Israël condamne le « phénomène abject » des crachats lors d’un appel au Vatican
Eli Cohen a assuré à l'archevêque Paul Gallagher que le comportement de certains Juifs haredim envers les chrétiens à Jérusalem "n'était pas représentatif des valeurs juives"
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a rencontré jeudi son homologue du Vatican, l’archevêque Paul Gallagher, et a condamné « l’incident déplorable » au cours duquel des Juifs orthodoxes ont été filmés en train de cracher sur des chrétiens à Jérusalem.
Cohen a également condamné toute attaque contre autrui au motif de sa foi.
« Ce comportement n’est pas représentatif des valeurs juives et la condamnation générale de ce phénomène abject en témoigne », a affirmé Cohen dans un communiqué publié à l’issue de l’appel téléphonique.
« La liberté d’expression et de religion est un principe fondamental en Israël », a ajouté Cohen, « et les centaines de milliers de touristes chrétiens qui viennent en Israël chaque année pour visiter des lieux sacrés pour eux et pour nous sont les bienvenus ici. Ils sont et continueront d’être accueillis avec respect et avec notre bénédiction ».
Les deux diplomates ont également discuté d’une éventuelle visite de Gallagher en Israël. Il s’agirait de la première visite bilatérale d’un secrétaire du Vatican chargé des relations avec les États.
Selon le ministère des Affaires étrangères, Cohen a également profité de cet appel pour évoquer la nomination du patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, en tant que cardinal le mois dernier, en précisant que cela témoignait de l’importance de Jérusalem pour toutes les confessions abrahamiques.
La dernière rencontre entre Cohen et Gallagher a eu lieu en juillet au Vatican.
L’appel de jeudi intervient après une vague d’indignation publique suscitée par de multiples incidents au cours desquels des Juifs orthodoxes ont craché sur des fidèles chrétiens dans la Vieille Ville de Jérusalem au cours de la semaine écoulée.
Lors d’incidents distincts survenus lundi et mercredi, plusieurs personnes, dont des enfants, ont été vues en train de cracher sur des pèlerins chrétiens et des institutions chrétiennes lors de la procession solennelle dans la Vieille Ville.
Cinq personnes ont été arrêtées vendredi à la suite de ces incidents.
Ceux-ci ont été largement condamnés par des personnalités politiques et religieuses en Israël, notamment par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui les a qualifiés de « sacrilèges et tout simplement inacceptables », par le grand rabbin David Lau, qui les a qualifiés « d’injustifiés », et par le ministre du Tourisme Haïm Katz, qui les a qualifiés de « pathétiques ».
Les responsables chrétiens en Israël ont déploré une augmentation de l’hostilité et des attaques à leur encontre au cours des derniers mois, en particulier de la part des extrémistes orthodoxes et ultra-orthodoxes.
En avril, Pizzaballa a déclaré que « la fréquence de ces attaques, de ces agressions, était un phénomène nouveau » apparu depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement religieux de droite, qui a prêté serment à la fin de l’année dernière. « Ces individus se sentent protégés… et semblent estimer que le climat culturel et politique justifie ou tolère aujourd’hui les actes perpétrés contre les chrétiens ».
En août, le président Isaac Herzog a rencontré les dirigeants chrétiens à Haïfa pour condamner cette montée de la violence, déplorant les « phénomènes extrêmement graves dans le traitement des membres des communautés chrétiennes en Terre sainte, nos frères et sœurs, citoyens chrétiens, qui se sentent attaqués dans leurs lieux de prière et leurs cimetières, dans la rue ».
En mars, un habitant du sud d’Israël a été arrêté pour avoir agressé des prêtres avec une barre de fer sur la tombe de la Vierge Marie à Gethsémani. En janvier, un gang de jeunes juifs religieux a jeté des chaises en direction d’un restaurant arménien installé à l’intérieur de la Nouvelle porte de la ville. La semaine suivante, un touriste juif américain a vandalisé l’église de la Flagellation à Jérusalem.
En avril, une série d’incidents impliquant également des individus crachant sur d’autres a été enregistrée.
En juillet, les autorités ont présenté leurs excuses à un abbé chrétien auquel un fonctionnaire du mur Occidental de Jérusalem avait demandé de cacher sa croix lors d’une visite du lieu saint avec le ministre allemand de l’Éducation.
Depuis des mois, un groupe de Juifs haredim organise des offices de prière à l’extérieur de l’église Stella Maris, une pratique dénoncée par les fidèles chrétiens comme étant une tentative d’intimidation et qui a donné lieu à plusieurs affrontements entre les deux groupes.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.