Neuf enfants, dont des jumelles de 3 ans, et deux mères relâchés par le Hamas
Après des retards, le dernier groupe d'otages - tous sont originaires du Kibboutz Nir Oz - est revenu en Israël dans le cadre de la trêve qui va être prolongée de deux jours
Onze enfants israéliens et leurs mères ont été libérés par le Hamas, lundi soir, arrivant en Israël après plusieurs heures d’incertitude sur la destinée de l’accord garantissant leur remise en liberté. Ils ont été relâchés dans un contexte d’efforts diplomatiques intenses portant sur la prolongation de la trêve humanitaire en cours dans la bande de Gaza, qui a commencé vendredi et qui durera encore quarante-huit heures.
Ce groupe devait être le dernier de quatre groupes de captifs libérés dans le cadre d’un accord qui prévoyait la libération de cinquante femmes et enfants enlevés par le groupe terroriste du Hamas, le 7 octobre. Toutefois, quelques heures avant que les captifs ne soient confiés aux soins de la Croix-Rouge, le Qatar a annoncé que la pause dans la guerre qui oppose actuellement Israël au groupe terroriste du Hamas serait prolongée de deux jours, ce qui ouvre la porte à la remise en liberté d’encore une vingtaine d’otages.
L’État juif n’avait pas confirmé l’accord dans la soirée de lundi.
Israël a par ailleurs accepté, pendant cette trêve initiale, de relâcher 150 Palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité nationale et ce sont 33 femmes et jeunes hommes qui ont été remis en liberté en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, lundi. Une prolongation de 48 heures pourrait entraîner la libération de 60 détenus supplémentaires.
Selon des informations égyptiennes, six ressortissants thaïlandais devaient également recouvrer la liberté à Gaza, lundi dans la soirée, dans le cadre d’un accord distinct conclu avec le Hamas.
La libération des otages est venue terminer une journée tendue, Israël semblant s’insurger face à la liste initiale des captifs qui devaient être libérés – dernier accroc en date ayant menacé de faire exploser la trêve, replongeant la région dans la guerre.
Après avoir été confiés à la Croix Rouge à Gaza, deux mère et neuf enfants ont été rapatriés en Israël via, semble-t-il, le poste-frontière de Kerem Shalom – et non via l’Égypte, comme cela avait été le cas ces derniers jours. Les pères des cinq familles de captifs relâchés restent, pour leur part, maintenus en détention dans la bande.
Parmi les Israéliens revenus au sein de l’État juif, Sharon Aloni Cunio, 34 ans en compagnie de ses deux jumelles de trois ans, Yuli et Emma Cunio. David, 34 ans, leur époux et père, reste otage à Gaza.
Une fois encore, le Hamas a publié des images de propagande montrant le transfert de la mère et de ses enfants à la Croix Rouge, ces derniers embarquant dans la camionnette de l’organisation avec l’aide des hommes armés du groupe terroriste.
Le Bureau du Premier ministre avait indiqué, avant 18 heures, que les familles des otages qui allaient être relâchés avaient été informés de la libération de leurs proches, faisant ainsi savoir que les problèmes posés initialement par la liste avaient été résolus. Il n’avait pas précisé la nature de ces problèmes. Toutefois, le Bureau avait annoncé précédemment qu’il procédait à « l’évaluation » de la liste des potentiels otages appelés à être relâchés.
Des responsables ont dit que la liste qui avait été fournie par le Hamas lundi, dans un premier temps, séparait les mères et les enfants.
« Dans cette liste, les mères ne devaient pas, à l’origine, sortir avec leurs enfants de la bande de Gaza », a commenté lundi le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby. « Une question qui a été résolue ».
Selon la Treizième chaîne, les noms de deux personnes âgées figuraient sur la liste et les mères avaient été laissées de côté.
Une source proche du Qatar a aussi confié à l’agence de presse Reuters que le Hamas n’avait pas non plus été satisfait des noms des prisonniers sécuritaires palestiniens, incarcérés pour des faits de terrorisme, qui devaient être remis en liberté par Israël dans le cadre de l’accord.
Les onze otages qui ont été relâchés lundi habitent le kibboutz Nir Oz – et c’est notamment le cas de Karina Engel-Bart, 51 ans et de ses filles, Mika, 18 ans et Yuval, 11 ans. Elles avaient été capturées avec leur père, Ronen, 54 ans, qui est encore retenu en captivité dans la bande de Gaza.
Dans le dernier message de la famille à ses proches, cette dernière disait avoir trouvé refuge dans la pièce blindée du domicile familial, consciente des événements qui étaient en train de se dérouler, dehors, au sein de la communauté. Le contact avait ensuite été rompu.
Engel-Bart, survivante d’un cancer, a la citoyenneté argentine. Une vidéo montrant le Hamas confiant les otages aux équipes de la Croix Rouge semble montrer Yuval assise dans un fauteuil roulant, avec une jambe dans le plâtre.
Sahar Calderon, 16 ans et son frère Erez Calderon, 12 ans, sont aussi sortis de captivité – contrairement à leur père, Ofer Calderon, qui reste au sein de l’enclave côtière. La mère des deux enfants, Hadas Calderon, qui est divorcée de leur père, a fait campagne en faveur de la remise en liberté de ses enfants, organisant tous les jours des veillées aux abords du ministère de la Défense, à Tel Aviv. « Jamais ces enfants ne restaient loin de moi plus de deux ou trois jours », avait-elle confié aux journalistes alors qu’elle était retournée voir le kibboutz détruit.
Or Yaakov, 16 ans et Yagil Yaakov, 13 ans, devaient aussi retrouver leur mère, Renana Gome. Tout contact avec été rompu entre cette dernière et ses deux fils après un dernier appel téléphonique où ils s’étaient exprimés en chuchotant depuis la pièce blindée de leur maison, tentant d’échapper aux hommes armés du Hamas, le 7 octobre. Les derniers mots prononcés par Yagil, le cadet, avaient été, selon sa mère qui avait entendu ce qui était en train de se passer : « Ne me prenez pas, je suis trop jeune ». Puis Gome avait reçu un appel téléphonique des kidnappeurs qui lui avaient dit qu’ils avaient enlevé ses deux fils.
Yagil Yaakov avait fait une apparition dans une vidéo de propagande diffusée le 9 novembre par le groupe terroriste du Jihad islamique palestinien.
Le père des deux enfants, Yair Yaakov, 59 ans, et sa petite amie, Meirav Tal, 54 ans, sont également en captivité depuis le 7 octobre.
Eitan Yahalomi, 12 ans, avait été initialement emmené par les hommes armés du Hamas avec sa mère et ses deux sœurs mais ces dernières étaient parvenues à échapper à leurs ravisseurs, revenant au sein de l’État juif alors qu’Eitan était amené en mobylette à Gaza.
Le père d’Eitan, Ohad, avait été blessé dans des échanges de coups de feu avec les terroristes du Hamas et il serait retenu en captivité à Gaza où il se trouve encore après la libération de son fils.
De leur côté, les membres de la famille Bibas – dont Kfir 9 mois, kidnappé au kibboutz Nir Oz en compagnie de son frère de 4 ans, Ariel, et de leurs parents, Yarden, 34 ans et Shiri, 32 ans – dont la libération était espérée, n’ont pas été relâchés.
Sur X, anciennement Twitter, le porte-parole arabophone de l’armée, Avichai Adraee, a dit que la famille avait été transférée auprès d’une autre faction terroriste de Gaza et qu’elle était actuellement maintenue en détention à Khan Younès, dans le sud de la bande. Un message qui laisse planer le doute sur une éventuelle remise en liberté dans les jours qui viennent.
Absentes aussi de ces libérations, deux femmes ayant la citoyenneté américaine et dont la remise en liberté avait été demandée expressément par les États-Unis. Dimanche, le président Joe Biden avait fait part de sa joie lors du retour en Israël de la petite Avigail Idan, quatre ans, disant : « J’aimerais être là pour la prendre dans mes bras ».
Avant que les otages ne soient relâchés, lundi, les heures de retard dans le processus ont ravivé les craintes d’un effondrement prématuré de la trêve précaire qui a commenté vendredi. Samedi, une première dispute avait menacé de saborder l’accord et le Qatar avait envoyé une délégation à Tel Aviv pour sauver ce dernier. Les captifs étaient arrivés sur le sol israélien après minuit.
Les libérations, dimanche, s’étaient déroulées avec quelques accrocs et l’une des otages, Elma Avraham, 84 ans, avait été transférée en toute hâte dans un hôpital israélien dans un état critique.
Tali Amano, la fille de l’octogénaire, a déclaré que sa mère était entre la vie et la mort lorsqu’elle a enfin été prise en charge. Avraham est actuellement plongée dans un coma artificiel et elle a été placée sous respirateur, mais Amano a indiqué qu’elle avait eu la joie d’avoir le temps de lui annoncer la naissance de son dernier arrière-petit-enfant pendant qu’elle était en captivité.
Avraham est atteinte de plusieurs maladies chroniques nécessitant un traitement régulier mais son état était stable avant son enlèvement, a expliqué Amano dans la journée de lundi.
D’autres anciens captifs vont bien et ils se réacclimatent à la vie hors de Gaza, partageant des étreintes émues avec leurs familles et leurs amis. A Hod Hasharon, c’est une foule qui s’est installée de part et d’autre des rues, brandissant des drapeaux et se réjouissant au moment où cinq anciens otages de la famille Haran-Avigdori-Shoham regagnaient leur habitation après avoir quitté l’hôpital pour enfants Edmond et Lily Safra, à l’hôpital Sheba..
The scene at Hod Hasharon upon arrival of the Avigdori family who were held by the #HamasTerrorist for 50 days. #HamasisISIS #HamasMassacres pic.twitter.com/LOiYizvCxo
— Tal Schneider טל שניידר تال شنايدر (@talschneider) November 27, 2023
Neuf des treize otages pris en charge là-bas avaient déjà quitté l’établissement lundi soir, a fait savoir l’hôpital. Cela a notamment été le cas d’Emily Hand, une enfant de neuf ans dont la mort avait été initialement annoncée mais dont il s’est avéré qu’elle avait été enlevée.
Le professeur Itai Pessach, de l’hôpital pour enfants Safra, a déclaré que la santé physique des 13 otages étaient satisfaisante dans l’ensemble. Ils ont subi de nombreux examens physiques et psychologiques et certains ont nécessité des soins médicaux, a-t-il précisé.
« Voir les otages retrouver leur famille, constater le fait qu’ils sont en train de se rétablir au niveau physique, cela donne un sentiment d’optimisme », a-t-il dit. « Mais au regard de leurs histoires difficiles et complexes de captivité, le chemin sera long avant qu’ils ne soient totalement rétablis. »