La police rejette toute irrecevabilité des preuves dans l’affaire Effi Naveh
Les policiers indiquent que les preuves recueillies dans l'enquête sur le président de l'Association du barreau israélien l'ont été "conformément à la loi"
La police a défendu vendredi sa gestion d’une enquête criminelle impliquant l’ancien chef de l’Association du barreau israélien alors que des voix se sont faites entendre, affirmant que les preuves avaient été acquises illégalement.
Efi Naveh, soupçonné d’avoir fait avancer des nominations judiciaires en échange de rapports sexuels, a annoncé jeudi sa démission du poste de président de l’Association du barreau israélien suite à son arrestation et à son interrogatoire par les enquêteurs de la police.
« Toutes les activités de l’enquête ont été menées conformément à la loi tout en équilibrant les intérêts différents impliqués dans l’affaire », a noté la police.
Cette déclaration des forces de l’ordre a été faite suite à des accusations laissant entendre que la principale preuve dans le dossier avait été obtenue sur un vieux téléphone de Naveh, qui avait été volé.
« C’est un téléphone qui a été volé », a expliqué l’avocat de Nave, Boaz Ben Tzur, devant les caméras de la chaîne Hadashot. « Nous ne savons pas par qui. Nous avons des soupçons mais la police est en train d’enquêter ».
Ben Tzur a évoqué des informations selon lesquelles un journaliste de la radio militaire – qui avait le premier obtenu le téléphone et l’avait ouvert – aurait bénéficié d’une immunité en échange de la remise de l’appareil à la police.
« La première question, c’est l’admissibilité. Quelle est la qualité d’une enquête qui a commencé par l’obtention d’une preuve acquise illégalement ? », a-t-il demandé.
« Il y a aussi l’aspect public », a continué Ben Tzur. « Est-ce acceptable de prendre le téléphone personnel d’une personne, avec tous ses messages privés, et que tout se retrouve entre les mains d’un journaliste ou de la police ? Est-ce que c’est approprié ? »
Selon le quotidien Haaretz, le téléphone était un vieil appareil cellulaire de Naveh et il a été retrouvé à l’intérieur d’un coffre de son ancienne habitation – qu’il avait quitté lorsqu’il s’était séparé de sa seconde femme.
Le téléphone avait été donné plus tard au journaliste de la radio militaire Hadas Shtaif.
Dans son communiqué de vendredi, la police a souligné que l’affaire était supervisée par le bureau du procureur de l’Etat et que les enquêteurs avaient reçu la permission du tribunal pour revoir certaines preuves.
Nave a été arrêté mercredi et interrogé par les enquêteurs pour avoir nommé une femme juge dans une cour des magistrats, il y a quelques années, en échange de rapports sexuels.
Efi Nave est également suspecté d’avoir eu des rapports sexuels avec l’épouse d’un autre juge qui voulait aider son mari à quitter une cour de magistrats pour accéder à une fonction dans une cour de district – un projet qui n’avait pas abouti.
En tant que chef de l’Association du barreau israélien, Naveh occupait un des neuf sièges du puissant comité de sélection judiciaire qui décide du placement et de la promotion des juges au sein du système israélien. Ce poste lui avait donné une influence susceptible d’aider les juristes à avancer dans leurs carrières – un rôle qu’il aurait exploité pour obtenir des relations sexuelles, selon la police.
Un juge a assigné Naveh à domicile, mercredi dans la soirée, rejetant une demande de la police de le placer en détention pour trois jours.
Deux autres suspects ont été interrogés mercredi, une juge de la cour des magistrats et une avocate, a rapporté plus tôt la police, divulguant certains détails de l’instruction majoritairement placée sous embargo.
La juge qui a été interrogée devrait prendre un congé, selon certaines informations.
Ces affaires suivent de près un autre scandale qui avait touché Nave, inculpé le mois dernier pour avoir aidé à exfiltrer l’une de ses contacts hors du pays lors d’un voyage à l’étranger et d’avoir tenté de la faire entrer en Israël sans passer par le contrôle aux frontières.
La ministre de la Justice Ayelet Shaked et la présidente de la Cour suprême Esther Hayut — toutes deux membres du Comité de sélection des juges composé de neuf personnes — vont être convoquées pour témoigner, tout comme le reste de cette commission, ont rapporté des médias israéliens.
Les autres membres du comité sont les juges Hanan Melcer et Neal Hendel, le ministre des Finances Moshe Kahlon, Ilana Seker, membre de l’Association du barreau israélien ainsi que les députés Robert Ilatov et Nurit Koren.