Des enfants à la vie détruite par le 7 Octobre, chantent pour leurs proches
"Ils doivent tous revenir, cette situation est intenable", souligne l'auteure de la chanson alors que 101 otages sont toujours retenus, depuis près d'un an, dans les geôles du Hamas
« Derrière ma maison, le ciel est tombé » : Emily Hand, le visage poupin, des écouteurs sur les oreilles, s’essaie à la chanson dans un studio d’enregistrement, un an après avoir été prise en otage par le groupe terroriste palestinien du Hamas au kibboutz Beeri, dans le sud d’Israël.
Emily, 9 ans au moment de son enlèvement, a été libérée durant la trêve de novembre après 50 jours de captivité à Gaza avec son amie Hila Rotem, 13 ans, et la mère de cette dernière.
Plus d’une centaine d’otages ont été libérés en échange de 240 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël durant cette unique trêve dans la guerre déclenchée le 7 octobre par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël à partir de la bande de Gaza. Sur les personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours captives à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.
Orpheline de mère à l’âge de deux ans, Emily a perdu sa deuxième mère, le 7 octobre, tuée au kibboutz Beeri. Lorsqu’elle entonne les premières notes de « Dans le champ derrière ma maison », les paroles résonnent douloureusement.
« Derrière ma maison, le ciel est tombé, un an que je n’ai pas respiré une minute, mais on dit que la tempête ne frappe pas deux fois, la peur je l’ai déjà perdue dans le champ derrière ma maison. »
Emily et Hila participent à un projet de commémoration de ce jour noir pour Israël en chantant avec la populaire auteure et interprète Keren Peles.
Dans la maison de la chanteuse, au kibboutz Hofit (centre), ils sont une dizaine d’adolescents et enfants, touchés directement par l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas, qui à tour de rôle chantent aux côtés de la vedette, auteure d’une chanson spécialement composée pour ces enfants.
« Incertitude », « douleur »
L’aînée des chanteurs en herbe est Youval Sharabi, 18 ans, dont le père est mort en captivité et l’oncle toujours présumé vivant aux mains du Hamas.
Les deux frères Yossi et Eli Sharabi ont été capturés au kibboutz Beeri, la femme et les deux filles adolescentes du second ont été retrouvées mortes dans leur maison et identifiées une semaine après l’attaque.
« Même dans l’obscurité, ta lumière m’éclaire dans les champs », commence à chanter la jeune fille avant de fondre en larmes et de se réfugier dans les bras de Peles, une amie de sa famille.
« Tout me parle, c’est comme si c’était mon histoire, comme si elle avait écrit sur moi », explique Youval à l’AFP.
« Ce champ est celui qui est derrière ta maison », semble confirmer Peles.
« L’incertitude, la douleur, tout ce qui touche au 7 octobre est dans cette chanson », enchaîne la jeune fille. « C’est plus possible cette attente, il faut libérer tous les otages, je suis encore sous le choc du 7 octobre, je veux qu’ils ramènent mon père et mon oncle. »
Il y a là parmi les enfants, le fils d’un policier tué à Sdérot ; les deux filles d’un habitant de Kissufim, mort au combat en défendant son kibboutz le 7 octobre mais aussi une cousine de Shiri Bibas, cette mère enlevée avec son bébé de 9 mois et son fils de 4 ans, ou encore Yaël Yahalomi, 11 ans, dont le frère Eitan est revenu pendant la trêve mais pas son père franco-israélien Ohad, toujours captif.
« Pas l’envie »
Dans l’attente d’enregistrer, Emily, Hila et deux adolescentes proches d’otages encore dans Gaza se filment pour TikTok. Réunies par ces tragédies, les quatre jeunes filles chantent et dansent, leurs rires portant au loin.
Elle portent des tee-shirts avec la photo de leurs proches et arborent des rubans jaunes, signe national de solidarité avec les otages.
Auteure de chansons pour plusieurs vedettes israéliennes, Peles explique qu’elle « n’a pas l’envie » d’écrire depuis le 7 octobre.
Elle a fait deux exceptions : pour « Hurricane« , la chanson qui a représenté Israël au dernier concours de l’Eurovision, et « Dans le champ derrière ma maison », diffusée vendredi soir pour la première fois, sur une chaîne de télévision israélienne.
Peles dit que cette chanson lui permet de donner une voix aux personnes qui ont perdu des proches et aux familles des otages pour « leur donner de l’espoir ».
« Ils doivent tous revenir, cette situation est intenable. »