Le père de Shani Louk défend le prix décerné à la photo de l’enlèvement de sa fille
Nissim Louk compare la photo "aux images historiques qui symbolisent une époque" ; pour les militants et les amis de la victime du massacre de Nova, c'est antisémite et pas éthique
Le père de Shani Louk, enlevée et tuée par des terroristes palestiniens du Hamas le 7 octobre, a déclaré samedi que c’était une « bonne chose » qu’une photo de sa fille en train d’être kidnappée figure parmi une collection de photos qui a remporté un prestigieux prix de journalisme, bien que ses amis et des militants pro-Israël aient décrié cette décision.
L’agence de presse américaine Associated Press (AP) a remporté jeudi le prix Pictures of the Year International dans la catégorie « Team Picture Story of the Year » pour son reportage photo intitulé « Israel and Hamas War », qui comprend une photo montrant une femme à moitié nue, identifiée comme étant Shani Louk, allongée face contre terre, visiblement inconsciente, à l’arrière d’une camionnette remplie de terroristes armés.
La photo a été prise par le photographe indépendant Ali Mahmud, qui a travaillé pour AP et a accompagné les terroristes du Hamas lors de leur massacre du 7 octobre, au cours duquel ils ont tué près de 1 200 personnes dans le sud d’Israël et emporté 253 otages à Gaza. AP a nié les accusations du groupe de veille des médias pro-Israël HonestReporting selon lesquelles le photojournaliste aurait pu avoir connaissance à l’avance des plans de l’assaut barbare.
Une publication Instagram annonçant le prix a depuis été supprimée suite à des critiques.
« C’est une bonne chose que la photo ait remporté le prix. C’est l’une des photos les plus importantes de ces cinquante dernières années », a déclaré Nissim Louk au site d’information Ynet. « Ce sont des photos qui façonnent la mémoire humaine – le Juif qui lève les mains, les parachutistes au mur Occidental – des photos qui symbolisent une époque. »
« Cette documentation de Shani et de Noa Argamani sur une moto symbolise cette époque. Je pense que c’est une bonne chose de l’utiliser pour informer l’avenir. Si je me mets à pleurer, qu’en résultera-t-il ? C’est l’histoire. Dans 100 ans, ils regarderont et sauront ce qui s’est passé ici. Je voyage dans le monde entier et tout le monde sait qui est Shani », a-t-il ajouté.
Congratulations to @AP for winning a Pictures of the Year award. How does it feel to do so on the back of Palestinian photojournalists who infiltrated Israel on Oct. 7 and took photos like the one below of Shani Louk's dead body in a Hamas pickup?
Was @RJI bothered about that… pic.twitter.com/MSasc9yzVp
— HonestReporting (@HonestReporting) March 22, 2024
Shani Louk, 22 ans, se trouvait au Festival Supernova le 7 octobre, lorsque des terroristes ont fauché les participants à coups de feu et de grenades, tuant 364 personnes et en enlevant des dizaines d’autres, pour la plupart des civils, au milieu d’horribles actes de brutalité et d’agressions sexuelles.
Elle a été officiellement déclarée morte le 30 octobre après l’identification d’un morceau de son crâne. Son corps est toujours détenu à Gaza.
Le concours international des photos de l’année est le plus ancien concours de photojournalisme au monde et est organisé par le Reynolds Journalism Institute (RJI) de l’école de journalisme du Missouri.
Après l’annonce, l’envoyée spéciale d’Israël pour la lutte contre l’antisémitisme, Michal Cotler-Wunsh, a déclaré que l’attribution du prix symbolisait la « normalisation de la haine antisémite ».
S’en prenant à AP et aux organisateurs du prix, HonestReporting a demandé à l’agence de presse ce qu’elle ressentait à gagner un prix « sur le dos des photojournalistes palestiniens qui ont infiltré Israël le 7 octobre et pris des photos comme celle ci-dessous du cadavre de Shani Louk dans un pick-up du Hamas ». « Le RJI s’est-il soucié de cela avant de décerner le prix ? »
Shani Cohen, l’une des amies de Louk, a déclaré au Daily Mail que l’attribution du prix était « complètement contraire à l’éthique » et « complètement ridicule », et qu’elle avait causé de la peine aux proches de Louk.
« Nous l’avons pris très personnellement. Certains ont pleuré. Nous l’avons partagé dès que nous l’avons vu », a déclaré Cohen. « Voir quelque chose comme ça est plus que ridicule et plus qu’antisémite. »
« Une telle photo ne devrait être utilisée que pour les besoins de l’armée et devrait être enfermée dans une sorte de galerie privée », a-t-elle ajouté.
Mettant en doute la légitimité de Mahmud, Cohen a déclaré : « Je ne suis même pas sûre que ce photographe soit un photographe légitime ou quelqu’un de professionnel. Les amis et la famille ne pensent pas que ce soit éthique ou légitime que cela se produise. »
Yuli Tsinker, une autre amie de Louk, a exprimé des sentiments mitigés à ce sujet.
« D’un côté, c’est une photo très difficile et gagner le prix de la photo de l’année avec le corps d’une jeune fille à côté de cinq hommes, des meurtriers armés, c’est culotté », a-t-elle déclaré au journal The Mail.
« Mais d’un autre côté, c’est aussi une explication, le monde va voir ce qu’ils ont fait à une si belle jeune fille au grand cœur qui n’a fait qu’aider tout le monde et qui a affirmé qu’il n’y a pas de mauvaises personnes. »