Art spolié : Des survivants de la Shoah appellent Tel-Aviv à se retirer de la conférence de Christie’s
Cette demande intervient après que la maison d'enchères a ignoré les appels à renoncer à la vente de bijoux appartenant à la veuve d'un homme qui s'est enrichi sur le dos des Juifs
Des survivants de la Shoah ont exhorté le maire de Tel Aviv, Ron Huldaï, à exclure un musée municipal d’une conférence sur la restitution des œuvres d’art pillées, afin de protester contre son organisateur, la maison de vente aux enchères Christie’s, qui a récemment vendu des bijoux achetés avec les profits d’un empire de la vente au détail bâti sur des entreprises juives vendues sous la contrainte.
« Christie’s a rejeté les graves préoccupations des survivants et des groupes juifs du monde entier et a parrainé la vente aux enchères de la collection de bijoux de Heidi Horten la semaine dernière, en sachant parfaitement que la fortune de Helmut Horten a été bâtie sur des entreprises et des propriétés confisquées par l’Allemagne nazie à des familles juives », a écrit David Schaecter, président de la Fondation américaine des survivants de la Shoah, dans une lettre envoyée dimanche à Huldaï.
Dans la controverse évoquée par Schaecter, Christie’s a rejeté les appels de certains groupes juifs qui demandaient le retrait de la collection Horten. Les critiques soutenaient que le mari de Heidi Horten, Helmut Horten, décédé en 1987, avait acheté des entreprises juives « vendues sous la contrainte » pendant l’ère nazie pour construire un empire de vente au détail.
Christie’s a rejeté les appels de certains groupes juifs demandant le retrait de la vente. Elle a reconnu que Heidi Horten avait reçu un « héritage important » de son mari, Helmut Horten, décédé en 1987. Christie’s a reconnu que ses actions avaient été « bien documentées ».
Des dizaines de milliers de magasins de détail appartenant à des Juifs ont été « aryanisés » sous les nazis, et la valeur des biens juifs a été réduite par des mesures de boycott, des attaques de propagande et d’autres pressions exercées par les autorités dans les années 1930 en Allemagne. De nombreux Juifs n’ont reçu aucune compensation.
Des hommes d’affaires comme Horten en ont profité. Il a bâti l’essentiel de sa fortune après la guerre, mais sa marque de grand magasin est née pendant la période nazie.
Chritstie’s a déclaré que tous les bijoux mis en vente le 11 mai à Genève, en Suisse, avaient été achetés après 1970, ce qui signifie que ces objets n’ont pas été pillés. La maison de vente aux enchères a également précisé qu’elle avait accepté la collection à condition que l’intégralité du produit de la vente, qui s’élève à environ 150 millions de dollars, soit reversée à des œuvres caritatives.
Christie’s a commencé à organiser la conférence, intitulée « Reflecting on Restitution », au début de l’année. Elle devrait avoir lieu plus tard dans l’année, avec la participation de plusieurs musées d’art importants, dont le Musée d’Art de Tel-Aviv.
Mais la politique de Christie’s elle-même délégitime son initiative de discuter de l’art spolié par les nazis, a déclaré M. Schaecter.
Christie’s, a-t-il écrit, « perpétue l’une des tactiques les plus terribles des collaborateurs et des profiteurs de la Shoah, qui masquent toute l’étendue de leur cupidité en minimisant le comportement meurtrier qui a conduit à leur fortune ».