Allemagne : Soutenir l’expression « Du fleuve à la mer » sur Internet peut empêcher un prétendant à la nationalité de l’obtenir
De nouvelles réglementations du ministère allemand de l'Intérieur précisent que l'utilisation de ce slogan controversé disqualifiera les individus de la citoyenneté allemande
L’Allemagne refusera la citoyenneté à ceux qui partagent, « likent » ou soutiennent le slogan anti-Israël « Du fleuve à la mer » sur les réseaux sociaux, ont rapporté dimanche 29 septembre les médias allemands, dont la Radio et Télévision nord-allemande (NDR).
De nouvelles réglementations du ministère allemand de l’Intérieur précisent ainsi que l’utilisation de ce slogan controversé disqualifiera les individus de la citoyenneté allemande.
Les racines du slogan remontent aux années 1960, exigeant la « libération » complète de la Palestine du Jourdain à la Méditerranée, et donc la fin d’Israël.
Cette décision fait suite à la promulgation de la loi allemande sur la nationalité le 27 juin dernier. L’octroi de la nationalité est depuis notamment conditionné à la reconnaissance de la Shoah et du droit d’Israël à exister en sécurité.
Dans un entretien à l’hebdomadaire Der Spiegel en mars, la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser avait expliqué que « l’Allemagne a une responsabilité particulière envers les Juifs et l’État d’Israël après l’Holocauste, crime contre l’humanité qu’elle a commis ».
Ceux qui veulent devenir Allemands doivent savoir « ce que cela signifie et s’engager à assumer cette responsabilité de l’Allemagne » qui fait partie de « l’identité » du pays, avait-elle ajouté.
Les postulants devront dès lors reconnaître la responsabilité historique de l’Allemagne pour les crimes commis sous le national-socialisme, dont le meurtre de six millions de Juifs. Ils devront accepter cet héritage pour participer à la lutte contre l’antisémitisme.
Nancy Faeser a précisé qu’il était essentiel pour tous les futurs naturalisés de reconnaître « la relation particulière et étroite de la République fédérale d’Allemagne avec l’État d’Israël, en particulier que la sécurité et le droit à l’existence d’Israël font partie de la raison d’État allemande ».
Cette réforme est intervenue alors que les actes antisémites ont connu une forte augmentation dans le pays depuis l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas. Elle implique de nouveaux mécanismes de vérification par les services de naturalisation, parmi lesquels des questions sur Israël, les Juifs et les crimes allemands de la Seconde Guerre mondiale. Avoir été condamné pour un acte antisémite ou raciste disqualifie automatiquement un postulant à la nationalité allemande.
En août dernier, une manifestante de 22 ans qui avait scandé « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » lors d’un rassemblement à Berlin a été condamnée par la justice à une amende de 600 euros.
Aux États-Unis, la Chambre des Représentants a criminalisé, en avril dernier, ce même chant.
Selon les termes de cette résolution américaine, ce chant considérablement répandu dans les sphères pro-palestiniennes est un « appel aux armes antisémite qui n’a d’autre but que d’éradiquer l’État d’Israël ».
Le slogan « entend priver le peuple juif du droit à l’autodétermination et demande le retrait du peuple juif de sa patrie ancestrale », poursuit le texte de la résolution, estimant qu’il s’agit d’un « cri de ralliement » de nature à encourager les violences envers l’État d’Israël et la communauté juive de la diaspora, et qui « nuit aux Israéliens, aux Palestiniens et à tous ceux qui, dans la région, veulent la paix ».