Gantz : Benjamin Netanyahu fait fausse route, mais ce n’est pas un meurtrier
Lors de son allocution, le chef du parti HaMahane HaMamlahti a également critiqué le ministre de la Justice pour son refus de nommer un président à la Cour suprême
Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a critiqué mardi le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour avoir confondu ses intérêts personnels avec ceux de l’ensemble du pays, qualifiant une telle approche de « dangereuse ».
S’exprimant lors de la conférence annuelle de l’Association du barreau israélien (IBA) à la suite de la mort de six otages aux mains du groupe terroriste palestinien du Hamas, Gantz s’est également élevé contre la rhétorique de ces derniers jours dépeignant Netanyahu comme un « meurtrier ».
« Netanyahu n’est pas un meurtrier et je condamne l’incitation [à la haine] à son encontre », a-t-il déclaré.
« Le Hamas, le [groupe terroriste chiite libanais du] Hezbollah et le Corps des Gardiens de la Révolution islamique sont nos ennemis. Mais Netanyahu s’est égaré et se considère comme l’État. Et c’est dangereux », a-t-il déclaré.
Netanyahu, a-t-il ajouté, est « le parrain du concept de survie au pouvoir à tout prix ».
Gantz a également condamné le ministre de la Justice, Yariv Levin, qui refuse de nommer un nouveau président de la Cour suprême depuis que l’ancienne présidente, Esther Hayut, a pris sa retraite en octobre 2023.
« Même pendant ces jours difficiles, le ministre de la Justice continue de nuire au système judiciaire et aux citoyens d’Israël, en refusant de convoquer la commission de sélection des juges et de faire la chose élémentaire, élire un président de la Cour suprême après plus d’un an », a-t-il déclaré.
La semaine dernière, la Haute Cour de justice a demandé à Levin de soumettre la nomination d’un nouveau président et de deux nouveaux juges de la Cour suprême à un vote au sein de la commission de sélection des juges, et de commencer à préparer ce vote « dans les prochains jours ».
Gantz a appelé à un projet de Loi fondamentale pour « réglementer les règles du jeu » et déterminer une définition pour les Lois fondamentales quasi-constitutionnelles, la procédure pour leur adoption et la façon dont les lois peuvent être invalidées par les juges.
Après cette allocution, Benny Gantz s’est exprimé mardi soir lors d’une conférence de presse télévisée. Il a de nouveau accusé le Premier ministre d’avoir fait obstacle à l’accord de « trêve contre otages » tout au long de la guerre déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, et de s’être préoccupé avant tout de sa survie politique.
Gantz a déclaré que Netanyahu avait menti aux citoyens lorsqu’il a expliqué pourquoi le maintien d’une présence militaire dans le corridor Philadelphi devait l’emporter sur la conclusion d’un accord avec le Hamas.
« Il ne ramènera pas les otages chez eux, il ne protégera pas vraiment la frontière sud, il ne ramènera pas les habitants du nord chez eux, il n’empêchera pas l’Iran d’obtenir une arme nucléaire », a-t-il déclaré lors de son allocution télévisée.
Gantz a fait savoir qu’il n’était pas surpris, étant donné qu’à l’époque où il faisait partie du cabinet de guerre, Netanyahu se serait constamment mis en travers des progrès réalisés dans le cadre des pourparlers, y compris autour de la trêve d’une semaine qui avait finalement eu lieu fin novembre.
Il a également critiqué la planification des combats de Netanyahu, affirmant qu’il avait empêché l’extension de la guerre à Khan Younès et à Rafah au début de la guerre.
Il a affirmé que le Premier ministre aurait refusé de faire du retour rapide et sûr des résidents dans le nord d’Israël un objectif de la guerre.
« Cela ne me surprend pas car Netanyahu se concentre sur sa survie politique et nuit à nos liens stratégiques avec les États-Unis alors que l’Iran progresse vers l’arme nucléaire », a-t-il affirmé.
« Nous devons ramener les otages », a déclaré Gantz, « même à un prix très lourd ».
Gantz a ajouté que la bande de Gaza devait être isolée de l’Égypte, mais il a contesté l’affirmation du Premier ministre selon laquelle le fait de ne pas maintenir en permanence une présence le long corridor Philadelphi paralyserait les troupes ou représenterait une menace existentielle pour l’État.
Netanyahu avait affirmé la veille qu’Israël serait incapable de reprendre la zone si les troupes s’en retiraient, mais Gantz a affirmé que c’était possible.
« Nous devrons revenir dans le corridor Philadelphi si nécessaire », a déclaré Gantz, en sa qualité d’ancien chef d’état-major.
Tout en reconnaissant que le contrôle du corridor est important pour contrecarrer la contrebande d’armes vers la bande de Gaza, Gantz a fait valoir que le fait d’y laisser des troupes les rendrait vulnérables aux attaques et n’empêcherait pas la construction de tunnels.
L’establishment de la sécurité israélienne a accepté un plan pour un système souterrain visant à arrêter les tunnels de contrebande, a déclaré Gantz, accusant Netanyahu d’avoir sciemment refusé d’avancer la proposition ou de rencontrer le président égyptien à ce sujet.
« L’histoire n’est pas celle de Philadelphi, mais celle de l’absence de véritables décisions stratégiques. »
Gantz a estimé qu’Israël devait déplacer son attention de Gaza vers le nord du pays, où le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, mandataire de l’Iran, représente une menace encore plus grande.
« Nous devons transférer les opérations vers le nord », a-t-il déclaré.
Dans la foulée, lors de la même conférence de presse, Gadi Eisenkot, député de HaMahane HaMamlahti et ancien chef d’état-major de l’armée israélienne, a déclaré qu’il prenait au sérieux la question du corridor de Philadelphi, et a accusé Benjamin Netanyahu de « délégitimer » le ministre de la Défense et les officiers de l’armée israélienne dans ses déclarations sur qui devrait contrôler la frontière entre Gaza et l’Égypte.
Eisenkot a également déclaré que la menace iranienne avait été ignorée pendant que Netanyahu était au pouvoir.
« Israël est à son point le plus bas depuis sa fondation », a affirmé Eisenkot, soulignant qu’Israël n’avait encore atteint aucun de ses objectifs de guerre.
Il a déclaré que Netanyahu avait veillé à ce que tous les ministres soutiennent la proposition du 27 mai sur les otages, « mais qu’il y était rapidement revenu pour des raisons politiques ».
En réponse aux déclarations de Benny Gantz et de Gadi Eisenkot, qui l’accusent de faire obstacle à un accord sur les otages et de se préoccuper davantage de sa survie politique que de la sécurité d’Israël, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que les deux anciens chefs de l’armée israélienne devraient se taire.
La déclaration énumère les diverses réalisations d’Israël depuis que HaMahane HaMamlahti s’est retirée du gouvernement et du cabinet de guerre en juin, notamment les assassinats du chef militaire du Hamas Mohammed Deif, du chef militaire du Hezbollah Fuad Shukr, une frappe préventive contre des roquettes du Hezbollah le mois dernier, une frappe contre les Houthis au Yémen et la capture par l’armée israélienne du corridor de Philadelphi à la frontière entre Gaza et l’Égypte, qu’il a qualifié de « pipeline d’armement du Hamas ».
« Quiconque ne contribue pas à la victoire et au retour de nos otages, ferait mieux de ne pas faire obstacle », a déclaré le bureau du Premier ministre à propos de ses anciens partenaires politiques.