Un grand journal haredi dit « non merci » à la refonte judiciaire dans une caricature
Dans le dessin publié par Yated Neeman, un ultra-orthodoxe rejette les politiques de la coalition, signe d'un soutien faiblissant du principal partenaire de la coalition
Une caricature montrant des signes d’opposition aux projets du gouvernement de refonte du système judiciaire a été publiée vendredi dans un quotidien influent aligné sur le parti politique Yahadout HaTorah de la coalition.
Dans un dessin signé Yoni Gerstein et publié dans Yated Neeman, on peut voir un ultra-orthodoxe dire « non merci » à un homme qui semblerait être le Premier ministre Benjamin Netanyahu et qui propose différents costumes étiquetés « réforme judiciaire », « réforme de la défense », « réforme technologique » et « réforme économique » dans un magasin portant le nom de « marques adaptées à votre style ».
Il s’agit de la dernière publication du journal exprimant son scepticisme quant au coût des plans controversés, qui ont donné lieu à des manifestations nationales, à une opposition véhémente de la part de hauts responsables de la justice, de la sécurité, de l’économie et des personnalités publiques, à des mises en garde répétées de la part des alliés d’Israël – au premier rang desquels les États-Unis – et à la menace que des milliers de réservistes de l’armée ne se présentent pas à leur poste.
Le mois dernier, le journal avait déjà publié un éditorial préconisant un compromis sur certains éléments de la refonte et remettant en question son bien-fondé, témoignant ainsi de l’affaiblissement du soutien à la réforme d’un de ses principaux partenaires au sein de la coalition.
Le thème principal de l’article était le « projet de loi sur la raisonnabilité », approuvé par la Knesset la semaine dernière, et qui empêche les tribunaux de recourir au critère de la raisonnabilité dans l’évaluation des décisions gouvernementales et ministérielles.
L’article reflétait l’approche pragmatique de Yahadout HaTorah à l’égard de la refonte ; il la soutient en tant qu’allié clé de la coalition de Netanyahu, mais craint qu’elle ne génère un antagonisme susceptible de mettre en péril les intérêts de ses électeurs.
« Suite à la correction de la clause de raisonnabilité, nous devons procéder à un nouvel ajustement et nous poser la question suivante : ‘À quel prix ? À quel prix ?’ », lit-on dans l’éditorial. « Il s’agit, après tout, d’une question dans laquelle nous n’avons pas d’intérêt direct. Devrions-nous supporter le fardeau de l’issue de cette guerre ? »
L’éditorial poursuit en notant que même après tous les changements souhaités par ceux qui promeuvent la réforme, les tribunaux resteraient laïques et donc sans intérêt pour les juifs ultra-orthodoxes.
L’article souligne la position du quotidien en faveur de la loi, qui vise à isoler un système judiciaire que de nombreux membres de la communauté haredi considèrent comme partial à leur égard. Il en va de même pour le projet de loi dérogatoire, un autre élément du paquet de réformes, qui permettrait à la Knesset d’annuler les lois invalidées par la Cour.
« Il est vrai que la clause dérogatoire est nécessaire pour garantir le statut des étudiants de yeshiva et pour empêcher diverses attaques sur des questions sacrées », peut-on lire dans l’éditorial, qui fait référence à un arrêt de 2017 de la Cour suprême contre l’exemption accordée aux étudiants de yeshiva pour le service militaire et national. « Il s’agit d’une protection indispensable, d’autant plus que l’accord de coalition s’engage à respecter cette exigence. »
Netanyahu a fait savoir que la clause dérogatoire n’était plus au programme, mais le ministre du Logement, Yitzhak Goldknopf, qui dirige Yahadout HaTorah, a déclaré lors d’une interview à la radio en juillet que le Premier ministre lui avait promis que le gouvernement avait bien l’intention d’adopter un tel projet de loi, sous une forme ou sous une autre.
En mars, Yahadout HaTorah a déclaré dans un communiqué qu’il soutenait la refonte mais ne s’opposerait pas à ce que Netanyahu « parvienne à des arrangements et à un consensus le plus large possible, pour abaisser les flammes et mettre fin à la division du pays. »
Le secrétaire du cabinet, Yossi Fuchs, a déclaré jeudi qu’une loi serait proposée dans les mois à venir pour abaisser de 26 à 21 ou 22 ans l’âge auquel les étudiants des yeshivas haredim peuvent entrer sur le marché du travail sans craindre la conscription.
Aujourd’hui, des dizaines de milliers de haredim refusent de travailler ou travaillent au noir par crainte d’être appelés sous les drapeaux et de perdre les allocations spéciales versées par le gouvernement aux étudiants de yeshiva de moins de 26 ans qui en sont exemptés.
Canaan Lidor a contribué à cet article.