La privatisation des médias publics se poursuit avec le projet de vente de la radio militaire
La proposition de loi du député Likud Nissim Vaturi reprend les arguments d'une mesure critiquée par les défenseurs de la presse, destinée à vendre la Société de radiodiffusion publique israélienne
Dans le cadre d’une coalition bien décidée à en finir avec le radiodiffuseur public israélien Kan, le député du Likud Nissim Vaturi a soumis une proposition de loi destinée à privatiser la radio militaire, au motif qu’« il n’y aucun besoin d’une radio militaire financée sur fonds publics, fonctionnant comme une unité militaire et composée de soldats ».
Inscrite à l’ordre du jour de la Knesset cette semaine, cette proposition demande que la Deuxième Autorité de la Télévision et de la Radio lance un appel d’offres pour vendre la station – ainsi que son réseau affilié Galgalatz – à un acheteur privé.
Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, avaut annoncé l’an dernier son intention de fermer la Deuxième Autorité.
La radio de l’armée – une des stations d’information les plus écoutées en Israël – a été créée en 1950, soit très peu de temps après la création de l’État. Son personnel se compose d’un mélange de jeunes soldats et de journalistes émérites.
L’existence-même et le financement par l’armée d’une station de radio opérée par des journalistes chargés d’enquêter sur les agissements de l’armée et du gouvernement sont considérés depuis longtemps comme anachroniques, coûteux et piégeux sur le plan éthique.
Des ministres de la Défense et chefs d’État-major successifs ont songé à la fermer ou à la privatiser.
En vertu de cette proposition de loi, Tsahal devrait cesser de mettre des militaires à disposition de la station dans un délai de deux ans.
En 2023, le ministre de la Défense de l’époque, Yoav Gallant, avait renoncé à fermer ou privatiser la radio de l’armée, et ce en dépit de plusieurs années d’annonces en ce sens de la part de gouvernements successifs et de l’armée.
Les médias israéliens estiment que la proposition de loi pourrait être votée par la commission ministérielle des Lois dès ce dimanche, mais elle ne figure pas à son ordre du jour pour la semaine prochaine.
La proposition de loi de Vaturi reprend les arguments d’un texte similaire adopté en lecture préliminaire par 49 voix contre 46 à la Knesset mercredi. Cette autre proposition, proposée par la députée du Likud Tally Gotliv demande que le gouvernement émette un appel d’offres pour la vente des stations de télévision et de radio exploités par la Société de radiodiffusion publique israélienne sous le label Kan dans un délai de deux ans.
Perçue par les journalistes et députés de l’opposition comme une menace à la liberté de la presse, cette proposition stipule qu’à défaut d’acheteur dans les deux ans, la radio sera fermée et ses droits de propriété intellectuelle reversés au gouvernement.
Une autre proposition de loi visant à accorder au gouvernement un contrôle accru sur le budget de la Société de radiodiffusion publique israélienne a reçu le soutien de la commission des Lois ce mois-ci.
Ces deux propositions de loi concernant la Société de radiodiffusion publique israélienne font l’objet d’un examen alors que la coalition parle d’un troisième texte destiné à donner au gouvernement autorité sur les données d’audience de la télévision.
Cette semaine, le Conseil des ministres a invité les ministères et services publics dans leur ensemble à boycotter Haaretz après que son rédacteur en chef, Amos Schocken, a qualifié les terroristes palestiniens de « combattants de la liberté » – propos sur lesquels il est en partie revenu.
L’Association de la presse étrangère et l’Union des journalistes en Israël accusent le gouvernement de saper les fondements de la démocratie et de la liberté de la presse, là où les promoteurs de ces propositions assurent qu’elles ont vocation à libéraliser les médias et dynamiser la concurrence.
יגאל גואטה. כל מילה על שלמה קרעי pic.twitter.com/mM3ySQzt9e
— yayafink (יאיא פינק) (@yayafink) November 27, 2024
Jeudi soir, Karhi a menacé de porter plainte pour diffamation contre l’ex-député du parti Shas, Yigal Guetta, pour avoir, lors d’une interview à la chaîne N 12, laissé entendre que le ministre des Communications bénéficiait du soutien politique des médias qui bénéficieraient de la fermeture de la Société de radiodiffusion publique israélienne.