Loi de l’État-nation: Netanyahu réclame une réunion sans promettre de l’amender
Deux ministres, ayant pourtant voté pour, ont réclamé des changements dans la loi adoptée le 18 juillet dernier
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

A la surprise générale, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré mercredi qu’il prévoit de convoquer une réunion la semaine prochaine sur la loi de l’Etat-nation juif face au tollé qu’elle a provoqué au sein de la minorité druze.
Toutefois, Netanyahu n’envisagerait pas de modifier la loi, selon des sources médiatiques israéliennes.
« Il est nécessaire d’expliquer les choses et de dissiper tout malentendu, mais il n’y aura pas de changement dans la loi sur l’État-nation », a déclaré la Dixième chaîne d’information, citant des sources proches du Premier ministre.
Netanyahu reste ouvert à « d’autres mesures visant à améliorer les conditions de vie des Druzes », selon différentes sources.
Le ministre de la Défense Avigdor Liberman et le ministre des Communications Ayoub Kara – le seul ministre Druze du cabinet qui a voté en faveur de la loi et qui a reçu des menaces – participeront également à la réunion, a indiqué la Dixième chaîne.

Ces informations sont arrivées après que le ministre de l’Education Naftali Bennett a promis mercredi dernier de s’employer à « panser les blessures » que la loi a infligées à la communauté druze.
Des sources proches de M. Bennett ont déclaré au Times of Israel que le chef du parti HaBayit HaYehudi était disposé à modifier la loi de l’État-nation.
« Après des discussions avec beaucoup de nos frères druzes, il apparaît clairement que la manière dont la loi de l’État-nation a été promulguée a été très préjudiciable, en particulier pour eux et pour quiconque a lié son destin à celui de l’État juif », a déclaré M. Bennett. « Ce n’était pas l’intention du gouvernement israélien. »
M. Shachiv Shnaan, ancien député, a déclaré qu’il était difficile de trouver un Druze qui ne soit pas furieux au sujet de la loi.
« Nous avons été éduqués et élevés en tant qu’Israéliens, éduqués à aimer cet État et le lien avec le peuple juif », a déclaré Shnaan à la Dixième chaîne.
« Nous considérons que l’État est le meilleur endroit au monde pour être Druze et nous n’acceptons pas que quelqu’un nous prive du droit d’être citoyens d’un pays que nous aimons tant », a ajouté Shnaan, dont le fils Kamil était l’un des deux policiers druzes tués l’année dernière lors d’une attaque terroriste au mont du Temple à Jérusalem.

Dimanche, les dirigeants druzes israéliens, dont trois sont membres de la Knesset, ont saisi la Cour suprême de justice contre la loi sur l’État-nation juif, affirmant qu’il s’agissait d’un acte « extrême » et discriminatoire à l’égard des minorités du pays.
M. Kara, membre du parti au pouvoir, le Likud, a déclaré avoir été averti par les services de sécurité de l’État de menaces de mort proférées contre lui par des membres de la communauté druze à la suite de son vote en faveur de la loi.
Les députés druzes qui s’opposent à la loi viennent de tous les horizons politiques – de la coalition, le député Hamed Amar du parti de droite Yisrael Beytenu et le député Akram Hasson du parti centriste Koulanou, et de l’opposition, le député Salah Saad du Parti travailliste, représenté à la Knesset par l’Union sioniste de centre-gauche.
Tous trois ont servi dans les forces de sécurité israéliennes et ont été actifs dans les organisations sionistes.
Bennett a ajouté que les Druzes d’Israël « sont nos frères qui se tiennent à nos côtés sur le champ de bataille et ont conclu une alliance avec nous – une alliance de vie ».
Il a également dit que le gouvernement a « la responsabilité de trouver un moyen de panser les blessures ».
Un porte-parole de M. Bennett a refusé de dire s’il appuierait l’amendement de la loi, mais le ministre de HaBayit HaYehudi a plus tard tweeté un grand plaidoyer de la loi, disant qu’elle était « nécessaire et juste » mais qu’il y avait « une erreur en ce qui concerne nos frères Druze qui doit être corrigée ».
Semblable à une constitution, les lois fondamentales sous-tendent le système juridique israélien et sont plus difficiles à abroger que les lois ordinaires. Selon les partisans de la loi de l’État-nation, qui est devenue une loi fondamentale, elle place les valeurs juives et les valeurs démocratiques sur un pied d’égalité. Les critiques, cependant, affirment que la loi est discriminatoire à l’égard des Arabes d’Israël et d’autres communautés minoritaires.
La loi déclare également que Jérusalem est la capitale d’Israël, fixe le calendrier hébraïque comme calendrier officiel de l’État et reconnaît le Jour de l’indépendance, les jours de commémoration et les jours fériés juifs. Une clause du projet de loi rabaisse la langue arabe du statut officiel au statut « spécial », mais stipule aussi de manière cryptée que « cette clause ne porte pas atteinte au statut accordé à la langue arabe avant l’entrée en vigueur de cette loi ».

Les Druzes constituent une petite minorité, moins de 10 % de la population arabe d’Israël. Environ 138 000 des 2,3 millions de fidèles dans le monde sont des Israéliens ; la Syrie en compte un demi-million et le Liban 250 000 autres.
Les Druzes, une branche dissidente de l’islam, sont la seule minorité qui a accepté le service militaire obligatoire d’Israël et qui sert en grand nombre aux côtés de soldats juifs dans certaines des unités d’élite de Tsahal.
Cette religion s’est séparée de l’islam chiite à la fin du Xe siècle de notre ère et s’est répandue au Levant au siècle suivant. Ses croyances et pratiques actuelles sont gardées secrètes par ses membres, mais ses principes théologiques s’inspirent de l’islam, du judaïsme, du zoroastrisme, du christianisme et d’une variété d’autres croyances.
M. Bennett a refusé de dire s’il a discuté de la loi avec des membres de la population arabe israélienne d’Israël ou s’il a estimé qu’elle les a également « blessés ».
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