Israël en guerre - Jour 476

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La Syrie est trop « épuisée » pour un conflit avec Israël, affirme Jolani

Le chef de Hayat Tahrir al-Sham affirme que la Syrie cherche la stabilité après une longue guerre civile et évoque des "solutions diplomatiques" pour éviter une escalade régionale

Le chef du groupe islamiste syrien Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a dirigé une offensive rebelle éclair arrachant Damas au contrôle du gouvernement, Abu Mohammed al-Jolani, s'adressant à la foule dans la mosquée Omeyyade de la capitale, le 8 décembre 2024. (Crédit : Aref Tammawi/AFP)
Le chef du groupe islamiste syrien Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a dirigé une offensive rebelle éclair arrachant Damas au contrôle du gouvernement, Abu Mohammed al-Jolani, s'adressant à la foule dans la mosquée Omeyyade de la capitale, le 8 décembre 2024. (Crédit : Aref Tammawi/AFP)

Le chef du groupe rebelle islamiste syrien Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a été le fer de lance du renversement du régime du dictateur syrien Bashar el-Assad, a parlé samedi d’Israël pour la première fois depuis qu’il s’est emparé du pays, dans une interview accordée à la chaîne d’information Syrian TV.

Abu Mouhammad al-Jolani a dénoncé l’incursion des troupes de l’armée israélienne dans le sud du pays mais affirmé que celui-ci était trop « épuisé » par la guerre pour s’engager dans un nouveau conflit.

Les troupes israéliennes sont entrées dans la zone-tampon avec la Syrie juste après la chute du pouvoir du dictateur syrien Bashar el-Assad le 8 décembre. L’ONU a dénoncé une « violation » de l’accord de désengagement de 1974 entre la Syrie et Israël.

« Les Israéliens ont clairement franchi les lignes d’engagement en Syrie, ce qui menace d’une escalade injustifiée dans la région », a affirmé Jolani, dans des propos rapportés par la chaîne Télégram de la coalition menée par le groupe sunnite islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Jolani, qui se fait appeler désormais par son vrai nom, Ahmad al-Chareh, a cependant ajouté que « l’état d’épuisement de la Syrie après des années de guerre et de conflits ne permet pas d’entrer dans de nouveaux conflits ».

Déclenchée en 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie a fait plus d’un demi-million de morts, poussé à la fuite quelque six millions de Syriens, morcelé et dévasté le pays.

Un combattant anti-régime arrachant une affiche du dictateur syrien déchu Bashar el-Assad (à gauche) et son frère Maher, à l’aéroport de la ville d’Alep, au nord de la Syrie, le 2 décembre 2024. (Crédit : Omar Haj Kadour/AFP)

En début de semaine, Israël a lancé une vaste opération visant à détruire les capacités militaires stratégiques de l’armée syrienne, notamment les sites d’armes chimiques, les missiles, les défenses aériennes, les cibles de l’armée de l’air et de la marine, afin d’éviter qu’elles ne tombent entre les mains d’éléments hostiles.

Dans un geste qui a suscité une certaine condamnation internationale, Israël a également pénétré dans une zone tampon contrôlée par les Nations unies sur le plateau du Golan, quelques heures seulement après la prise de Damas par les rebelles islamistes, menés par HTS. Israël a déclaré qu’il ne s’impliquerait pas dans le conflit en Syrie et que sa saisie de la zone-tampon établie en 1974 était une mesure défensive et temporaire jusqu’à ce qu’il puisse garantir la sécurité le long de la frontière.

Le chef rebelle islamiste a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour éviter une escalade et garantir le respect de la souveraineté syrienne. Sans mentionner directement Israël, il a également parlé de « solutions diplomatiques » comme étant le seul moyen d’assurer la sécurité et la stabilité et comme une option préférable à des « aventures militaires inconsidérées ».

Dans un message vidéo adressé au nouveau régime qui se met en place en Syrie, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait déclaré mardi que Tsahal avait bombardé des capacités stratégiques militaires laissées par l’armée syrienne du régime déchu d’Assad « afin qu’elles ne tombent pas entre les mains des djihadistes ».

Des Syriens scandant des slogans et brandissant le nouveau drapeau syrien alors qu’ils se rassemblent pour la prière du vendredi à la mosquée des Omeyyades, à Damas, en Syrie, le 13 décembre 2024.(Crédit : Leo Correa/AP)

Il a ajouté qu’Israël était prêt à établir des relations avec les nouveaux dirigeants, mais qu’il n’hésiterait pas à les attaquer s’ils menaçaient l’État juif ou s’ils permettaient à l’Iran de se réimplanter en Syrie.

Le régime Assad était un allié de la République islamique et faisait partie de ce que l’on appelle l’axe de la résistance contre Israël.

« Nous n’avons pas l’intention de nous ingérer dans les affaires intérieures de la Syrie », a déclaré le Premier ministre, « mais nous avons bien l’intention de faire ce qui est nécessaire pour assurer notre sécurité ».

Dans l’interview qu’il a accordée samedi, le nouveau dirigeant de Damas a semblé répondre indirectement aux préoccupations israéliennes et se montrer rassurant. Jolani a déclaré que la Syrie était épuisée par des années de guerre civile et qu’à ce stade, elle ne se laisserait pas entraîner dans des conflits susceptibles d’entraîner de nouvelles destructions, la reconstruction et la stabilité étant ses principales priorités.

Le président russe Vladimir Poutine (à droite) serrant la main de son homologue syrien Bashar el-Assad lors de leur rencontre au Kremlin, à Moscou, le 24 juillet 2024. (Crédit : Valery Sharifulin/Pool/AFP/File)

Le commandant rebelle a ajouté que l’implantation iranienne en Syrie avait représenté un grand danger pour ce pays lui-même, pour les pays voisins et pour le Golfe. Il a également déclaré : « Nous avons pu mettre fin à la présence iranienne en Syrie, mais nous ne sommes pas des ennemis du peuple iranien. »

Au cours de sa longue interview, Jolani a évoqué certaines des questions que son nouveau gouvernement devra bientôt aborder pour gérer la Syrie de l’après-guerre. Il a souligné qu’il était important d’abandonner la « mentalité révolutionnaire » qui animait les rebelles islamistes et qu’il était nécessaire de mettre en place des institutions modernes, de garantir l’État de droit et de respecter les droits de tous les Syriens.

Jolani a livré une critique cinglante du régime corrompu d’Assad, affirmant qu’il gérait la Syrie comme une « ferme », extrayant et s’appropriant ses ressources pour s’enrichir. Il a ajouté que des documents seraient publiés dans un avenir proche pour prouver l’étendue du « vol énorme » du régime.

Il a souligné que la victoire éclair des rebelles sur le régime renversé en seulement onze jours prouvait l’efficacité de leur planification et de leur entraînement. Les rebelles « ont pris le contrôle de grandes villes sans que personne ne soit déplacé », a-t-il déclaré. Cependant, il n’a pas caché que les relations entre les différents groupes rebelles avaient été marquées par des conflits internes, des factions et des ingérences étrangères.

Des soldats israéliens sur des chars le long de la ligne Alpha qui sépare le plateau du Golan de la Syrie, dans la ville de Majdal Shams, le 9 décembre 2024. (Crédit : Matias Delacroix/AP)

Il a également mentionné la campagne aérienne russe limitée contre les rebelles dans les jours précédant le renversement d’Assad et a déclaré qu’elle faisait craindre une répétition du scénario de Gaza. En ce qui concerne les relations futures avec Moscou, il a déclaré que le changement de régime offrait l’occasion de réévaluer les liens d’une manière qui serve les intérêts communs.

Le régime précédent était arrivé au pouvoir en 1970, lorsque le père de Bashar, Hafez el-Assad, s’était emparé du pouvoir par un coup d’État sans effusion de sang. Bashar el-Assad exerçait la fonction de président depuis la mort de son père en 2000.

Israël et la Syrie n’ont pas de relations diplomatiques et sont officiellement en état de guerre perpétuelle depuis qu’Israël a déclaré son indépendance en 1948.

La Syrie a été l’un des pays arabes à attaquer le nouvel État juif. Malgré un accord d’armistice signé en 1949 qui délimitait une frontière entre les deux pays, la Syrie n’a jamais officiellement reconnu l’existence d’Israël.

La Syrie a également attaqué pendant la Guerre des Six Jours de 1967, avant que Tsahal ne bombarde les forces syriennes et ne reprenne le plateau du Golan. La Syrie a de nouveau attaqué en 1973 pendant la Guerre de Kippour et a été repoussée après une avancée majeure dans le Golan. Après cela, l’accord de désengagement de 1974 a été signé entre les États, marquant les zones démilitarisées à la frontière israélo-syrienne.

Si la chute du régime Assad, en place depuis plus de cinq décennies, pourrait constituer une occasion historique de reconnaissance entre Israël et son voisin, la vacance potentielle du pouvoir en Syrie pourrait également conduire à un chaos accru et servir de terreau à une résurgence du terrorisme dans la région.

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