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Le Time revient sur l’interview de Netanyahu et conteste qu’il aurait refusé de « financer » le Hamas

Selon le magazine, le Premier ministre dépendrait de ses partenaires d'extrême droite, aurait cherché à annexer la Cisjordanie, et son procès pour corruption serait solide

Un homme portant un masque représentant le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la manifestation anti-gouvernement réclamant un accord pour les otages détenus par les terroristes du Hamas dans la bande de Gaza, à Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Tsafrir Abayov/AP)
Un homme portant un masque représentant le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de la manifestation anti-gouvernement réclamant un accord pour les otages détenus par les terroristes du Hamas dans la bande de Gaza, à Tel Aviv, le 17 août 2024. (Crédit : Tsafrir Abayov/AP)

Quelques jours après avoir publié une interview de Benjamin Netanyahu, le magazine Time a procédé à une vérification des faitsfact-checking – des « affirmations qui manquaient de contexte, n’étaient pas étayées par des faits ou n’étaient pas vraies » dans lesquelles le Premier ministre cherchait à minimiser sa responsabilité des échecs qui ont conduit au pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre et la facilitation du financement du groupe terroriste palestinien au cours de ses années au pouvoir.

Le magazine a également contesté les affirmations de Netanyahu selon lesquelles l’État avait poursuivi les Israéliens qui entravaient l’aide humanitaire à Gaza, qu’il n’avait jamais cherché à annexer la Cisjordanie, que son procès pour corruption – Affaire 4 000 – était en train de « s’essouffler » et que c’était lui, et non ses partenaires d’extrême-droite de coalition, qui avait le dernier mot en matière de politique gouvernementale.

Pour caractériser l’approche passive de Netanyahu à l’égard de Gaza au fil des ans, le Time a cité un extrait des mémoires du Premier ministre de 2022, Bibi, remettant en question ses affirmations actuelles selon lesquelles il aurait voulu lancer une opération d’envergure, mais n’aurait pas eu le soutien nécessaire.

« Est-ce que je voulais vraiment parquer Tsahal à Gaza pendant des années alors que nous devions faire face à l’Iran et à un éventuel front syrien ? », avait écrit Netanyahu dans son livre. « La réponse était catégoriquement non. J’avais d’autres chats à fouetter. »

Lors de l’interview du 8 août, Netanyahu a déclaré qu’il était « profondément désolé » que le groupe terroriste palestinien du Hamas ait pu attaquer Israël le 7 octobre et de ne pas avoir pu « l’empêcher », mais que l’enquête sur son incapacité à éviter cet assaut barbare et sadique devrait attendre la fin de la guerre.

Au cours de l’entretien, dont la transcription a été publiée dans son intégralité, Netanyahu a rejeté les accusations selon lesquelles il aurait précisément soutenu le Hamas en laissant l’argent du Qatar affluer à Gaza durant de nombreuses années.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu en couverture du magazine Time, en août 2024. (Crédit : Times)

« Il ne s’agissait pas de financer le Hamas », a expliqué Netanyahu à propos de l’argent qatari qui a afflué à Gaza sous ses mandats. Les gouvernements israéliens successifs – et pas seulement le sien, a noté le Premier ministre – « voulaient s’assurer que Gaza dispose d’une administration civile opérationnelle pour éviter un effondrement humanitaire. Il ne finançait pas le Hamas ».

Suite à son fact-checking, le Time a indiqué que le Qatar avait commencé à transférer de l’argent au Hamas dès 2007, durant le mandat du prédécesseur de Netanyahu, Ehud Olmert. Cependant, Olmert n’aurait pas directement facilité les fonds, contrairement à Netanyahu, toujours selon le Time.

Ainsi, en 2018, lorsque le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a cessé de payer les salaires de ses fonctionnaires en poste à Gaza, le gouvernement Netanyahu a transféré les fonds qataris – via « des valises remplies d’espèces« .

Entre 2021 et 2022, Naftali Bennett, alors Premier ministre, a cessé d’envoyer ces valises, tout en permettant à l’argent liquide du Qatar de continuer à affluer par d’autres canaux.

Un tunnel de contrebande du Hamas à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, sur une image tirée d’une vidéo diffusée le 5 juin 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Dans le cadre de l’interview accordée au Time, Netanyahu a tâché de minimiser l’effet de l’argent liquide qu’il a laissé entrer dans la bande de Gaza.

« Je ne pense pas que cela ait fait une grande différence, car le principal problème était la contrebande d’armes et de munitions en provenance du Sinaï vers Gaza », a-t-il déclaré – des armes qu’il fallait payer.

Cependant, le Time note qu’avec plus d’un milliard de dollars provenant du Qatar, le Hamas a pu acheter davantage d’armes.

« Tout ce que le Hamas n’a pas eu à déduire de son propre budget a libéré des fonds pour d’autres choses », a déclaré Chip Usher, ancien analyste de la CIA, au New York Times, cité par le Time.

Netanyahu aurait déclaré lors d’une réunion de son parti, le Likud, en 2019 que quiconque s’oppose à un État palestinien devrait soutenir les fonds destinés au Hamas, l’ennemi de l’AP dirigée par le parti laïc Fatah.

Interrogé par le Time sur cette citation, Netanyahu a répondu : « C’est une fausse déclaration. Je n’ai jamais dit cela. »

Cependant, a noté le Time, outre les nombreux articles sur les propos de 2019, Netanyahu aurait dit la même chose dans une interview accordée au journaliste Dan Margalit en 2012. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich avait également tenu les mêmes propos lors d’une interview en 2015.

Comme il l’avait fait à peine un mois après le déclenchement de la guerre, Netanyahu a semblé rejeter la responsabilité de l’assaut du Hamas du 7 octobre sur les agences de sécurité israéliennes.

Le ministre des Finances, chef du parti HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, présentant une photo du chef du Hamas de Gaza, Yahya Sinwar, alors qu’il plaide contre une trêve à Gaza lors d’une réunion de sa faction, à la Knesset, à Jérusalem, le 8 juillet 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90

« Le 7 octobre a montré que ceux qui disaient que le Hamas était dissuadé avaient tort. S’il y a quelque chose à dire, c’est que je n’ai pas suffisamment remis en question l’hypothèse commune à toutes les agences de sécurité. »

Netanyahu avait pourtant affirmé à maintes reprises – y compris dans ses mémoires – que le groupe terroriste palestinien était dissuadé. En revanche, de multiples responsables de la sécurité ont averti, dès janvier 2023, que la refonte – largement controversée – du système judiciaire du gouvernement encourageait le Hamas et le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah à attaquer.

Le Hamas a finalement attaqué le 7 octobre, lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges. Dans le cadre de l’incursion de l’armée israélienne à Gaza, qui vise à éliminer les capacités armées et administratives du Hamas, l’État juif a été accusé d’empêcher l’acheminement d’une aide humanitaire adéquate à Gaza, Israël répondant que les organisations internationales ne parvenaient pas à distribuer en toute sécurité l’aide qu’il avait autorisée aux civils gazaouis.

Les critiques ont atteint leur paroxysme après une série d’attaques contre des camions transportant de l’aide à Gaza, menées par des groupes de militants d’extrême droite qui estiment qu’Israël ne devrait pas fournir d’aide tant que le Hamas n’aura pas libéré la centaine d’otages qu’il retient toujours. Le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, aurait ordonné à la police de ne pas protéger les convois d’aide.

Illustration : Des militants de droite du mouvement Tzav 9 bloquant la route pour empêcher l’aide humanitaire d’atteindre la bande de Gaza, le 25 avril 2024. (Crédit : Tzav 9)

Netanyahu a semblé détourner la question du Time sur la raison pour laquelle aucun des perturbateurs n’aurait été arrêté.

« Ils l’ont fait. Je n’en sais rien. J’ignore s’ils sont ou non poursuivis », a-t-il déclaré.

De fait, la chaîne publique Kann a rapporté que certains des assaillants ont été arrêtés, mais qu’il n’y a pas eu d’inculpation connue.

Smotrich et Ben Gvir ont menacé de renverser le gouvernement si Netanyahu acceptait de conclure l’accord de « trêve contre libération d’otages » en l’état. S’adressant au Time, Netanyahu a réfuté l’affirmation selon laquelle il serait entravé par ses partenaires d’extrême droite de coalition.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, lors d’une conférence intitulée « Le retour d’Israël sur le mont du Temple », à la Knesset, le 24 juillet 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/FLASH90)

« Je mène la barque, je prends les décisions. Je formule la politique », a-t-il déclaré.

Toutefois, comme l’a noté le Time, Smotrich et Ben Gvir détiennent 13 des 120 sièges de la Knesset, ce qui leur confère une influence considérable dans la coalition Netanyahu, qui compte 64 sièges au Parlement.

Netanyahu a également indiqué au Time que malgré la position déclarée de ces deux ministres en faveur de l’expansion de la présence juive, « je n’ai pas cherché à annexer » la Cisjordanie.

Lors de la Guerre des Six Jours en juin 1967, Israël fut contraint de contre-attaquer rapidement et repris la Cisjordanie, alors occupée par la Jordanie.

La communauté internationale considère toutes les implantations comme illégales, mais Israël fait le distinguo entre les logements construits avec l’autorisation du ministère de la Défense sur des terres appartenant à l’État, et les avant-postes illégaux construits sans autorisations et souvent sur des terres palestiniennes privées.

Cette affirmation venait contredire de précédentes déclarations du Premier ministre qui avait ouvertement parlé d’annexer quelque 30 % de la Cisjordanie après que le précédent président américain, Donald Trump, eut dévoilé son plan de paix israélo-arabe en janvier 2020.

En outre, le Time a cité la récente affirmation de Smotrich selon laquelle le gouvernement encourageait un changement « méga-spectaculaire » du rôle d’Israël en Cisjordanie.

Le magazine a également interrogé Netanyahu sur son procès en cours pour corruption.

« Ce procès est en train de s’essouffler », a assuré le Premier ministre. « On n’en entend pas beaucoup parler, mais il est vraiment en train de s’effilocher. »

Mais en réalité, l’accusation a mis en délibéré ses arguments au début du mois, et la partie du procès consacrée à la défense devrait débuter en décembre, avec le témoignage de Netanyahu dans l’Affaire 4 000.

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