Israël en guerre - Jour 586

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Un ex-chef du Shin Bet appelle à une révolte non violente

Des milliers de personnes rassemblés à Tel Aviv ; les familles d'otages ont plaidé pour le retour de leurs proches quelques jours avant Yom HaZikaron, dénonçant l'indifférence de la coalition

L'ancien directeur du Shin Bet, Ami Ayalon, prend la parole lors d'une manifestation anti-gouvernement, sur la Place Habima de Tel Aviv, le 26 avril 2025. (Avshalom Sassoni/Flash90)
L'ancien directeur du Shin Bet, Ami Ayalon, prend la parole lors d'une manifestation anti-gouvernement, sur la Place Habima de Tel Aviv, le 26 avril 2025. (Avshalom Sassoni/Flash90)

Des milliers de personnes se sont rassemblées lors de manifestations organisées à travers tout Israël samedi soir pour protester contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et réclamer un accord qui permettrait de libérer les 59 otages restants et de mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.

Le principal rassemblement contre le gouvernement a eu lieu sur la Place Habima de Tel Aviv, où les manifestants se sont rassemblés pour écouter les prises de parole plusieurs hauts responsables, dont des anciens directeurs du Shin Bet et de l’armée israélienne, tandis que les manifestants réclamant un accord sur les otages se sont rassemblés sur la Place des Otages, située à proximité. Les rassemblements ont ensuite fusionné sur la route Begin, comme chaque semaine.

S’exprimant lors d’une conférence de presse en amont des événements de la soirée, Einav Zangauker, dont le fils Matan Zangauker est toujours retenu en otage, a déclaré qu’Israël pourrait signer un accord et ramener les otages à la maison « demain matin » s’il le souhaitait.

« Des soldats sont envoyés à cette guerre sans fin, sans but et sans se soucier du lendemain », a-t-elle déclaré, aux côtés d’un groupe de parents d’otages. « Il est possible de signer un accord demain matin. C’est toute une nation qui est dupée. On nous dit que la pression militaire rendra les otages, elle ne fait que les tuer ».

La « nation entière » veut la fin de la guerre et le retour de tous les otages, a affirmé Zangauker, accusant Netanyahu de « se faire une faveur en acceptant, peut-être, un autre ‘accord de sélection’ » — comparant les accords de libération progressive des otages favorisés par Netanyahu à la pratique nazie consistant à envoyer les Juifs malades à la mort et les Juifs en bonne santé aux travaux forcés.

À ses côtés, Yehuda Cohen, le père de l’otage Nimrod Cohen, a également critiqué le Premier ministre pour avoir qualifié de « reddition » le retour de tous les otages en échange de la fin de la guerre.

« Un Premier ministre qui considère le retour des otages capturés sous son gouvernement comme une reddition est un criminel [qui agit] contre son propre peuple », a déclaré Cohen. « Son objectif est de gagner du temps et de rester au pouvoir. Il y a longtemps qu’il a fait de Nimrod et des otages des pions sur son échiquier. »

Des manifestants appellent à la libération des otages détenus par le Hamas à Gaza, sur la Place des Otages de Tel Aviv, le 26 avril 2025. (Avshalom Sassoni/Flash90)

Quelques heures plus tard, lors d’un rassemblement moins politique sur la Place des Otages, l’ancienne otage Meirav Tal, qui a été libérée dans le cadre d’une trêve d’une semaine en novembre 2023, s’est fait l’écho de l’appel des autres familles d’otages en faveur d’un accord final prévoyant le retour de tous les otages restants en une seule cohorte.

« Pas certains d’entre eux, pas au moment où c’est pratique — tout le monde », a déclaré Tal, dont le partenaire Yaïr Yaakov a été tué et emmené à Gaza lors de l’assaut sur le kibboutz Nir Oz.

Affirmant que le seul devoir du gouvernement est de restituer tous ceux qui ont été enlevés par les terroristes lors de l’attaque du 7 octobre 2023 conduite par le Hamas, Tal a rappelé le « terrible désespoir » qu’elle a ressenti alors qu’elle était retenue en otage, lorsqu’elle a entendu le ministre de la Sécurité nationale d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, dire qu’il ne voterait pas en faveur de l’accord qui a finalement permis de la libérer.

« Je ne comprenais pas comment un Juif, un frère de ma nation, pouvait dire qu’il ne voulait pas que nous revenions », a-t-elle déclaré. « Cet endroit — sombre, froid, effrayant — vous laisse peu d’espoir. Puis quelqu’un de chez nous, de mon peuple, vient et vous enlève aussi cet espoir. »

L’ex-otage Meirav Tal s’adresse à la foule lors d’un rassemblement sur la Place des Otages de Tel Aviv, le 26 avril 2025. (Paulina Patimer/Forum des familles d’otages et de disparus)

Le rassemblement sur la Place des Otages s’est concentré sur les journées nationales célébrées en Israël dans les semaines qui suivent la fête juive de Pessah : la Journée de la mémoire de la Shoah, suivi du Jour du Souvenir et de la fête de l’Indépendance.

Hannah Cohen, la tante de l’otage tuée Inbar Haiman, dont le corps est toujours détenu par le Hamas, est montée sur scène pour demander au gouvernement de faciliter le retour du corps de sa nièce pour qu’elle soit enterrée en Israël avant le Jour du Souvenir qui aura lieu mercredi, et de mettre fin « aux nuits passées à pleurer dans un oreiller. Les jours de commémoration sans tombe ».

« Inbar, notre fille bien-aimée, nous sommes assassinés avec toi, chaque jour. Chaque heure », a-t-elle déclaré. « Les autres ne comprendront pas ce que vit la famille d’un otage tué. »

Hannah Cohen, la tante de l’otage assassinée Inbar Haiman, prend la parole sur la Place des Otages de Tel Aviv, le 26 avril 2025. (Lior Rotstein/Forum des familles d’otages et de disparus)

« Je me tourne vers le Premier ministre et lui demande de nous ramener tous les otages qui ont été abandonnés et enlevés sur la terre d’Israël », a-t-elle plaidé. « En une seule fois. Les 59 otages. Les vivants pour la réhabilitation et les morts pour un enterrement digne de ce nom dans leur pays. »

« Parce que se souvenir d’eux, c’est les ramener tous », a déclaré Cohen. « Parce que renoncer à eux, c’est renoncer à nous-mêmes. »

Appels à la « révolte non violente »

Lors de la manifestation parallèle sur la Place Habima, les manifestants ont adopté un ton nettement plus politique, la foule étant inondée de drapeaux israéliens et manifestant contre Netanyahu et son gouvernement.

Avant les discours, un grand écran a diffusé un bref historique de Ben Gvir, qui a commencé sa vie politique en tant que disciple du rabbin extrémiste Meir Kahane et fan avoué d’un disciple de Kahane, Baruch Goldstein, qui a assassiné 29 fidèles musulmans au Tombeau des Patriarches à Hébron en 1994.

Le court métrage accusait Netanyahu de normaliser le mouvement kahaniste, quarante ans après que la Cour suprême l’a empêché de se présenter aux élections législatives.

Ensuite, des milliers de personnes se sont rassemblées pour écouter l’ancien directeur du Shin Bet, Ami Ayalon, qui a qualifié la déclaration soumise par le chef sortant de l’agence de sécurité Ronen Bar à la Cour suprême contre Netanyahu la semaine dernière « d’événement pivot dans notre lutte pour l’identité juive et démocratique d’Israël ».

Si le Premier ministre utilise l’agence de sécurité intérieure pour « surveiller les citoyens qui souhaitent protester, le drapeau noir flotte sous nos yeux », a déclaré Ayalon, faisant référence à l’une des accusations portées par Bar à l’encontre de Netanyahu dans le document.

Dans la jurisprudence israélienne, on dit qu’un « drapeau noir » flotte sur des ordres dont l’immoralité même les rend illégaux à suivre. L’expression a été inventée par un juge qui, en 1957, a condamné à des peines de prison des soldats qui avaient tué 49 civils dans la ville arabe de Kafr Qasim parce qu’ils n’avaient pas respecté le couvre-feu.

« Descendez dans la rue, bloquez le pays », a déclaré Ayalon. « La révolte civile non violente est le devoir civique de chaque citoyen. »

Des manifestants se rassemblent pour protester contre le gouvernement et en faveur d’un accord de libération des otages détenus par le Hamas à Gaza, devant le bâtiment du ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 26 avril 2025. (Tomer Neuberg/Flash90)

« Nous nous battons pour l’identité juive et démocratique d’Israël, telle qu’elle a été formulée par les pères fondateurs dans la Déclaration d’indépendance », a-t-il déclaré.

Ses commentaires ont été repris plus tard par Shikma Bressler, leader de la manifestation, qui a aussi déclaré à la foule « qu’un drapeau noir flotte au-dessus » de toutes les décisions de Netanyahu.

Rejoignant la liste des anciens hauts responsables condamnant le leadership de Netanyahu, l’ancien chef d’état-major de l’armée israélienne Dan Halutz a accusé le Premier ministre de poursuivre les combats dans la bande de Gaza dans le seul but de maintenir le gouvernement intact.

La guerre est « inutile » et motivée par les « délires religieux, mystiques et messianiques des partenaires de la coalition de Netanyahu, qui n’ont rien à voir avec la sécurité nationale », a déclaré Halutz depuis la scène de la Place Habima.

« L’accusé Benjamin Netanyahu, qui est jugé pour corruption, représente un danger clair, présent et immédiat pour l’État d’Israël, a-t-il ajouté.

« Le Premier ministre reste silencieux »

Plus tard, après que les deux manifestations se sont rejointes devant le quartier-général de Tsahal sur la route Begin, Ruhama Albag, dont la nièce Liri Albag a été relâchée par le Hamas en janvier, a averti le gouvernement que si la guerre se poursuivait, le prochain Jour du Souvenir « serait votre honte et votre infamie ».

Elle a reproché à Netanyahu de rester silencieux alors que ses alliés politiques exprimaient leur ambivalence quant au sort des captifs restants.

« Le silence est une saleté », a déclaré Albag, spécialiste en littérature, en paraphrasant un poème de feu le leader sioniste révisionniste Zeev Jabotinsky.

Des milliers de personnes marchent de la Place Habima à la route Begin Road de Tel Aviv pour appeler au retour des otages et pour protester contre le gouvernement, le 26 avril 2025. (Gilad Furst/Mouvement de protestation pro-démocratie)

Elle a énuméré les récentes déclarations des alliés politiques de Netanyahu : Bezalel Smotrich, « la canaille connue sous le nom de ministre des Finances », qui a déclaré cette semaine que la vie des otages n’était pas la priorité absolue ; le législateur Zvi Sukkot, « le nouveau tapis du mont du Temple », qui s’est prosterné sur le site sacré « pour créer une nouvelle provocation » et a appelé Netanyahu à refuser une éventuelle décision de justice l’obligeant à se récuser ; et le législateur Simcha Rothman, qui a déclaré que « la bonne façon de libérer les otages est de ne pas rencontrer les familles ».

Et puis il y a « la pire déclaration de toutes », a-t-elle dit : « Le Premier ministre reste silencieux. »

Ruhama Albag a accusé les élus de ne pas tenir compte des « mères et des pères qui, impuissants, continuent d’élever leurs enfants en captivité ».

« Alon Ohel devient aveugle. Matan Angrest est électrocuté par une batterie de voiture. La mère de Nimrod Cohen dit, avec soulagement, qu’il tient encore sur ses pieds. Il n’est pas certain que Matan Zangauker puisse se tenir debout », a déclaré Albag, en évoquant les noms de jeunes hommes encore en captivité.

Elle a lu les noms des autres captifs que l’on croyait encore en vie — 24 au total —, notant avec colère la tentative de Netanyahu de nous « consoler » l’année dernière en disant que les captifs « souffraient mais n’étaient pas en train de mourir ».

« Mettez fin à cette guerre sanglante », a déclaré Albag. « Si ce n’est pas le cas, ce Jour du Souvenir sera votre honte et votre infamie. »

Les manifestations anti-gouvernement n’ont pas été exemptes de controverse et ont attiré l’attention d’un groupe de droite distinct composé de familles d’otages et de Netanyahu lui-même, qui a condamné l’installation par les manifestants de masques représentant son visage autour d’un manifestant portant de faux bandages sanguinolents allongé au milieu de la rue.

« Il faut le dire clairement. Les têtes coupées, ainsi que les manifestations d’aujourd’hui, n’ont rien à voir avec les otages », a écrit le groupe conservateur Forum Tikva, dans un message partagé par le compte X officiel de Netanyahu. « Au contraire, il s’agit de personnes qui ont décidé de sacrifier les otages dans le but de renverser le gouvernement. »

« Dans un pays civilisé, il y aurait déjà des dizaines de personnes arrêtées pour incitation au meurtre. On ne sait pas très bien où se situe le Shin Bet lorsqu’il s’agit de ces représentations claires et dangereuses de meurtre », a écrit le groupe, ajoutant qu’il espérait que les tensions entre Netanyahu et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, « n’affectent pas les positions du Shin Bet sur tout ce qui a trait à la sécurité du Premier ministre ».

Netanyahu et ses alliés politiques se plaignent depuis longtemps de l’incitation contre lui et sa famille, pointant du doigt le système judiciaire, les forces de l’ordre et la procureure générale pour ce qu’ils dénoncent comme des discours violents non contrôlés de la part de membres du public.

Dans une déclaration distincte, un porte-parole du Likud, le parti de Netanyahu, a qualifié la manifestation de « folie » et a affirmé qu’elle « représente une incitation à assassiner le Premier ministre et à le décapiter ».

Une installation de masques représentant le visage du Premier ministre Benjamin Netanyahu entourant un manifestant allongé portant des bandages imbibés de faux sang lors d’une manifestation anti-gouvernement à Tel Aviv, le 26 avril 2025. (Tomer Neuberg/Flash90)

« Où est le maintien de l’ordre de la procureure générale et de Ronen Bar ? », a demandé le porte-parole, en joignant une photo de la scène, sur laquelle l’homme torse nu et bandé tenait un drapeau israélien.

Autour de la tête de l’homme se trouvaient plusieurs masques de Netanyahu, chacun avec un autocollant portant un message disant « coupable » ou « danger ».

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