Une compagnie d’assurance met en garde les exportateurs israéliens contre un boycott de l’Afrique du Sud
L'instabilité politique croissante pourrait conduire Pretoria à imposer des restrictions commerciales similaires à celles imposées par la Turquie
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
La compagnie israélienne d’assurance contre les risques du commerce extérieur Ashra, détenue par le gouvernement, a lancé un avertissement aux exportateurs locaux : l’instabilité politique croissante en Afrique du Sud à l’approche des élections de ce mois risque de nuire aux relations commerciales entre les deux pays, à l’instar du boycott lancé récemment par la Turquie.
Ashra invite les exportateurs à se préparer en conséquence et à s’assurer qu’ils ne sont pas trop exposés aux clients sud-africains et qu’ils ne sont pas déjà confrontés à des retards dans les paiements qui leur sont dus.
La Turquie a commencé à imposer des restrictions commerciales à Israël en avril, en réponse à la guerre en cours dans la bande de Gaza, après que le parti du président Recep Tayyip Erdoğan a subi une défaite importante aux élections municipales. Au début du mois, le pays islamique a mis en place une interdiction de commerce avec Israël.
Les Sud-Africains voteront lors des élections nationales du 29 mai et les sondages suggèrent que le parti au pouvoir, le Congrès national africain fondé par Nelson Mandela, perdra sa majorité après 30 ans de pouvoir, ce qui devrait conduire à une instabilité politique.
« En réponse à la crainte que les exportateurs israéliens ne soient lésés et au vu de la demande croissante, Ashra s’efforce d’élargir la portée de l’assurance-crédit garantie par l’État pour les exportateurs », a déclaré David Klein, directeur-général d’Ashra.
L’avertissement d’Ashra intervient alors que l’Afrique du Sud a demandé la semaine dernière à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye d’ordonner à Israël de se retirer de Rafah, dans le cadre de la guerre menée à Gaza contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« Diverses sources estiment que la conduite hostile du gouvernement sud-africain à l’égard d’Israël, et en particulier l’affaire soumise à La Haye, découle en partie de la crainte de ce résultat [électoral] et du désir de détourner le débat de la situation économique et sociale du pays », a souligné Ashra.
Ces dernières années, l’Afrique du Sud est devenue l’un des plus virulents critiques d’Israël, qualifiant la nation juive « d’État d’apartheid » et déposant, à la fin de l’année dernière, une plainte pour « génocide » auprès de la CIJ en raison de la guerre menée par Israël contre le groupe terroriste Hamas à Gaza.
Israël est en guerre depuis près de sept mois à la suite de l’assaut du Hamas, au cours duquel des terroristes ont tué près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, pour la plupart des civils, et en ont enlevé 252 autres.
En janvier, en réponse au recours de l’Afrique du Sud, la CIJ a ordonné à Israël de s’abstenir de tout acte susceptible de relever de la Convention des Nations unies sur le génocide – émise après l’extermination de 6 millions de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale – et de veiller à ce que ses troupes ne commettent pas d’actes génocidaires contre les Palestiniens, après que l’Afrique du Sud a accusé Israël de « génocide d’État » à Gaza.
Pretoria a accusé Jérusalem de commettre un « génocide » dirigé par l’État à Gaza. La CIJ n’a pas conclu qu’Israël commettait un génocide. Israël a déclaré qu’il agissait en conformité avec le droit international et que les demandes répétées de l’Afrique du Sud pour des mesures supplémentaires constituaient un abus de procédure.
Le volume des échanges bilatéraux avec l’Afrique du Sud est nettement inférieur à celui d’avec la Turquie. Les exportations israéliennes vers l’Afrique du Sud s’élèvent à plus de 200 millions de dollars et les importations à environ 150 millions de dollars par an, alors que les échanges bilatéraux avec la Turquie s’élèvent à 7 milliards de dollars. La plupart des exportations israéliennes vers l’Afrique du Sud concernent l’industrie manufacturière, comme la ferraille de cuivre, les produits chimiques et l’agriculture, notamment les pesticides et les engrais.
Ashra a été créée en 1957 pour encourager les exportations israéliennes et minimiser les risques politiques et commerciaux. Cette société publique fournit des services d’assurance-crédit pour financer les grandes transactions d’exportation des entreprises israéliennes, principalement avec des pays étrangers, pour des périodes relativement longues pouvant aller jusqu’à 15 ans. L’assurance protège l’exportateur ou la banque qui fournit le crédit contre l’impossibilité de recevoir le paiement du client en raison de difficultés économiques ou d’un événement politique.
Les services d’assurance-crédit garantis par l’État permettent aux exportateurs de recevoir leur argent même dans le cas d’un événement politique entraînant l’imposition d’une interdiction ou d’une prohibition des transferts d’argent vers les entreprises israéliennes. En outre, l’assurance dite « avant expédition » garantit qu’en cas d’annulation d’une commande par un client avant même sa livraison, comme dans le cas de la Turquie, l’exportateur recevra une compensation financière pour les dépenses déjà encourues.
L’éligibilité à l’assurance et au financement garantis par l’État est subordonnée à la condition qu’au moins 30 % de l’opération d’exportation ait une composante israélienne.
Klein a ajouté que depuis le début de la guerre, Ashra a enregistré une augmentation significative de la demande d’assurance-crédit garantie par l’État de la part des exportateurs.
« L’augmentation de la demande a commencé à la fin de l’année 2023 et se poursuit à un rythme plus rapide à partir du début de l’année 2024 », a déclaré Klein.
Au cours du premier trimestre 2024, la portée des approbations de principe pour l’assurance-crédit qu’Ashra a accordées aux exportateurs israéliens a augmenté d’environ 10 %, par rapport à la période correspondante de l’année dernière, selon Klein.
L’augmentation de la demande concerne les transactions d’exportation dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, de l’agriculture, de la sécurité et de la santé, principalement vers des pays africains tels que l’Angola, le Togo, la Côte d’Ivoire, l’Ouganda, ainsi que d’autres pays tels que la République dominicaine, le Kazakhstan et la Géorgie.
À la fin de l’année 2022, le portefeuille d’assurance d’Ashra comprenait des transactions d’exportation de plus de 2,5 milliards de dollars dans des secteurs tels que la fabrication, les infrastructures, l’équipement médical, l’énergie, les communications, l’agriculture, l’équipement de sécurité, la planification et les services d’ingénierie.