Affaibli, le parti travailliste annonce des primaires en mai pour remplacer Michaeli
Avoda doit être "prêt et fort" pour les prochaines législatives, dit la cheffe sortante du parti ; le député Kariv, potentiel successeur à la tête du parti, y voit un stratagème

Le parti Avoda a annoncé dimanche qu’il organiserait des élections primaires au printemps pour remplacer la présidente sortante Merav Michaeli, alors que le parti s’efforce de revitaliser le mouvement de gauche, autrefois dominant mais aujourd’hui en perte de vitesse.
« L’État d’Israël traverse une grave crise et des élections sont nécessaires pour donner une nouvelle direction à notre peuple. Le parti Avoda a un rôle important à jouer dans la reconstruction de l’État d’Israël et il doit s’y rendre prêt et fort », a déclaré dans un communiqué Michaeli, qui avait annoncé sa démission imminente en décembre dernier.
Le parti a fixé au 5 mai la date butoir pour que ses membres enregistrent leur candidature avant le vote prévu pour le 28 mai. Le parti affirme qu’il organisera les primaires les plus « avancées » et les plus transparentes d’Israël, avec des votes en ligne et des débats publics.
Bien qu’il soit peu probable que ce plan soit modifié, il doit encore être approuvé par la direction du parti.
Dans ce qui semble être une tentative d’encourager du sang neuf à rejoindre le parti Avoda, qui ne dispose actuellement que de quatre sièges à la Knesset, les non-membres souhaitant se lancer dans une course à la direction ont jusqu’au 1er mai pour adhérer au parti et jusqu’au 5 mai pour annoncer leur candidature. Ceux qui souhaitent adhérer au parti pour pouvoir voter aux primaires devront le faire avant le 18 mai.
« Les élections pour la direction du parti Avoda seront les plus avancées, elles se dérouleront en ligne et seront ouvertes et larges afin de réaliser pleinement leur potentiel de renforcement et d’élargissement du parti et du camp », a déclaré le directeur général du parti Avoda, Nir Rosen.

« Avant les primaires, nous mènerons une vaste campagne de recrutement de membres, ainsi qu’une série de débats publics entre les candidats, comme cela se fait dans les partis démocratiques du monde entier », a ajouté Rosen.
Malgré cette annonce, tout le monde au sein du parti n’a pas réagi positivement à ce plan, même si les députés du parti se sont montrés véhéments dans leur opposition au maintien de Michaeli à la tête du parti.
Le député Gilad Kariv (Avoda), largement considéré comme un candidat potentiel à la direction du parti, a écrit sur X que « malheureusement » l’annonce de Michaeli semble avoir été faite pour empêcher le parti de voter sur « l’unification des forces de la gauche sioniste et la tenue de primaires communes pour la direction du bloc ».
« Il s’agit d’une continuation directe du refus de tenir toute discussion dans les institutions du parti sur cette question au cours de l’année dernière », a ajouté Kariv, arguant de la nécessité d’unifier la gauche en tant « qu’alternative claire à la droite nationaliste et au centre en zigzag ».
Après avoir succédé à Amir Peretz à la tête du parti en 2021, Michaeli a réussi à augmenter la représentation des travaillistes à la Knesset à sept sièges, mais l’amélioration de sa position a été de courte durée et, sous sa direction, Avoda ont été réduit au minimum de quatre sièges à la Knesset lors de l’élection législative de novembre 2022.
Sa décision de ne pas s’allier au parti de gauche Meretz a conduit à l’échec de ce dernier à entrer à la Knesset, au détriment du bloc des partis opposés au Premier ministre Benjamin Netanyahu. Depuis lors, le parti Avoda n’a jamais réussi à franchir le seuil électoral dans les sondages.

Le mécontentement interne à l’égard de Michaeli a continué à monter l’année dernière, lorsque les trois autres députés Avoda ont décidé de prendre des initiatives visant à l’exclure à terme de la faction.
Les députés – Kariv, Efrat Rayten et Naama Lazimi – ont décidé d’obliger Michaeli à réclamer leur accord dans toutes les initiatives qu’elle est amenée à prendre au nom d’Avoda, affaiblissant ainsi son autorité de dirigeante du parti de centre-gauche. Ils ont affirmé que Michaeli avait perdu le peu de légitimité publique dont elle jouissait encore et qu’elle condamne le parti – ce parti qui avait gouverné Israël pendant les trois premières décennies de son existence.
Rayten a ensuite annoncé qu’elle se présenterait pour remplacer Michaeli.
En réponse, Michaeli a annoncé début décembre que le parti organiserait un vote interne pour un nouveau dirigeant dans les quatre mois.
Interrogée sur son éventuel regret de ne pas s’être alliée au Meretz, Michaeli a expliqué au Times of Israel en janvier que si « l’échec du bloc anti-Netanyahu est en effet très pénible », elle estimait avoir pris « la bonne décision à l’époque » – une décision qui avait été « pleinement soutenue par la faction et par le parti ».
Toutefois, elle a également déclaré qu’elle estimait ne plus être la meilleure personne pour diriger le parti, affirmant que « si j’avais eu la réponse politique maintenant, j’aurais continué à présider le parti Avoda ».
« C’est la raison pour laquelle je me retire, afin que de nouvelles forces se joignent à nous et soient en mesure de le faire », a-t-elle expliqué à l’époque. « Je suis très investie dans le processus des primaires, car je veux que ce soit quelque chose qui élève le parti et nous permette d’attirer le plus grand nombre possible de personnes de qualité qui envisagent de se lancer en politique. »

En plus de perdre sa position à la tête du parti, Michaeli pourrait être forcée de quitter le parti Avoda, après qu’un tribunal du parti a ordonné la semaine dernière le début d’une procédure de destitution à son encontre.
Selon les médias israéliens, le tribunal interne a jugé que Michaeli avait « outrepassé son autorité » en soutenant un candidat Meretz à la mairie de la ville de Bat Yam, alors qu’il avait précédemment jugé qu’elle n’était pas autorisée à le faire.
Dimanche dernier, l’ancien législateur et ex-ministre de la Sécurité intérieure Omer Barlev, qui est passé de la deuxième place sur la liste du parti à la neuvième lors des dernières primaires travaillistes, a semblé confirmer qu’il se dirigeait vers une candidature à la direction du parti Avoda, après de nombreuses spéculations à ce sujet.
Barlev a eu un mandat difficile en tant que ministre responsable de la police israélienne, qui a fait l’objet d’un certain nombre de scandales sous sa direction, depuis les allégations concernant l’utilisation de technologies de piratage téléphonique jusqu’aux allégations selon lesquelles les policiers n’avaient pas réagi rapidement à un attentat terroriste.
« J’y réfléchis. Se présenter à la tête du parti Avoda est la principale option », a-t-il déclaré à la radio de l’armée la semaine dernière.
L’équipe du Times of Israel et Carrie-Keller Lynn ont contribué à cet article.