L’AP passe un accord avec les Brigades de Jénine pour mettre fin aux affrontements
La trêve intervient après une rupture qui aurait été causée par la reprise des frappes aériennes de Tsahal dans la région ; les membres des Brigades, affiliés à des groupes terroristes, doivent remettre leurs armes à Ramallah après six semaines d'opération

L’Autorité palestinienne (AP) a conclu un accord avec le bataillon de Jénine qui mettra fin aux affrontements des six dernières semaines dans la ville du nord de la Cisjordanie et le camp de réfugiés adjacent, a confirmé un responsable palestinien au Times of Israel vendredi.
L’AP a ciblé le groupe dit des Brigades de Jénine, composé d’hommes affiliés à des groupes terroristes tels que le Hamas et le Jihad islamique palestinien, dans le but de montrer au futur président américain Donald Trump que Ramallah est en mesure de maintenir l’ordre en Cisjordanie, dans le cadre de ses efforts pour reprendre le contrôle de Gaza au Hamas une fois la guerre terminée.
Selon le responsable, la trêve a été conclue vendredi soir, un jour après la reprise des négociations suite à une rupture en début de semaine, qui aurait été causée par la reprise des frappes aériennes israéliennes sur Jénine.
L’accord de trêve exige que certains membres des Brigades de Jénine déposent leurs armes et permet à l’AP d’opérer librement dans le camp de réfugiés, a déclaré le responsable.
Des véhicules de l’AP ont déjà été filmés entrant dans le camp de réfugiés vendredi soir avec des unités de déminage pour faire exploser les explosifs que les Brigades de Jénine avaient placés dans toute la zone pour nuire aux forces israéliennes et à celles de l’AP. Les médias palestiniens ont rapporté qu’au moment où les véhicules de l’AP entraient dans le camp, des dizaines de personnes s’étaient rassemblées pour chanter des slogans en faveur des groupes armés.
Ramallah a accusé l’Iran de financer et d’armer les Brigades de Jénine et d’autres groupes armés à travers la Cisjordanie. Les groupes armés ont gagné du terrain dans le nord de la Cisjordanie au cours des dernières années.
دخول الأجهزة الأمنية الفلسطينية إلى مخيم جنين والسيطرة عليه والقضاء على جـ ـرذان كتيبة جنين ومرتزقة إيران ????????????
أهل غزة في انتظاركم أيضًا يا فرسان فلسطين، لنبني الوطن معًا ونقضي على آخر أوكار الإخوان ومرتزقة إيران في غزة..???? pic.twitter.com/VDah7Vc7Hc
— مصطفـ????ـى عصفــور (@ustafa_ad) January 17, 2025
L’AP, créée en vertu des accords d’Oslo de 1993, a une présence relativement forte dans les villes du sud et du centre de la Cisjordanie, mais a du mal à exercer son autorité sur le nord du territoire, en particulier sur les camps de réfugiés de Jénine, Naplouse et Tulkarem.
Les médias arabes ont fait état de 15 Palestiniens tués lors de l’opération de l’AP à Jénine, dont six membres parmi ses forces de sécurité, huit civils et un terroriste présumé. Les forces de l’AP ont arrêté une poignée de membres des Brigades de Jénine.
Parmi les personnes tuées figure une journaliste dont la famille a déclaré qu’elle avait été touchée par un tireur d’élite de l’AP alors qu’aucun combat n’avait lieu à proximité.
L’opération antiterroriste a conforté les critiques palestiniens de l’AP dans l’idée que Ramallah agissait pour le compte d’Israël. Dans le cadre de cette opération, l’AP a réprimé la dissidence, notamment en fermant les bureaux en Cisjordanie de la chaîne d’information Al Jazeera, détenue par le Qatar, pour « ingérence dans les affaires palestiniennes ».

Au début de l’opération, les Brigades de Jénine ont volé deux véhicules appartenant aux forces de sécurité de l’AP, qui ont ensuite intensifié leur intervention dans le camp de réfugiés.
L’armée israélienne, qui a également mené des opérations antiterroristes de grande envergure dans le nord de la Cisjordanie au cours des derniers mois, a déclaré qu’elle renforçait les forces de l’AP pour les aider à lutter contre les Brigades de Jénine. L’armée a interrompu ses frappes aériennes sur Jénine lorsque les forces de l’AP y opéraient, mais a mis fin à cette politique cette semaine avec deux frappes aériennes qui ont tué une douzaine de personnes, y compris des civils, mardi et mercredi.
Deux responsables palestiniens ont déclaré au Times of Israel que les frappes aériennes avaient provoqué une rupture dans les pourparlers de trêve en cours entre l’AP et les Brigades de Jénine.
L’un des responsables a émis l’hypothèse que les frappes aériennes avaient été décidées par des éléments d’extrême-droite de l’armée et du gouvernement qui voulaient faire échouer l’accord et voir l’AP échouer dans ses efforts.
Israël a accusé l’AP d’inciter au terrorisme dans son système éducatif et en versant des allocations aux familles des Palestiniens détenus pour des crimes violents.

La Cisjordanie a connu une forte augmentation de la violence depuis le déclenchement de la guerre de Gaza le 7 octobre 2023, lorsque des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël pour tuer quelque 1 200 personnes et en prendre 251 en otage.
Depuis lors, Tsahal a arrêté quelque 6 000 Palestiniens recherchés dans toute la Cisjordanie, dont plus de 2 350 sont affiliés au Hamas. Selon le ministère de la Santé de l’AP, plus de 835 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués au cours de cette période.
Tsahal affirme que la grande majorité d’entre eux sont des hommes armés tués lors d’échanges de tirs, des émeutiers qui se sont heurtés aux troupes ou des terroristes qui ont perpétré des attentats. Au cours de la même période, 46 personnes, dont des membres des forces de sécurité israéliennes, ont été tuées dans des attaques terroristes en Israël et en Cisjordanie. Six autres membres des forces de sécurité ont été tués lors d’affrontements avec des terroristes en Cisjordanie.