Le roi de Jordanie avertit d’un « conflit massif » si Israël annexe en Cisjordanie
Le roi Abdallah II n'exclut pas de suspendre l'accord de paix avec l'État juif, et insiste sur la solution à deux États comme étant "la seule façon d'avancer"

Le roi Abdallah de Jordanie a averti que si Israël donnait suite à ses projets d’annexion de certaines zones de la Cisjordanie, cela conduirait à un « conflit massif » avec son pays, et n’a pas exclu de rompre l’accord de paix conclu entre Amman et l’État juif.
Dans une interview publiée vendredi par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Abdallah II a insisté sur le fait qu’une solution à deux États était « la seule voie à suivre » dans le conflit israélo-palestinien.
« Que se passerait-il si l’Autorité nationale palestinienne s’effondrait ? Il y aurait plus de chaos et d’extrémisme dans la région. Si Israël annexait réellement la Cisjordanie en juillet, cela conduirait à un conflit massif avec le Royaume hachémite de Jordanie », a-t-il déclaré, interrogé par son interlocuteur sur l’intention du Premier ministre Benjamin Netanyahu de « profiter de l’opportunité que [le président américain Donald] Trump a créée pour s’emparer de grandes parties de la Palestine ».
« Je ne veux pas faire de menaces et créer une atmosphère à couteaux tirés, mais nous envisageons toutes les options. Nous sommes d’accord avec de nombreux pays en Europe et avec la communauté internationale pour que la loi du plus fort ne s’applique pas au Moyen-Orient », a ajouté le roi, lorsqu’on lui a demandé si son pays – l’une des deux seules nations arabes, avec l’Égypte, à avoir signé un accord de paix avec Israël – pouvait suspendre ce traité.

La Jordanie compte une importante population palestinienne et s’investit fortement dans la promotion d’une solution à deux États. « Les dirigeants qui prônent une solution à un seul État ne comprennent pas ce que cela signifierait », a-t-il déclaré à l’hebdomadaire allemand.
Les commentaires du roi font écho aux remarques qu’il avait formulées dans une interview de septembre 2019, avertissant qu’une annexion de la Cisjordanie aurait « un impact majeur sur les relations israélo-jordaniennes ». À l’époque, il n’avait pas menacé de rompre les liens diplomatiques.
Plus récemment, le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi aurait exhorté ses homologues de plusieurs pays à dissuader Jérusalem de ses projets d’annexion. Leur mise en œuvre serait « dévastatrice », marquerait la mort d’une solution à deux États et pourrait avoir des conséquences explosives pour la région, aurait-il averti. Mais là encore, aucun mot sur la fin de l’accord de paix.
L’entretien de vendredi a été publié quelques heures avant que les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ne se rencontrent virtuellement pour examiner les mesures qui pourraient être prises contre Israël à cet égard.
La Jordanie a fait pression sur l’UE pour qu’elle prenne des « mesures pratiques » afin d’éviter une annexion. Dans un communiqué, Ayman Safadi « a souligné la nécessité pour la communauté internationale et l’Union européenne en particulier de prendre des mesures pratiques qui reflètent le rejet de toute décision d’annexion israélienne ».