Même affaibli, Tsahal a empêché la prise de la base de Reïm le 7 octobre – enquête
Malgré le manque de coordination entre le personnel de la base de la division Gaza et les autres soldats, les terroristes ont été repoussés ; un civil et 5 soldats ont été tués, 7 autres blessés

Les terroristes palestiniens du Hamas ont tenté de s’emparer du quartier général de la division Gaza de l’armée israélienne lors du pogrom du 7 octobre 2023, mais ils ont été repoussés par les soldats au cours d’un long combat, selon une enquête de Tsahal publiée vendredi.
Quatre soldats israéliens ont été tués et sept autres blessés lors d’affrontements avec des terroristes sur la base de Reïm, qui abrite la division Gaza, l’unité régionale chargée de la bande de Gaza et de la protection du sud du pays. Un autre soldat qui servait à la base et son père ont été assassinés à un carrefour situé juste à l’extérieur du site militaire.
L’enquête a conclu que l’armée israélienne « avait échoué dans sa mission de défense de la base de Reïm », car le personnel de l’installation n’était pas formé à faire face à un tel scénario d’attaque, et que la base ne disposait d’aucune infrastructure défensive significative.
Ce manque de préparation et de défenses s’explique par le fait que la base était considérée comme une installation « arrière » – c’est-à-dire non située en première ligne – alors qu’elle se trouvait à seulement 6,5 kilomètres de la frontière avec Gaza. Des familles étaient hébergées sur place et très peu de soldats étaient armés. L’enquête a également révélé « d’importantes failles dans la sécurité des informations », qui ont permis au Hamas de recueillir des renseignements importants sur la base avant de lancer son attaque.
Néanmoins, l’enquête a conclu « qu’il est clairement évident que les combats et l’héroïsme des soldats de l’armée israélienne à l’entrée et dans toute la base, tout en faisant preuve de détermination, ont empêché la prise de la base et une catastrophe plus grave ».
Bien que le Hamas n’ait pas réussi à s’emparer de la base, l’enquête a révélé que les 30 minutes pendant lesquelles les terroristes ont été « immobilisés » à l’entrée n’ont pas été « mises à profit pour mener des actions efficaces afin de préparer la contre-attaque et renforcer la préparation de la base en vue d’une attaque de grande envergure ».
Selon l’enquête, une soixantaine de terroristes du Hamas ont atteint la zone de la base de Reïm ce jour-là. Trente d’entre eux ont « bloqué » le carrefour menant à l’entrée, tandis que trente autres s’infiltraient dans les installations.
« Leur objectif était de frapper les systèmes de commandement et de contrôle du secteur et de maximiser le nombre de morts, de destructions et d’enlèvements au sein de la base », indique l’enquête.
« À la suite des combats menés par les troupes de Tsahal sur la base, la plupart des terroristes ont battu en retraite », indique le rapport d’enquête, ajoutant qu’au moins dix terroristes ont été éliminés par les soldats présents dans la zone.
Cependant, les combats à l’intérieur de la base étaient totalement désorganisés entre les différentes forces qui tentaient de défendre les installations contre le Hamas. Pendant ce temps, le chef de la division Gaza était cloîtré dans son centre de commandement, essayant de gérer les combats dans toute la zone frontalière.

Les conclusions publiées vendredi sont les dernières d’une série d’enquêtes approfondies sur une quarantaine de combats et de massacres qui ont eu lieu lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes ont pris d’assaut la frontière, tué plus de 1 200 personnes et emmené de force 251 otages à Gaza, où des dizaines d’entre eux sont toujours retenus captifs.
L’enquête, menée par le colonel Itzik Elfasi, a porté sur tous les aspects des combats sur la base de Reïm. L’armée israélienne a déclaré que les enquêteurs s’étaient rendus sur place et avaient examiné toutes les sources d’information possibles.
L’enquête de la base de Reïm visait à tirer des conclusions opérationnelles spécifiques pour Tsahal. Elle n’a pas examiné la perception plus large de Gaza et du Hamas qui était celle des militaires au cours des dernières années, une perception qui a fait l’objet d’enquêtes distinctes et plus importantes sur les services de renseignement et de défense de l’armée israélienne.
Chronologie de l’attaque
Le Hamas a lancé un premier barrage de plus de 1 000 roquettes à 6 h 29, visant principalement des installations militaires israéliennes, notamment la base de Reïm. Au même moment, des milliers de terroristes ont pénétré en Israël après avoir franchi la barrière de sécurité frontalière de Gaza.
À 6 h 36, une équipe de pisteurs de la brigade sud de la division est partie de la base pour fermer un portail sur la route menant à l’installation. Près du carrefour de Gama, à environ 1,5 kilomètre au nord-ouest de la base, les pisteurs ont soigné deux civils blessés. Quelques instants plus tard, ils ont rencontré trente terroristes armés et des échanges de tirs ont éclaté. Le commandant adjoint de l’unité de pisteurs a été blessé et l’équipe s’est repliée vers la base pour signaler la menace imminente.
Parallèlement, le commandant de l’unité de traque de la division a décidé de quitter la base de Reïm pour Nahal Oz avec plusieurs de ses hommes, après avoir reçu des informations faisant état d’une infiltration terroriste dans la communauté frontalière. Alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la base à 6 h 50, les soldats ont trouvé quatre civils blessés qui ont indiqué avoir été pris sous le feu des terroristes sur la route voisine. Les civils ont été emmenés à l’intérieur de la base pour s’abriter et on leur a demandé de verrouiller la pièce dans laquelle ils se trouvaient.
À 7 heures, les pisteurs de la division ont quitté la base à bord d’un véhicule blindé léger. Mais peu après, ils ont repéré quinze motos avec deux terroristes à bord de chacune d’elles et une camionnette. Sous le feu de RPG (lance-roquettes individuels) et de tirs, l’équipe est retournée à la base, indemne, et a rejoint l’équipe de pisteurs de la brigade sud.

Au même moment, un soldat de la base qui n’était pas en service, le sergent-chef Avraham Cohen, qui assistait au festival de musique Nova qui se déroulait à proximité, est arrivé à la base avec deux amis, Eliyahu Berenshtein et Osher Vaknin. Tous les trois sont entrés dans un miklat – abri anti-atomique. Pour des raisons inconnues, les trois hommes sont repartis peu après et ont été tués plus tard sur un autre tronçon de la Route 232.
À 7 h 15, alors qu’une trentaine de terroristes du Hamas arrivaient, les traqueurs se sont positionnés à l’entrée de la base. Les terroristes ont ouvert le feu sur les soldats, bloqué le carrefour et mis en place des embuscades.
Les pisteurs se sont livrés à un combat intense d’une demi-heure avec les terroristes, les empêchant de pénétrer dans la base.
À 7 h 35, un soldat de la base, le sergent Osher Shmaya, et son père, Kobi Shmaya, sont arrivés à l’entrée de la base et ont été pris en embuscade par les terroristes, qui les ont tués. Cinq minutes plus tard, trente autres terroristes sont arrivés sur le parking de la base.

À 7 h 45, un terroriste qui s’était précipité vers le portail d’entrée a été éliminé par les soldats. D’autres terroristes auraient été blessés lors de ce combat. Mais au même moment, deux terroristes ont franchi la clôture périphérique de la base près des dortoirs des hommes et ont fait signe aux trente autres d’entrer.
Les trente terroristes ont alors commencé à attaquer la base, lançant des grenades et ouvrant le feu, près de la pièce où se cachaient les civils.

Un groupe de terroristes s’est infiltré dans le dortoir des hommes, où plusieurs soldats armés attendaient pour défendre les soldats non armés. Le caporal Ilay Azar a abattu un terroriste qui avait pénétré dans le dortoir, mais il a été tué par un autre. Les soldats armés ont réussi à tuer un autre terroriste dans le dortoir, forçant le groupe à battre en retraite.
Au même moment, le lieutenant-colonel Sahar Zion Machlof, commandant du 481ᵉ bataillon des transmissions, quittait le centre de commandement de la base pour aider à secourir ses troupes et d’autres soldats piégés dans différentes zones de la base. À 8 h 45, Machlof et plusieurs autres soldats ont rencontré plusieurs terroristes à l’intérieur de la base et ont échangé des coups de feu. Le commandant du bataillon a été mortellement blessé au cours des combats.

Un drone de l’armée de l’air israélienne qui avait mené des frappes le long de la Route 232 et près de l’entrée de la base est arrivé plus tôt pour prêter main-forte, mais n’a lancé aucune attaque à l’intérieur de la base en raison de la présence de troupes à proximité. Le drone a ensuite été redirigé vers Nahal Oz.
À 9 heures, le chef du Corps du Génie Militaire de la division et plusieurs soldats qui l’accompagnaient ont pris position dans une structure fortifiée, ont tué un terroriste qui s’approchait d’eux et en ont repoussé deux autres dans la zone.
Dix minutes plus tard, des officiers qui ratissaient à proximité des dortoirs réservés aux hommes ont abattu un terroriste.
À 9 h 15, cinq terroristes ont fait irruption dans le bureau du commandant de la brigade nord de la division, qui se trouvait alors dans la cellule de crise.
À 9 h 30, plusieurs soldats de l’unité du Corps du Génie Militaire de la division ont atteint le centre de commandement et l’ont sécurisé avec d’autres troupes armées.
Parallèlement, les terroristes ont fait irruption dans le dispensaire de la base et l’ont saccagé, tandis que 25 soldates chargées de la surveillance s’étaient réfugiées dans un miklat adjacent. Les terroristes ont ensuite saccagé la synagogue, le réfectoire et la cantine de la base, avant de se diriger vers le gymnase.
À 9 h 45, 15 soldats de l’unité d’élite Shaldag de l’armée de l’air israélienne ont décollé de la base aérienne de Palmachim à bord d’un hélicoptère Black Hawk en direction de Reïm. À 10 h 18, ils ont atterri à l’est de la base et ont avancé vers le centre de commandement. Au même moment, un autre hélicoptère de l’armée de l’air israélienne a frappé un bâtiment où des terroristes avaient été repérés.
À 11 heures, alors que les troupes de Shaldag ratissaient la base, elles ont essuyé des tirs provenant de terroristes postés près de l’auditorium. Les soldats ont encerclé la zone, mis en place une équipe de tireurs d’élite sur le toit d’un bâtiment voisin et engagé un combat acharné avec les terroristes.

Au cours des combats, les officiers Shaldag – le major Ido Yehoshua et le capitaine Rom Shlomi – ont été tués et trois autres soldats ont été blessés. Au moins un terroriste a été éliminé au cours de cette bataille.
Pensant que des terroristes du Hamas se cachaient dans la zone, le commandant de l’unité Shaldag a ordonné une suspension temporaire des combats et a préféré surveiller le corps de l’un des soldats tués pour éviter qu’il ne soit enlevé.
Vers midi, un ancien commandant de la brigade sud de la division et d’autres officiers sont arrivés à la base – après que le commandant de la brigade de l’époque, le colonel Asaf Hamami, a été tué au combat à Nirim – et ont rejoint les officiers de l’unité Shaldag. À ce moment-là, tous les terroristes s’étaient retirés par une brèche dans la clôture.
À 12 h 30, une équipe médicale de l’unité 669 de l’armée de l’air israélienne est arrivée à la base et a transporté par hélicoptère trois soldats blessés et deux civils blessés du festival Nova vers un hôpital.

Quinze minutes plus tard, une autre équipe d’une vingtaine de soldats de l’unité Shaldag est arrivée à la base. À 13 heures, une cinquantaine de soldats de l’unité d’élite Sayeret Matkal ont pris le relais. Les soldats Shaldag ont quadrillé le sud de la base tandis que les soldats Sayeret Matkal ratissaient le nord.
Entre 14 h 53 et 16 h 17, plusieurs frappes d’hélicoptères, dirigées par les officiers Shaldag, ont été menées contre la zone du gymnase et de l’auditorium, tandis que les deux unités nettoyaient la zone et récupéraient le corps du soldat tué.
Plus tard dans la journée, à 18 heures, une compagnie de soldats de l’unité de reconnaissance de la brigade des parachutistes a atteint la base après avoir combattu le Hamas dans le kibboutz voisin de Reïm. Les parachutistes ont rejoint les officiers Shaldag pendant les opérations de reconnaissance, tandis que les troupes de l’unité Sayeret Matkal se sont rendues au kibboutz Beeri.
À 19 heures, la base a été déclarée sécurisée et les officiers se sont rendus au centre de commandement pour informer le commandant de division de l’époque, le brigadier général Avi Rosenfeld.
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