Les survivants de Beeri organisent un seder de Pessah sur la « Place des Otages »
Ce seder, réservé aux membres du kibboutz, comprendra un appel des petits-enfants à la libération des otages les plus âgés avant Pessah
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Quelque 500 membres de la communauté du kibboutz Beeri organiseront un seder de Pessah lundi soir sur la « Place des Otages » à Tel Aviv, dans un appel à la libération des personnes qui leur sont chères.
Le 7 octobre, cent membres du kibboutz Beeri ont été tués par des terroristes palestiniens du Hamas et trente ont été pris en otage à Gaza. Onze de ces otages sont toujours à Gaza, six ont été assassinés en captivité et 13 autres ont été libérés à la fin du mois de novembre. Le kibboutz comptait quelque 1 000 résidents le 6 octobre.
« Nous n’avons jamais eu un seder d’une telle ampleur », a déclaré mercredi Michal Paikin, porte-parole de Beeri. « Le plus grand que nous ayons jamais eu comptait environ 250 personnes », ajoutant que certaines familles organiseront le leur cette année, parfois à l’hôtel David de la mer Morte, où de nombreuses personnes évacuées de Beeri vivent depuis le 7 octobre.
Ce seder, réservé aux membres du kibboutz Beeri, comprendra un appel clair au gouvernement pour qu’il fasse tout ce qui est en son pouvoir pour ramener les otages à la maison et les défunts afin qu’ils puissent être enterrés.
Plusieurs familles de Beeri dont des proches sont toujours détenus à Gaza participeront à la fête, a indiqué Paikin, notamment les familles Gat, Or, Baruch et Ben Ami. Elles seront rejointes par les otages libérés Raaya et Hila Rotem, Alma et Noam Or, Raz Ben Ami, Amit Shani, Emily Hand et Gali Tarshansky.
« Ce seder de Pessah n’est pas une fête », a déclaré Or Gat, sœur de l’otage Carmel Gat. « Cette soirée de seder nous a laissé avec plus de quatre questions. »
Un autre membre d’une famille d’otages, Yuli Ben Ami, dont le père, Ohad Ben Ami, est détenu en captivité, a déclaré que le fait d’observer la nuit du seder sur la Place des Otages, « notre deuxième maison, est l’endroit le plus approprié ».
Trois petits-enfants des otages âgés Haïm Peri, Alex Danzig et Shlomo Mansour ont parlé à la presse de leurs grands-pères et de l’impossibilité de célébrer Pessah sans eux.
« Il ne peut y avoir de Seder sans mon grand-père », a déclaré Talya Danzig, 18 ans, dont le grand-père, âgé de 75 ans, souffre d’une maladie cardiaque. Il a été pris en otage au kibboutz Nir Oz.
« Il dirige le spectacle et raconte les histoires et les blagues », a expliqué Talya. « Cela s’appelle le seder, mais il n’y aura pas d’ordre », a ajouté Danzig, en référence à la signification hébraïque du mot seder.
Noam Safir, petite-fille de Mansour, 86 ans, l’aîné des otages du kibboutz Kissufim, a raconté les premières années de son grand-père, né en Irak, lorsque sa famille a été prise dans le pogrom de Farhoud, au cours duquel des Juifs ont été tués, violés, torturés, kidnappés et agressés, leurs maisons et leurs magasins pillés et brûlés.
« Il s’est caché sur un toit et a pleuré », a expliqué Safir. « Il a vécu une deuxième Shoah le 7 octobre. »
Safir a déclaré que son Pessah « ne sera pas le même que les années précédentes ». « Il s’agira moins d’une célébration et plus d’une fête à marquer d’une pierre blanche. »