Amsalem accuse Baharav-Miara et les juges d’avoir créé « un climat favorable » au Hamas pour attaquer
Le ministre a accusé ces personnalités juridiques de diviser et d'affaiblir la société israélienne en s'opposant à la refonte du système judiciaire voulue par le gouvernement
Renforçant la rhétorique du gouvernement contre la branche judiciaire, le ministre de la Coopération régionale David Amsalem a accusé mercredi la procureure générale Gali Baharav-Miara et les juges de la Haute Cour d’avoir créé les conditions dont le groupe terroriste palestinien du Hamas avait besoin pour mener son assaut meurtrier sur le pays le 7 octobre 2023.
Amsalem a accusé ces personnalités juridiques de diviser et d’affaiblir la société israélienne en s’opposant à la refonte du système judiciaire voulue par le gouvernement, qui a tenté de la faire passer en force à la Knesset l’année dernière. Les critiques ont considéré ce projet de loi comme une grave menace pour la démocratie, et il a suscité une réaction publique intense, des manifestations anti-gouvernement de masse et des menaces de la part des pilotes réservistes de ne plus se présenter si le projet n’était pas stoppé.
Ce bouleversement sociétal a été brusquement remplacé par un autre en octobre 2023, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
Les dirigeants militaires et politiques d’Israël ont depuis été largement accusés d’une série d’échecs stratégiques, opérationnels et en matière de renseignement qui ont permis l’assaut sans précédent du Hamas, que le groupe terroriste avait planifié depuis des années tout en convainquant les dirigeants israéliens qu’il était dissuadé et ne voulait pas d’une confrontation.
S’adressant mercredi à la station de radio ultra-orthodoxe Kol Beramah, Amsalem a répondu à des questions sur les raisons pour lesquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’oppose à la création d’une commission d’enquête d’État sur les échecs qui ont conduit à ce pogrom, qui a déclenché la guerre toujours en cours dans la bande de Gaza.
Amsalem, membre du Likud, le parti de Netanyahu, a déclaré qu’à son avis, une telle commission devrait commencer par interroger « les juges et la procureure générale ».
« Il ne fait aucun doute qu’ils ont créé l’atmosphère que le Hamas voulait et planifiait pour son attaque. »
« Il a compris que la société israélienne était impliquée [dans un différend] et que ceux qui causaient le différend entre nous étaient les juges eux-mêmes. »
Amsalem a déclaré qu’une telle commission devrait mettre en garde « les juges et la procureure générale qui ont créé l’infrastructure » propice à l’attaque du Hamas.
Interrogé sur ses propos, Amsalem a affirmé qu’il n’accusait pas la procureure générale et les juges d’être à l’origine de la guerre, mais qu’il soulignait plutôt que le Hamas avait trouvé le bon moment pour frapper alors que le pays semblait particulièrement faible d’un point de vue d’unité sociale.
L’initiative de refonte judiciaire du gouvernement visait à faire avancer une loi destinée à affaiblir radicalement l’autorité des juges ou des fonctionnaires de justice pour contrôler le cabinet et la Knesset. Ce projet extrêmement controversé a déclenché des manifestations nationales sans précédent et n’a guère progressé avant d’être mis en veille à la suite de l’attaque du Hamas et de la guerre qui s’en est suivie à Gaza.
Les partisans de droite du gouvernement ont par le passé accusé ceux qui s’opposaient à la refonte du système judiciaire d’avoir permis l’assaut du Hamas. Selon certains médias, le groupe terroriste palestinien aurait travaillé sur les plans de l’assaut pendant deux ans avant de le mener à bien.
Si plusieurs chefs de la sécurité ont publiquement assumé la responsabilité de l’échec de la prévention de ce pogrom, ce n’est pas le cas de Netanyahu ni de la quasi-totalité des membres de son gouvernement.
Le Premier ministre a rejeté la création d’une commission d’enquête d’État, qui serait nommée par le président de la Cour suprême et disposerait des pouvoirs les plus étendus pour enquêter sur ces faits, estimant qu’une telle commission serait politiquement orientée contre son gouvernement. Il soutient également que toute enquête devrait attendre la fin de la guerre. Au début du mois, Baharav-Miara a exhorté le gouvernement à mettre en place une commission d’État, affirmant que « c’est clairement l’outil juridique le plus approprié pour enquêter sur les événements du 7 octobre et [sur la guerre qui s’en est suivie] ».
Les remarques d’Amsalem interviennent alors qu’un nombre croissant de députés et de ministres de la coalition ont appelé à l’éviction de la procureure générale en raison de leur frustration face à son refus de défendre diverses mesures controversées que le gouvernement cherche à mettre en œuvre et que Baharav-Miara a jugées illégales.
Les désaccords – sur des questions allant de la sélection du commissaire à la fonction publique aux subventions pour les crèches destinées aux ultra-orthodoxes qui n’ont pas été enrôlés – se sont multipliés au cours des enquêtes en cours sur les allégations d’actes répréhensibles commis par les collaborateurs de Netanyahu.
Les dirigeants de la coalition se seraient mis d’accord sur le principe d’une audition de Baharav-Miara pour discuter de son éventuelle éviction.
Amsalem a été l’un des critiques les plus virulents de la procureure générale, déclarant lors d’une réunion du cabinet en novembre : « Elle est la personne la plus dangereuse pour l’État d’Israël. Elle permet à la gauche de se déchaîner et de faire ce qu’elle veut. Elle nous met des bâtons dans les roues au sein du gouvernement. Elle se fait appeler ‘la loi’. »
En avril, il aurait déclaré lors d’une réunion du cabinet que Baharav-Miara était « l’ennemie du peuple ».