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Yahadout HaTorah : « Aucun avantage » pour les yeshivot à renverser le gouvernement

Les partis ultra-orthodoxes attendent une solution "créative" de Netanyahu au problème de la conscription des Haredim dans Tsahal avant la décision finale de la Haute Cour

Le député rabbin Moshe Roth assiste à une réunion de la commission de Chambre de la Knesset, le 30 janvier 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
Le député rabbin Moshe Roth assiste à une réunion de la commission de Chambre de la Knesset, le 30 janvier 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Malgré les déclarations de plus en plus véhémentes des politiciens et des rabbins, il est peu probable que les partis ultra-orthodoxes israéliens quittent la coalition au pouvoir du Premier ministre Benjamin Netanyahu à la suite de l’arrêt de la Haute Cour de Justice de la semaine dernière réduisant les subventions accordées aux yeshivot, a affirmé Moshe Roth, député de Yahadout HaTorah.

S’adressant au Times of Israel dimanche, la veille de l’entrée en vigueur de l’arrêt provisoire de la Cour, Roth a expliqué que Netanyahu avait encore deux mois pour « rédiger une loi quelconque » sur la conscription des ultra-orthodoxes qui serait au moins acceptable pour les juges. La décision finale pourrait alors prendre plusieurs mois supplémentaires.

« Ainsi, dans les faits, les risques n’existent pour le gouvernement de Bibi que s’il ne fait rien », a expliqué Roth, se référant à Netanyahu par son surnom. « Mais s’il rédige un projet de loi, il lui reste encore cinq bons mois avant que quoi que ce soit ne se passe [et] que les partis religieux ne quittent le gouvernement. »

Entre-temps, la probabilité que les partis Haredim fassent tomber le gouvernement sur une question purement fiscale est peu probable, a-t-il dit.

Yahadout HaTorah dispose actuellement de sept sièges à la Knesset et Shas de 11, et leur départ laisserait la coalition sans majorité.

Lundi matin, une ordonnance provisoire de la Haute Cour de justice interdisant au gouvernement de fournir des fonds aux yeshivot ultra-orthodoxes pour les étudiants remplissant les conditions requises pour effectuer leur service militaire dans Tsahal est entrée en vigueur, mettant ainsi fin aux subventions gouvernementales accordées à près de 50 000 étudiants du Talmud à temps plein.

Des Juifs ultra-orthodoxes bloquent une route et se heurtent à la police près de Bnei Brak lors d’une manifestation contre l’enrôlement des étudiants de yeshivot, le 1er avril 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

La décision de la Cour, rendue la semaine dernière, est intervenue après plusieurs reports de la présentation par le gouvernement d’une proposition à la Cour sur les plans visant à accroître la participation des ultra-orthodoxes dans l’armée. La Cour doit se réunir pour sa prochaine audience sur la question en mai.

Netanyahu aurait déclaré aux représentants des partis ultra-orthodoxes qu’il comptait proposer un projet de loi privé exemptant les étudiants des yeshivot de la conscription militaire après les vacances parlementaires de la Knesset.

En choisissant la voie du projet de loi privé, Netanyahu pourrait être en mesure de présenter la législation à la Knesset sans avoir à demander l’approbation de la procureure générale ou des membres de son cabinet qui ont critiqué ses propositions précédentes comme étant inadéquates.

Roth a déjà fait savoir que si la conscription des étudiants des yeshivot est une ligne rouge, « la décision revient au conseil des anciens de la Torah », qui définit la politique du parti.

Malgré les accusations des législateurs ultra-orthodoxes qui reprochent à la Cour de mener une « guerre totale » contre l’étude de la Torah et « d’imposer des sanctions économiques à ceux qui ont choisi d’étudier la Sainte Torah », les dirigeants rabbiniques leur ont conseillé de rester cois pour l’instant.

Le rabbin Moshe Hirsch, doyen de la yeshiva Slabodka à Bnei Brak et membre du Conseil des Sages de la Torah Degel Hatorah, a conseillé aux députés du parti de remettre à plus tard tout projet de quitter la coalition et de rechercher toutes les solutions possibles au sein du gouvernement.

Le rabbin Yaakov Aryeh Alter, chef de la grande et influente secte hassidique Gur – qui exerce une influence considérable sur le parti Agudat Yisrael ainsi que sur le président du Shas, Aryeh Deri – a indiqué que le facteur décisif dans la décision de se retirer serait le statut des étudiants des yeshivot eux-mêmes, plutôt que les allocations qui ont été annulées.

« Sans statut légal pour les étudiants des yeshivot, nous serions contraints de quitter le gouvernement », a déclaré le rabbin Alter, cité par le site d’information Walla.

Le rabbin Yaakov Aryeh Alter de la dynastie hassidique Gur assiste à un rassemblement du parti Yahadout HaTorah, en prévision des prochaines élections, à Jérusalem, le 8 avril 2019. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Ensemble, les partis Degel HaTorah et Agudat Yisrael constituent la faction ashkénaze de Yahadout HaTorah à la Knesset. Le parti Shas, qui a fait savoir qu’il allait « étudier ses options » à la suite de la décision et qui aurait demandé l’aide de législateurs arabes, représente les Juifs séfarades.

Selon le bureau du procureur de l’État, le service militaire obligatoire est imposé depuis lundi à 63 000 étudiants inscrits dans des séminaires religieux, mais il semble peu probable que la police militaire mette en application les ordres de conscription cette semaine.

Roth, qui a précédemment insisté sur le fait que Tsahal n’avait pas besoin de recruter les étudiants des yeshivot malgré la pénurie d’effectifs alors que le pays est en guerre, estime néanmoins que la décision de quitter la coalition est « une question de ce qui est mieux et de ce qui est pire ».

« Quitter la coalition ne change pas vraiment leur position… il n’y a pas d’avantage réel à faire tomber la coalition dans l’état actuel des choses », a-t-il déclaré.

« Il n’y a qu’une seule chose qui ferait basculer le gouvernement, c’est si les étudiants des yeshivot étaient enrôlés. Tant que cela ne se produit pas, il n’est pas nécessaire de renverser le gouvernement. »

Malgré cela, il y a encore « beaucoup de tension et le Likud est à blâmer parce qu’il a traîné les pieds » pour adopter un projet de loi définissant, dans une Loi fondamentale quasi-constitutionnelle, l’étude de la Torah comme une valeur fondamentale de l’État à peu près au même titre que le service militaire au sein des forces armées.

Un drapeau israélien incendié par un adolescent Haredi lors d’une manifestation de Frères d’armes, dans le quartier de Mea Shearim, à Jérusalem, le 31 mars 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/FLASH90)

L’adoption d’une telle loi aurait empêché la Haute Cour de justice de contester les reports de service des ultra-orthodoxes, a-t-il déclaré.

Mais malgré la colère contre le Likud, « il y a bien une guerre en cours, et la ligne de conduite la plus responsable est donc de maintenir le gouvernement intact », a poursuivi Roth. « Si Netanyahu propose quelque chose de créatif, je pense que les partis Haredim resteront avec lui. »

En fait, a-t-il ajouté, de nombreux Israéliens ultra-orthodoxes ont le sentiment de « se sacrifier en faisant partie de ce gouvernement », car « si nous avions rejoint [le président de HaMahane HaMamlahti, Benny] Gantz et [le leader de Yesh Atid, Yair] Lapid dans un gouvernement, nous n’aurions eu aucun problème avec le budget, et nous aurions obtenu tout ce que nous souhaitions ».

À la question de savoir pourquoi deux des plus ardents défenseurs de la conscription universelle auraient accédé aux demandes des ultra-orthodoxes, Roth a déclaré que leurs positions actuelles n’étaient que des manœuvres politiques destinées à renforcer leur électorat.

Interrogé sur un récent sondage réalisé par le site d’information ultra-orthodoxe Kikar HaShabbat, selon lequel 63 % des Haredim estiment que ceux qui n’etudient pas à plein temps devraient effectuer leur service militaire dans Tsahal en temps de guerre, Roth a répondu que, selon lui, le chiffre exact était encore plus élevé.

Mais cela ne s’est pas traduit par une augmentation des enrôlements parce que les Haredim ont peur de devenir sécularisés et que l’armée doit être « plus ouverte et plus souple » pour créer un environnement approprié pour eux, a-t-il dit.

Rejetant les allégations selon lesquelles un nombre important d’étudiants de yeshivot sont enregistrés frauduleusement afin d’éviter la conscription, Roth a insisté qu’une expansion d’unités telles que Nahal Haredi, qui est exclusivement masculine et strictement casher, pourrait contribuer à augmenter le nombre de jeunes Haredim rejoignant les rangs de l’armée.

Des soldats juifs religieux assistent à une cérémonie de prestation de serment alors qu’ils entrent dans l’unité Haredie « Netzah Yehuda » de Tsahal. (Crédit : Noam Moskowitz/Flash90)

En revanche, lorsqu’on lui a demandé si les partis ultra-orthodoxes faisaient pression pour ouvrir davantage d’unités pour les religieux, Roth a répondu par la négative, arguant qu’il s’agissait d’une « question secondaire » qui ne serait abordée que lorsque les exemptions pour les étudiants à plein temps des yeshivot seraient assurées.

Interrogé sur la possibilité qu’une telle approche contribue à atténuer la pression exercée sur la communauté par les partisans de la conscription universelle, Roth – qui a déclaré avoir personnellement essayé de s’engager et avoir été rejeté au milieu des années 1990 – a affirmé que cela ne ferait aucune différence.

« C’est un ticket pour Yesh Atid et [le président de Yisrael Beytenu, Avigdor] Liberman et même [le ministre des Finances, Bezalel] Smotrich », a-t-il déclaré. « Ce sont des tickets politiques, alors pourquoi céderaient-ils ? Il ne s’agit pas d’un problème à résoudre. C’est juste pour marquer des points. »

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