Des opposants s’attachent à un poteau devant le domicile d’un ministre du Likud
La manifestation devant la maison de Nir Barkat à Jérusalem a eu lieu avant les votes en plénière sur les prochains projets de loi de la refonte judiciaire du gouvernement

Des militants opposés aux efforts du gouvernement pour remanier radicalement le système judiciaire ont manifesté mercredi matin devant le domicile du ministre de l’Économie, Nir Barkat, avant les votes de ce mercredi sur plusieurs éléments controversés du programme de la coalition.
Quatre des manifestants se sont attachés à un poteau devant la maison de Barkat à Jérusalem, bloquant partiellement le trottoir entre la rue et l’allée, tandis que plusieurs autres protestaient avec des drapeaux et des pancartes.
Les quatre personnes ont été brièvement arrêtées par la police avant d’être relâchées, selon le quotidien Haaretz. Il n’y a pas encore eu de confirmation de la part de la police.
Les manifestants ont déclaré plus tard que leur objectif était de dire à Barkat « que l’histoire jugera ceux qui se taisent, se conforment et votent en faveur d’un coup d’État qui a détruit la démocratie, déchiré la nation et fait s’effondrer l’économie ».
Barkat est l’un des principaux membres du parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le Likud, visés par les manifestants, qui cherchent à faire pression sur les partisans de la refonte judiciaire.
La semaine dernière, Barkat, ancien maire de Jérusalem et investisseur en capital-risque, a rencontré des chefs d’entreprise inquiets des retombées économiques de la réforme.

La manifestation devant le domicile de Barkat a eu lieu après que des activistes ont organisé des protestations similaires lundi avant le premier vote en plénière sur les changements profonds apportés au système judiciaire, s’attirant des condamnations pour avoir bloqué la députée Tally Gotliv (Likud) dans son appartement, l’empêchant d’emmener sa fille – qui a des besoins spéciaux – à son service de soins.
La manifestation de mercredi a eu lieu avant que la Knesset ne procède à un premier vote sur trois projets de loi controversés, dont la clause dite « dérogatoire », au cœur des projets de la coalition visant à affaiblir le système judiciaire, qui permettrait à 61 des 120 membres de la Knesset de légiférer à nouveau sur des lois annulées par la Cour suprême.
Le second projet de loi vise à empêcher la Haute Cour de justice d’empêcher le retour du chef du parti Shas, Aryeh Deri, en tant que ministre en modifiant la Loi fondamentale existante : Gouvernement afin d’insérer une clause plaçant les nominations ministérielles hors du champ de compétence du système judiciaire.
Deri, qui a été nommé ministre de la Santé et de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement, s’est vu interdire l’exercice de ses fonctions dans un arrêt retentissant de la Haute Cour le mois dernier. Les juges ont estimé que le fait de donner au chef du Shas un poste de ministre était « déraisonnable à l’extrême », en raison de sa condamnation en 2022 pour deux chefs d’accusation de fraude fiscale, et de sa condamnation en 1999 pour corruption. Le tribunal a également déterminé que, puisque Deri avait donné au tribunal de première instance de Jérusalem, qui l’a condamné pour les accusations de fraude fiscale, l’impression mensongère qu’il allait se retirer définitivement de la vie publique afin d’obtenir une négociation de peine dans cette affaire, sa nomination en tant que ministre ne pouvait être acceptée en raison du principe judiciaire d’estoppel.
Le projet de loi final prévoit que le département des enquêtes internes de la police passe du Bureau du procureur d’État à l’autorité directe du ministre de la Justice. La proposition vise à réduire l’implication du Bureau du procureur de l’État dans les enquêtes sur l’application de la loi, alors que les députés de la coalition l’accusent d’enquêtes à motivation politique.

La coalition de Netanyahu a donné la priorité à la réforme du système judiciaire et a arrêté la plupart des autres projets de loi pour se concentrer sur l’adoption des différents textes législatifs qui la composent, principalement la réforme de la commission de sélection des juges pour garantir un contrôle absolu à la coalition au pouvoir et permettre à la Knesset d’annuler les décisions de la Haute Cour avec une majorité simple de 61 députés.
Les critiques affirment qu’avec d’autres projets de loi, ces réformes radicales compromettraient le caractère démocratique d’Israël en bouleversant son système d’équilibre des pouvoirs, en accordant presque tous les pouvoirs à l’exécutif et en laissant les droits individuels et les minorités sans défense.
Le plan a suscité de vives critiques et des avertissements de la part d’éminents experts financiers et juridiques, ainsi que des manifestations hebdomadaires et des pétitions publiques de la part de divers fonctionnaires, professionnels et entreprises privées.
Netanyahu – qui, selon les critiques, bénéficierait directement de la réforme en raison de son procès pour corruption en cours – s’est défendu contre les critiques, affirmant que les propositions renforceraient la démocratie au lieu de l’affaiblir, et que son gouvernement appliquait la volonté du peuple.