leur maison du kibboutz Nir Oz le 7 octobre. Yocheved et une autre membre de Nir Oz, Nurit Cooper, 78 ans, ont été libérées des geôles du Hamas le 28 octobre.
L’armée israélienne a confirmé la mort de l’époux de Nurit, Amiram Cooper, 84 ans, le 3 juin, tué en captivité par le Hamas.
Sharone a déclaré qu’elle ne croyait pas vraiment que son père – qui était frêle, malade et blessé lorsqu’il a été capturé – soit encore en vie, surtout après n’avoir reçu aucun signe de vie pendant des mois.
« Nous avons besoin d’un accord le plus rapidement possible », a déclaré Yaïr Mozes, dont le père Gadi Mozes, 80 ans, a été enlevé de sa maison du kibboutz Nir Oz, tandis que sa compagne, Efrat Katz, a probablement été tuée par un hélicoptère de l’armée alors qu’elle était prise en otage le 7 octobre avec sa fille, Doron Asher, et ses deux petites-filles, qui ont été libérées par la suite.
Au total, 46 otages ont été enlevés au kibboutz Nir Oz et 71 ont été tués, parmi près de 1 200 personnes assassinées et 251 enlevées lors de l’assaut du Hamas dans le sud d’Israël.
S’exprimant la semaine dernière lors d’un sommet du G7, le président américain Joe Biden a déclaré qu’il ne s’attendait pas à ce qu’un accord de cessez-le-feu et de libération d’otages soit conclu dans un avenir proche, estimant que le groupe terroriste palestinien devait rapprocher sa position de la proposition d’Israël soutenue par les États-Unis.
Biden a présenté un accord qui, selon lui, a été proposé par Israël et qui prévoit le gel des combats et la libération des 116 otages détenus dans la bande de Gaza en échange de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël. Malgré le soutien de la communauté internationale, l’offre a été rejetée par le Hamas parce qu’elle ne contenait pas d’engagement israélien en faveur d’un cessez-le-feu permanent.
Israël a qualifié la réponse du groupe terroriste à la proposition américaine de rejet total. Mais les efforts pour parvenir à un accord se poursuivent, selon les médiateurs du Qatar et de l’Egypte, soutenus par les États-Unis.
De nombreuses familles travaillant en étroite collaboration avec le Forum des familles des otages et disparus – l’organisation faîtière qui organise des rassemblements hebdomadaires, travaille sur les efforts diplomatiques et assure la liaison entre les familles et les ministres du gouvernement et les membres de la Knesset – estiment que la seule façon d’avancer est d’exhorter le gouvernement à parvenir à un accord.
Israël doit travailler avec l’accord pour les otages qui est sur la table, a déclaré Alon Gat, le frère de l’otage Carmel Gat, dans une déclaration qu’il a également faite par l’intermédiaire du Forum.
« La libération des quatre otages est une nouvelle extraordinaire », a déclaré Alon. « Mais pour les 120 personnes encore à Gaza, nous devons les libérer grâce à l’accord de Biden et à l’accord de Netanyahu sur lesquels nous travaillons actuellement et nous devons nous assurer que le Hamas accepte cet accord », a-t-il ajouté, faisant référence aux 116 otages retenus à Gaza depuis le 7 octobre ainsi qu’à deux civils et deux soldats tués qui y sont détenus depuis près d’une décennie.
Le 7 octobre, Alon, son épouse Yarden Roman-Gat, 35 ans, et leur fille Geffen, âgée de 3 ans, ont été forcés de monter dans une voiture en provenance du kibboutz Beeri avec quatre terroristes du Hamas, un autre kibboutznik étant entassé dans le coffre. Lorsque lui et sa femme ont aperçu un char de Tsahal près de la frontière de Gaza, ils ont pris le risque de s’enfuir de la voiture.
Pendant qu’ils couraient, Yarden a confié Geffen à Alon, sachant qu’il courait plus vite qu’elle. Yarden a été rattrapée par les terroristes, tandis que son mari et son enfant se sont échappés, se cachant sous des branches et des buissons pendant 12 heures, avant de regagner Beeri et de se mettre à l’abri. Yarden a été libérée le 29 novembre dans le cadre d’une trêve d’une semaine.
Un autre membre de famille d’otages, Michael Levy, dont le frère, Or Levy a été pris en otage tandis que l’épouse d’Or, Eynav, a été tuée lors du Festival Supernova, a déclaré que son neveu de 3 ans attendait toujours que son père rentre à la maison.
« Je suis heureux pour les autres familles », a déclaré Michael. « Je ressens qu’ils sont de ma famille et, comme tout Israélien, je suis ravi de cette nouvelle, mais il reste encore 120 autres otages et nous devons conclure un accord pour tous les récupérer. »