Sigal Sadetzki démissionne ; colère des artistes et des restaurateurs
L'ex-responsable affirme que la campagne du gouvernement pour stopper la propagation du virus a "perdu son sens", son opinion professionnelle n'est plus prise en compte
La directrice de la Santé publique au sein du ministère de la Santé a annoncé mardi sa démission, critiquant la manière dont les autorités ont géré l’épidémie de coronavirus en cours et décrivant une approche chaotique et inefficace pour faire face à la crise.
Dans un long post publié sur sa page Facebook, Sigal Sadetzki dit avoir informé le directeur-général du ministère, Chezy Levy, de son départ.
Sadetzki a démissionné alors que les taux de contagion sont montés en flèche, atteignant environ 1 000 cas par jour. Les critiques ont accusé le gouvernement de réagir trop tardivement à la forte augmentation du nombre de cas et ont critiqué l’incapacité du ministère de la Santé à effectuer une recherche efficace des contacts et des tests épidémiologiques pour contenir l’épidémie.
« Je reconnais le privilège que j’ai eu de jouer un rôle important dans la lutte contre la propagation de l’épidémie de coronavirus, à des moments critiques pour l’État d’Israël et ses citoyens », a écrit Mme Sadeszki dans son post.
Mais elle a prévenu : « Israël prend un chemin dangereux ».
« À mon grand regret, depuis quelques semaines maintenant, la gestion de l’épidémie a perdu son sens », a-t-elle écrit. « Malgré les avertissements systématiques et réguliers dans les différents systèmes, et les discussions dans les différents forums, nous observons avec frustration que le sablier des possibilités s’épuise. Dans ce contexte, je suis arrivée à la conclusion que, dans les conditions nouvellement créées dans lesquelles mon opinion professionnelle n’est pas acceptée, je ne peux plus contribuer à faire face efficacement à la propagation du virus ».
Sadetzki a écrit que « trop de temps est investi dans les débats, les discussions, les consultants, les forums et ceux qui agissent pour eux-mêmes, alors que le niveau de fonctionnement et les détails requis pour la réussite des différentes opérations ne reçoivent pas l’attention nécessaire ».
Mme Sadetzki a également déclaré que la rotation des personnes occupant des postes clés dans la lutte contre le virus est trop élevée, les fonctionnaires apprenant à peine les ficelles du métier avant d’être remplacés par d’autres, qui doivent alors entamer leur propre processus d’apprentissage.
Le ministre de la Santé, Yuli Edelstein, a déclaré au site d’information Ynet qu’il n’était pas au courant de l’intention de Sadetzki de démissionner jusqu’à ce qu’il soit interrogé à ce sujet lors de l’entretien avec le média. « Je n’ai reçu aucune lettre de démission du professeur Sadetzki », a déclaré M. Edelstein.
Edelstein a déclaré qu’il rencontrerait Sadetzki et « essaierait de comprendre les raisons » de son départ.
« Elle a été dans une situation pas si simple pendant six mois », a déclaré Edelstein, félicitant Sadetzki pour son « bon travail professionnel ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a également remercié Sadetzki pour ses efforts dans la lutte contre le virus.
Israël a réussi à faire baisser les taux de contamination à des dizaines de cas en mai après une semaine de confinement, mais les taux ont rapidement augmenté depuis la réouverture de l’économie, dépassant les infections de la première vague du virus.
Les industries de la restauration et de la culture déplorent les nouvelles règles
Le gouvernement a introduit lundi une série de restrictions visant à stopper la propagation du virus, bien que la forte augmentation des cas ait suscité des avertissements sur le fait qu’un deuxième bouclage pourrait être inévitable.
Parmi les restrictions introduites lundi, citons la réduction de la capacité des restaurants et des synagogues, la diminution du nombre de passagers dans les transports publics, l’augmentation des amendes pour le non port de masque facial et la fermeture des salles de manifestations, des lieux culturels, des piscines, des gymnases, des bars et des discothèques.
Des personnalités de premier plan des arts du spectacle et de la restauration en Israël ont réagi avec consternation à ces directives.
Les industries de la culture et de l’événementiel, qui ont été parmi les dernières à être libérées du bouclage initial, ont protesté dans le passé contre ce qu’elles disent être un manque de soutien gouvernemental alors qu’elles étaient contraintes de rester fermées. Les employés de ces secteurs ont demandé une aide financière similaire à celle accordée à d’autres secteurs de l’industrie pour les aider à redémarrer l’économie.
Noam Semel, directeur du théâtre national Habima, a déclaré mardi à la radio de l’armée que l’annulation de tous les spectacles était « un très gros coup ». Les salles étaient pleines et nous devons soudainement remettre tout le monde en congé sans solde ».
« Laissez-nous nous produire dans un amphithéâtre, en plein air, conformément aux recommandations », a demandé M. Semel. « Nous pouvons protéger le public mieux que quiconque, nous avons des inspecteurs et nous n’autoriserons pas l’entrée sans contrôle de la température ».
Shai Berman, PDG de l’Association des Restaurants et Bars Israéliens, a expliqué dans une déclaration à la station que la décision du gouvernement était un « ordre de fermeture pour l’industrie de la restauration en Israël ».
Il a déclaré que le gouvernement n’avait pas réussi à se préparer à une deuxième vague du virus et qu’il s’agissait d’un « échec colossal du point de vue économique ».
Berman a déclaré que limiter à 50 le nombre de personnes pouvant se trouver dans un restaurant sans tenir compte de la taille des locaux était « de l’hystérie et n’a aucune justification sanitaire au vu des minuscules chiffres de contamination dans les restaurants ».
Il a déclaré que le gouvernement devra trouver du travail pour les 150 000 employés de l’industrie qui perdraient leur emploi.
« Nous sommes préoccupés par le sort de plus de 10 000 entrepreneurs sur le terrain, qui descendront dans la rue dans les prochains jours avec un sac de dettes et sans aucune sécurité sociale, en raison de l’opposition du gouvernement israélien à l’accorder ».
Le ministre de la Culture et des Sports, Chili Tropper, a déclaré qu’il était « profondément attristé » par la décision du gouvernement mais a noté qu’avec la hausse inquiétante des contaminations, il n’y avait pas le choix.
« Nous sommes dans une crise permanente et nous devons tous avoir une responsabilité personnelle pour assurer la santé publique », a-t-il expliqué dans une déclaration.
« Nous continuerons à travailler dur pour assurer l’existence des institutions culturelles et nous travaillerons avec le ministère des Finances pour créer une sécurité financière pour les nombreux travailleurs dans ce domaine », a déclaré M. Tropper.
M. Tropper a déclaré que son ministère préparait « une variété d’activités et de projets qui permettront aux citoyens d’Israël de continuer à faire l’expérience de la culture même en période de coronavirus, et nous ferons bientôt le point à ce sujet ».
La célèbre actrice israélienne Gila Almagor a décrit la situation à la Treizième chaîne comme étant « catastrophique. Il n’y a même pas de perspectives, il n’y a pas de soutien de l’État, il n’y a rien ».
Almagor a déclaré que la semaine dernière, elle a été accueillie avec sympathie lors d’une réunion avec le président Reuven Rivlin et Tropper qui s’est tenue à la Résidence du Président à Jérusalem.
« Et que s’est-il passé ? Rien », a-t-elle déclaré à la Treizième chaîne.
Le Comité d’action des industries culturelles et événementielles a déclaré dans un communiqué aux médias que les restrictions gouvernementales doivent aller « de pair avec la promesse et la mise en œuvre d’une véritable compensation financière pour 200 000 personnes en danger ».
« Notre exigence est claire : pas de promesses – juste de l’argent dans notre poche jusqu’à ce que l’ensemble de l’industrie retourne à la routine », a écrit le comité.
Le président de l’Union israélienne des artistes du spectacle [Israeli Union of Performing Artists], Yaakov Mendel, a déclaré aux médias : « C’est une chose terrible et il semble qu’ils aient pris soin d’éteindre même la lumière au bout du tunnel ».
Ran Guetta, PDG du théâtre Cameri, a décrit les restrictions comme « une décision difficile avec des implications difficiles. Mais il est entendu que la santé passe avant tout, et nous allons accepter et appliquer les consignes ».
La décision du cabinet limite les restaurants à 20 clients dans les zones intérieures et à 30 personnes dans les zones extérieures, les tables étant placées à distance les unes des autres.
Tous les rassemblements publics seront limités à 20 personnes, portant des masques faciaux et gardant une distance de deux mètres.
Toutes les manifestations culturelles sont annulées et les salles de spectacle, les clubs et les bars seront fermés, y compris dans les hôtels. Les manifestations sportives organisées pourront être maintenues, mais sans public.