Les principaux ministres absents lors de la première réunion sur le coût de la vie
Smotrich, Barkat et Arbel n'étaient pas présents dans la salle quand Netanyahu a dit que les Israéliens n 'avaient pas à subir des prix supérieurs à la moyenne
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présidé lundi la toute première réunion de la commission ministérielle formée ad hoc pour s’attaquer au coût de la vie, alors que les Israéliens luttent contre la hausse persistante des taux d’intérêt et contre l’inflation, malgré les promesses faites par le gouvernement qui s’était engagé à se concentrer sur la baisse des prix.
Les principaux ministres ayant une influence significative sur l’économie et sur la santé financière d’Israël étaient notablement absents de la réunion.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, le ministre de l’Économie Nir Barkat et le ministre de la Santé et de l’Intérieur Moshe Arbel n’ont pas participé à la rencontre.
Netanyahu a déclaré aux participants que les Israéliens ne devaient pas être condamnés à payer des prix bien plus élevés que ceux pratiqués dans le reste du monde développé et il a promis de mener une « lutte déterminée » dans ce dossier, dans son discours ouvrant la réunion.
Le Premier ministre, fervent défenseur du capitalisme, de l’économie de marché et de la déréglementation, a rejeté la faute de ces prix qui ont grimpé en flèche aux « monopoles cachés » et « à toutes sortes d’obstacles à la concurrence », mais il a également reproché aux entreprises de chercher à maximiser leurs profits.
« J’ai l’impression que ces derniers temps, les importateurs, les producteurs et les distributeurs ont tout simplement coupé les freins », a-t-il déclaré.
Présidé par Netanyahu, le groupe d’experts comprend 13 ministres qui supervisent les ministères suivants : Finances, Économie, Agriculture, Environnement, Énergie, Santé, Affaires sociales, Affaires religieuses, Logement, Développement du Néguev et de la Galilée, Tourisme, Immigration et Communications.
En outre, le gouverneur de la Banque centrale d’Israël, Amir Yaron, et le prochain directeur de l’Autorité de la concurrence bénéficient au sein de la Commission du statut « d’invité permanent », au même titre qu’un certain nombre de professionnels. Le mois dernier, Barkat avait demandé la démission de Michal Cohen, directrice de l’Autorité de la concurrence, accusant l’agence de « souffrir d’une grave contre-performance » sous sa direction.
La commission se réunira à nouveau dans deux semaines afin que les membres puissent proposer des « mesures pratiques pour la lutte », et elle se réunira ensuite toutes les deux semaines, a déclaré Netanyahu.
Netanyahu avait annoncé la création de cette commission la semaine dernière, alors que son gouvernement essuyait des critiques publiques lui reprochant d’avoir négligé de s’attaquer à la hausse des prix en se focalisant à la place sur ses projets controversés de réforme du système judiciaire.
Le Premier ministre a également essuyé des critiques à ce sujet au sein même de sa coalition.
Le ministre des Communications Shlomo Karhi, du parti de Netanyahu – le Likud – s’en est pris lundi à Smotrich, le qualifiant, ainsi que les fonctionnaires du ministère, de « déconnectés et élitistes » et les accusant de ne pas s’être attaqués de manière adéquate à la hausse du coût de la vie, bien que le ministre ait dirigé un groupe différent formé pour traiter de cette question.
« Le cabinet socio-économique dirigé par Smotrich ne s’est réuni qu’une seule fois », a déclaré Karhi au site d’information Ynet, ajoutant que la réunion n’avait même pas abordé les problématiques socio-économiques.
Les Israéliens affrontent actuellement des hausses agressives des taux d’intérêt et l’inflation. Le mois dernier, la Banque centrale d’Israël avait relevé son taux d’intérêt de référence pour la dixième fois consécutive, augmentant les coûts d’emprunt de 25 points de base pour atteindre 4,75 % – alors même qu’elle s’efforce de freiner la récente croissance de l’inflation.
Les hausses de la Banque d’Israël ont rapidement augmenté les coûts pour les détenteurs de prêts immobiliers qui ont du mal à rembourser leurs mensualités. Au cours de l’année écoulée, le coût moyen des remboursements mensuels des prêts a augmenté d’environ 1 000 shekels.
En outre, au cours des derniers mois, les plus grands fabricants de produits alimentaires israéliens ont annoncé des augmentations de prix dans le secteur de la vente au détail, en particulier pour les produits laitiers et les produits tels que le pain, le café instantané, le sucre et le cacao.
Les prévisions de croissance économique d’Israël ont été revues à la baisse et les investissements ont également été freinés par l’incertitude entourant la réforme judiciaire controversée prévue par le gouvernement et par le ralentissement de l’économie mondiale.
Les sondages ont montré que la population israélienne n’est pas satisfaite des résultats du gouvernement en matière d’économie, estimant que la coalition se concentrait sur sa réforme judiciaire au lieu de s’occuper de la spirale du coût de la vie.
Une enquête publiée le mois dernier par l’Institut israélien de la démocratie (IDI) a montré que la plupart des Israéliens pensent que le coût élevé de la vie est dû à l’inaction du gouvernement. 27 % accusent les grands monopoles et 3 à 4 % en attribuent la responsabilité aux fabricants locaux, aux importateurs ou aux chaînes de supermarchés.
Le gouvernement a également été critiqué pour le budget de l’État 2023-2024 adopté le mois dernier, qui, selon les opposants, alloue des fonds excessifs à la communauté haredi tout en ne faisant pas face à la crise.
Daphna Aviram Nitzan, directrice du Centre pour la gouvernance et l’économie à l’IDI, avait déclaré au Times of Israel le mois dernier que le budget ne s’attaquait pas à la flambée du coût de la vie, mais « alloue des fonds qui ne sont pas des moteurs de croissance pour l’économie aux dépens d’une population active en diminution, qui devra supporter une charge fiscale élevée pour financer ce budget ».
Dans le budget 2023 de 484 milliards de shekels et dans le budget 2024 de 514 milliards de shekels, le gouvernement a alloué des milliards de shekels à des causes qui, selon le ministère des Finances et d’éminents économistes, réduiront les incitations de la communauté haredi à entrer sur le marché du travail et les qualifications de ses membres pour ce faire, étouffant la croissance économique.
Carrie Keller-Lynn et Sharon Wrobel ont contribué à cet article.