Pierre Lellouche dénonce « une entreprise de délégitimisation de l’État d’Israël » de la part de la CPI
L'ancien ministre français décrit le contexte actuel dans lequel les Juifs sont ciblés
« Il y a une entreprise de délégitimisation de l’État d’Israël qui est extrêmement grave », a déclaré Pierre Lellouche en réaction aux mandats d’arrêts émis par la Cour pénale internationale à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.
L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy et député Les Républicains était l’invité de CNews et Europe 1, vendredi 22 novembre.
« Le refuge des Juifs, qui est né d’un génocide, celui des nazis, est lui-même aujourd’hui considéré comme génocidaire », a-t-il dit en rappelant la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël déposée devant la Cour internationale de justice.
« Parallèlement, l’action de la Cour pénale [internationale] pour attaquer directement le Premier ministre [Benjamin Netanyahu] le met au même niveau que les chefs du Hamas », a poursuivi Pierre Lellouche. « On met sur le même plan les terroristes qui attaquent et l’État qui essaye de se défendre. »
Un mandat d’arrêt délivré par la CPI vise également l’ancien chef militaire du Hamas Muhammad Deif, accusé d’extermination, d’actes de torture et de viol, et qui a très certainement été éliminé par Israël lors d’une frappe à Gaza.
La guerre à Gaza entre Israël et le Hamas a été déclenchée le 7 octobre 2023, lorsque les terroristes du groupe palestinien ont envahi le sud d’Israël et ont massacré près de 1 200 personnes, prenant 251 otages dont une centaine sont toujours détenus à Gaza. En représailles, Tsahal a lancé une vaste opération militaire dans le territoire palestinien pour éliminer le Hamas et libérer les otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 44 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 18 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Pierre Lellouche a évidemment condamné le pogrom du 7 octobre perpétré par le Hamas et a également déploré le nombre important de victimes civiles palestiniennes à Gaza.
« L’armée israélienne à Gaza, c’est une horreur, pourquoi ? Parce que vous avez une forteresse militaire sous une conurbation urbaine de 2 millions d’hommes. Il n’y a pas de guerre propre dans une situation comme celle-là », a-t-il affirmé.
« La question de fond est la suivante : si le refuge des Juifs est délégitimé et attaqué ouvertement de tous les côtés, […] et si par ailleurs les Juifs sont attaqués partout dans le monde parce qu’ils sont considérés complices de l’État d’Israël, qui est lui-même un ‘État criminel’, alors ils font quoi les Juifs aujourd’hui ? »
Lellouche a rappelé le résultat d’un récent sondage, commandé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) pour avoir une idée de l’état de l’antisémitisme en France, selon lequel près de 20 % des sympathisants LFI souhaitent le départ des Juifs de France. « Ils vont où ? », s’est interrogé Lellouche.
« On est dans une situation de fou », a-t-il déploré. « On assiste à la globalisation de l’antisémitisme, la criminalisation de la judéité. »
Sans pour autant qualifier la décision de la CPI « d’antisémite », Pierre Lellouche la considère comme « extrêmement grave ».
Pierre Lellouche : «Ils vont où les juifs aujourd’hui ? Ils ne peuvent pas être en France parce qu’ils sont attaqués et en Israël, c’est un État devenu criminalisé», dans #LaGrandeInterview pic.twitter.com/z8SSgaEkZv
— CNEWS (@CNEWS) November 22, 2024
« Netanyahu ne peut plus voyager, sauf pour aller aux États-Unis, qui ne reconnaissent pas la compétence de la CPI ». La Maison-Blanche a effectivement déclaré « rejeter catégoriquement » la décision de la Cour pénale internationale, Joe Biden jugeant « scandaleux » les mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens.
De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a affirmé que les mandats d’arrêt de la CPI devaient être « respectés et appliqués ». Cela signifie que Netanyahu et Gallant pourraient être arrêtés s’ils se rendent dans l’Union européenne.
Les autorités françaises n’ont pas encore précisé si elles procéderait à l’arrestation de Netanyahu ou Gallant s’ils se rendaient sur le territoire national. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères précise que la France est « fidèle à son engagement de longue date en soutien à la justice internationale » et « rappelle son attachement au travail indépendant de la Cour ».
Le mois dernier, Pierre Lellouche avait été invité à commenter les déclarations du président français Emmanuel Macron, qui avait notamment dit qu’Israël « sème la barbarie » à Gaza et au Liban.
Lellouche avait alors critiqué la position du président en l’accusant de vouloir « faire le buzz ».