Des députés critiquent le chef du Shin Bet qui a alerté contre le terrorisme juif
Ronen Bar aurait expliqué au Premier ministre que les attaques d’Israéliens alimentaient le terrorisme palestinien
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Deux députés de la coalition ont dénoncé dimanche le chef du Shin Bet qui aurait averti que les actes terroristes commis par des Israéliens juifs alimentaient le terrorisme palestinien, affirmant que « les idées de la gauche avaient atteint le sommet » de l’agence de sécurité et que les hauts responsables de la défense ne savaient pas comment « faire la distinction entre l’ennemi et leur propre peuple ».
Ces attaques verbales ont incité le ministre de la Défense, Yoav Gallant, à prendre la défense du chef du Shin Bet, Ronen Bar. « Grâce aux membres du Shin Bet et à leur chef, qui opèrent dans l’ombre, la vie de citoyens israéliens est sauvée chaque jour », a déclaré Gallant dans un communiqué.
« Je condamne fermement les déclarations des membres de la Knesset insultant le chef du Shin Bet, et leur suggère de les retirer et de s’excuser pour leurs propos », a-t-il poursuivi, faisant référence à ses collègues membres de la coalition.
« Toute attaque de personnalités publiques contre le Shin Bet porte atteinte à la sécurité de l’État et de ses citoyens », a ajouté Gallant.
Dimanche matin, le quotidien Yedioth Ahronoth a rapporté que Bar avait personnellement averti le Premier ministre Benjamin Netanyahu que le terrorisme juif contre les Palestiniens en Cisjordanie alimentait le terrorisme palestinien.
L’avertissement serait intervenu quelques jours avant qu’un jeune Palestinien ne soit tué par des résidents israéliens près de Ramallah vendredi soir, et qu’un terroriste palestinien de Jénine ait tué un policier municipal israélien à Tel Aviv samedi soir.
En réponse à l’information, la députée Limor Son Har-Melech du parti d’extrême droite Otzma Yehudit a critiqué le Shin Bet dans une interview avec le site d’information Ynet.
« Nous voyons qu’ils se sont perdus et ne savent pas comment définir qui est l’ennemi, et ne savent pas comment dissuader et maîtriser l’ennemi. Nous nous retrouvons donc face à de telles définitions déformées. De qui devriez-vous vous occuper, et contre qui devriez-vous vous battre ? », a déclaré Har-Melech, dont l’ancien porte-parole Elisha Yered a été arrêté en lien avec le meurtre vendredi de Qusai Jamal Matan, Palestinien de 19 ans.
« Il est impossible d’ignorer cette perception et cette politique qui ont imprégné les rangs supérieurs du commandement, qui, comme je l’ai dit plus tôt, ne savent pas faire la distinction entre un ennemi et leur propre peuple », a-t-elle déclaré à Ynet.
« Malheureusement, aujourd’hui, tout le monde sait déjà qu’il existe un plafond de verre au sein de l’armée et de l’establishment de la sécurité. Seules les personnes ayant des opinions très précises sont promues, et celles qui pensent le contraire ne sont pas promues. Des opinions qui sont très, très destructrices pour la nation d’Israël », a déclaré Har-Melech.
La députée Tally Gotliv (Likud) a lui aussi déclaré à Ynet que « les idées de la gauche avaient atteint le sommet du Shin Bet », affirmant que « l’État profond avait atteint le chef du Shin Bet et les chefs de Tsahal », utilisant un terme définissant une supposée conspiration de bureaucrates travaillant contre les dirigeants élus.
« Le moment qu’a choisi le chef du Shin Bet pour son annonce est scandaleux », a ajouté Gotliv.
Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a pour sa part réagi à l’incident de vendredi au cours duquel un résident israélien aurait abattu un Palestinien en faisant l’éloge du tireur arrêté et en indiquant qu’il devrait recevoir une « médaille d’honneur ».
Gamliel, comme Gallant, membre du parti au pouvoir, le Likud, a dénoncé les commentaires « graves » contre Bar, qui, selon elle, « travaille 24 heures sur 24 pour la sécurité d’Israël » avec d’autres agents du Shin Bet.
« Nos vies dans le pays sont rendues possibles grâce aux grands efforts des forces de sécurité. Nous devons leur accorder un soutien clair et condamner les attaques contre eux », a-t-elle ajouté dans un post sur X, la plateforme anciennement connue sous le nom de Twitter.
Il y a eu une augmentation des violences des résidents des implantations ces derniers mois. Les Nations unies ont rapporté vendredi qu’il y avait eu près de 600 attaques contre des Palestiniens et leurs biens au cours des six derniers mois.
L’incident meurtrier de vendredi est survenu après que plusieurs autres Palestiniens ont été tués dans des circonstances troubles impliquant des Israéliens cette année.
Les récentes attaques de résidents israéliens ont été condamnées par l’armée, la police et un certain nombre de politiciens, dont certains de la coalition de droite, mais il y a eu peu de condamnation claire de la part des dirigeants des implantations.
Certains députés d’extrême droite ont rendu public leur soutien aux résidents violents et ont attaqué des responsables de la défense.